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Nouveau rebondissement : 3D Systems tente un rachat de Stratasys

Nouveau rebondissement : 3D Systems tente un rachat de Stratasys

L’annonce choc de la fusion entre le leader de l’impression 3D Stratasys et Desktop Metal, vient d’être éclipsée par une nouvelle surprise de taille. Dans un communiqué de presse, le fabricant américano-israélien d’imprimantes 3D a annoncé que son concurrent 3D Systems, l’autre géant de l’impression 3D, lui avait transmis une offre publique d’achat non sollicitée et non obligatoire.

Une proposition qui intervient alors qu’un autre acteur est déjà sur les rangs. Depuis avril, le spécialiste israélien de l’impression 3D électronique Nano Dimension, a multiplié ses tentatives d’acquisition de Stratasys. Actionnaire de la société à 14,5 %, sa première offre faite début avril 2023, visait à racheter le reste des actions de Stratasys pour 20,05 $ chacune, portant la valeur totale de la transaction à 1,35 milliard de dollars. La dernière tentative de Nano Dimension visait simplement à détenir un peu plus de 50 % des actions pour prendre le contrôle de la société, avec un prix par action étonnamment inférieure de 1,1 milliard de dollars, soit 18 dollars par action.

Bien que l’offre de Nano Dimension semble supérieure à celle de 3D Systems, à la fois par action et en termes de valeur totale de la transaction, si le cours de l’action de 3D Systems grimpe à 10 $, on changerait de dynamique. Même si la valeur par action resterait légèrement inférieure, la valeur totale de leur offre dépasserait celle de Nano Dimension.

Dans un e-mail, le PDG de Stratasys, Yoav Zeif, a déclaré : « J’apprécie qu’il s’agisse d’un autre développement en plus de l’offre publique d’achat spéciale non sollicitée avec Nano Dimension et de notre combinaison en cours avec Desktop Metal, qui peut créer de la confusion. Cependant, en tant qu’entreprise publique, nous agissons avec transparence dans nos communications avec nos parties prenantes, en particulier avec vous, nos employés.

Nonobstant tous ces développements, nous devons rester concentrés sur notre parcours North Star, poursuivre notre activité pour soutenir nos objectifs de croissance, tout en créant de la valeur pour tous : employés, clients, partenaires et actionnaires. Nos opérations quotidiennes ne sont pas affectées. Aujourd’hui plus que jamais, je compte sur vous pour poursuivre votre bon travail et continuer à fournir à nos clients les meilleures solutions d’impression 3D qu’ils attendent de nous. »

Parc machine constitué d'imprimantes 3D métal et polymère de 3D Systems

Parc machine constitué d’imprimantes 3D métal et polymère de 3D Systems (crédits photo : 3D Systems)

Ceci étant, la perspective de voir s’unir Stratasys et 3D Systems, les deux leaders actuels de l’industrie de la fabrication additive, a de quoi faire rêver. Leur fusion permettrait des synergies très intéressantes entre leurs portefeuilles technologiques respectifs. Rappelons que 3D Systems possède la plus vaste gamme de technologies additives au sein de son portefeuille. On y trouve de nombreux procédés d’impression 3D, dont le dépôt de matière fondue inventée (FDM) par Stratasys, le jet d’encre (introduit par Stratasys via le rachat d’Objet), ainsi que la stéréolithographie désormais proposée par Stratasys depuis l’acquisition de RPS.

3D Systems développe également sa propre technologie polymère basée sur le LCD, qui présente des similitudes avec celle proposée par Stratasys suite à son acquisition d’Origin. Côté SLS, 3D Systems dispose de sa propre technologie de frittage laser sur lit de poudre polymère qui pourrait compléter à merveille la fusion par absorption sélective (SAF) de Stratasys.

Enfin rappelons, que les deux géants américains portent aussi de sérieuse ambitions concernant la bioimpression. Stratasys avec sa technologie baptisée « P3 », un procédé de type DLP (photopolymérisation) issu du rachat de la start-up Origin, pour l’impression d’implants mammaires, et 3D Systems qui a dernièrement faire valoir de sérieuses avancées concernant l’impression 3D de poumons humains. Ce qui fait défaut à Stratasys en revanche, c’est une technologie de fabrication additive pour le métal. Les annonces faites en ce sens par la société il y a quelques années, n’ont jamais abouties. 3D Systems pourrait donc venir combler cette lacune en lui apportant sa technologie DMP (Direct Metal Printing) de fusion laser sur lit de poudre métallique.

En attendant de connaître l’issue de cette opération, il est fort probable que nous ne soyons pas au bout de nos surprises et que d’autres acteurs majeurs liés ou non à ce marché s’activent en coulisse pour tenter leur chance. Le récent rachat de SLM Solutions par Nikkon pour 662 millions de dollars, témoigne de l’intérêt grandissant pour ce nouvel edorado qu’est devenue la fabrication additive. « Nous nous concentrons sur la fabrication numérique comme moteur de croissance et créerons de la valeur grâce au marché prometteur de la fabrication additive métallique pour nos parties prenantes… Avec les progrès de la technologie, de grands changements devraient avoir lieu dans la société d’ici 2030. » Déclarait le CEO de NIkon, Toshikazu Umatate en 2022. « Nikon identifiera les divers besoins de la société que cela produit et gardera une longueur d’avance, contribuant à la société dans deux domaines de proposition de valeur. »

Alexandre Moussion