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Marché de l’impression 3D industrielle 2022 : AMPOWER publie son dernier rapport

AMPower publie son dernier rapport sur le marché de l'impression 3D industrielle 2022

Ne dérogeant pas à sa réputation, AMPower, un cabinet de conseil en stratégie basé à Hambourg en Allemagne, a publié un rapport particulièrement exhaustif sur le marché de l’impression 3D industrielle 2022. À nouveau, la société nous fournit de précieuses informations sur l’évolution de cette technologie dont chacun reconnait l’énorme potentiel. En effet, en dépit d’une croissance rapide, rappelons qu’à ce jour l’impression 3D industrielle ne représente même pas 0,1 % de l’économie manufacturière mondiale qui atteint elle, le chiffre colossal de 12 800 milliards de dollars.

L’étude de AMPOwer est d’autant plus intéressante qu’elle porte sur une période post-pandémique. Si on pouvait espérer une plus forte croissance, ses experts estiment que ce marché dont les revenus incluent le hardware, les matériaux et les services, a tout de même grimpé de 14,4 % en 2022, pour atteindre donc les 9,5 milliards d’euros de recettes. La raison de ce ralentissement est que si les investissements dans de nouveaux équipements ont augmenté, de nombreuses entreprises ont préféré opter pour l’optimisation de leur capacité existante plutôt que d’investir dans de nouvelles machines. Selon les experts du cabinet, ce chiffre d’affaires devrait tout de même croître à un taux de 17,7 % jusqu’en 2027 pour arriver à 21 milliards d’euros.

AMPower estime que le segment le plus important du marché de l’impression 3D industrielle est la fabrication de pièces. Malgré une croissance de seulement 11 % en 2022, celui-ci enregistre tout de même près de 4 milliards d’euros de revenus. L’étude ajoute que les prévisions des fournisseurs restent pratiquement inchangées par rapport à l’année précédente, avec un taux de croissance moyen composé d’environ 18 % pour les cinq prochaines années. Les utilisateurs, en revanche, auraient légèrement revu à la baisse leurs prévisions et envisageraient avec plus de prudence leurs prochains investissements dans le domaine de la fabrication additive.

29 603 imprimantes 3D polymères en 2022

Lot de pièces métalliques imprimés à partir de la technologie PBF de Trumpf

Lot de pièces métalliques imprimées à partir de la technologie PBF de Trumpf (crédits photo : Trumpf)

Comme attendu, le segment métal se montre particulièrement solide et dynamique. AMPOWER estime que le marché de l’AM métallique a augmenté de plus de 20 % ; alors que le marché des polymères ne représente que la moitié de cette croissance.

Plus concrètement, au total ce sont 2 250 unités qui ont expédiées en 2022. Sans surprise, ce sont les machines à fusion laser sur lit de poudre métallique (PBF-LB) qui représentent l’essentiel des livraisons. Arrivées beaucoup plus tardivement, les machines à jet de liant métallique telles que celles de HP, Desktop Metal et Markforged,  ne représentent que 200 unités.

Le plus étonnant en revanche, concerne cette nouvelle génération d’imprimantes 3D métal FFF (Desktop Metal, Zortrax, Ultimaker…) dont la particularité est de s’affranchir des contraintes de la poudre en utilisant des filaments chargés en métal. Selon le rapport du cabinet, ce segment connait des difficultés d’adoption. La raison invoquée est que les entreprises auraient du mal à trouver des cas d’utilisation. AMPower estime que les seuls cas d’utilisation sont les outils en métal (H13 ou acier à outils) lorsque ces dernières en ont besoin très rapidement. L’autre explication résiderait dans l’apparition de systèmes laser à lit de poudre plus abordables.

Côté polymère, bien sûr les chiffres n’ont plus rien avoir. L’année dernière, ce sont 29 603 unités qui ont été expédiées durant cette période, c’est à dire 13 fois plus que d’imprimantes métal. La surprise cette fois-ci, est qu’il s’agit principalement d’imprimantes 3D résine et non d’imprimantes FFF (filament). Un rattrapage qui s’explique probablement par la baisse de prix des équipements à stéréolithographie, mais aussi et surtout leur adoption grandissante par les professionnels du dentaire.

Sur ce segment, l’autre donnée intéressante est que les granulés gagnent également en popularité. Quand bien même ils ne représentent encore que 2 % du marché des imprimantes, de nombreux utilisateurs avec qui AMPower a échangé, envisagent des applications FDM industrielles. Pour cette raison, l’impression 3D à base de pellets croît à un rythme plus rapide que le filament. Au point qu’il atteindra 5 % au cours des cinq prochaines années.

« Les fournisseurs occidentaux font état d’un environnement de marché de plus en plus difficile en Chine… »

Illustration d'un système d'impression 3D à granulés, celui du français Pollen AM

Illustration d’un système d’impression 3D à granulés, celui du fabricant français Pollen AM (crédits photo : Pollen Am)

Les pellets présentent en effet de nombreux avantages, parmi lesquels celui d’être moins chers que les filaments et d’être disponibles dans une grande variété de plastiques. De plus, comme les granulés sont largement utilisés dans les procédés de fabrication classiques tels que le moulage par injection plastique, les fabricants qui en utilisent déjà et les ont qualifiés pour leurs propres applications, peuvent utiliser exactement les mêmes matériaux avec leurs imprimantes 3D. L’autre atout est que pour les pièces grand format, à l’inverse du filament qui doit être changé au bout d’un certain temps, les granulés permet d’alimenter l’imprimante sans interruption. Enfin, en termes de vitesse, le fait de fonctionner avec des systèmes de vis sans fin, permet des vitesses de dépôts plus élevées.

Du côté des fabricants d’imprimantes, les experts de AMPOWER constatent en revanche une évolution vers le développement de machines pour les filaments techniques à hautes températures. L’idée étant de se démarquer des solutions d’entrées de gammes en ce concentrant sur des applications plus spécifiques et exigeantes.

Toujours selon l’étude, le marché américain reste le marché numéro un en termes de revenus générés. Avec 33 %, celui-ci reste le segment régional le plus important pour les ventes de machines au niveau mondial, suivi par la Chine avec environ la moitié de cette part de marché relative.

Concernant l’empire du milieu, Maximilian Munsch, co-auteur de l’étude et associé d’AMPOWER, relève d’ailleurs une concurrence de plus en plus rude : « Les fournisseurs occidentaux font état d’un environnement de marché de plus en plus difficile en Chine, ce qui rend presque impossible la création d’une empreinte substantielle après des ventes très fructueuses au cours des 10 dernières années. Les vendeurs de machines chinoises, quant à eux, ont fait état d’une croissance massive, en particulier en Chine continentale. En outre, les activités d’exportation des vendeurs chinois augmentent dans tous les segments, en particulier sur les marchés européens. »

Basé sur plus de 300 entretiens personnels menés par la société de conseil basée à Hambourg, le rapport AMPOWER 2023 couvre 400 pages d’analyse. En plus de l’analyse du marché, le rapport contient des articles d’auteurs invités qui discutent de l’évolution du marché de l’impression 3D dans les différentes régions.

Alexandre Moussion