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Nouveau revirement : Stratasys annule sa fusion avec Desktop Metal

Nouveau revirement dans la saga Stratasys qui annule sa fusion avec Desktop Metal

L’arrivée d’un nombre croissant d’acteurs sur le marché en plein essor de l’impression 3D, a multiplié les opérations de fusions et acquisitions ces dernières années. La raison est qu’une croissance externe offre aux entreprises l’opportunité de rester à la pointe de l’innovation, de diversifier leur portefeuille et de répondre à la demande croissante du marché de manière plus efficace.

Le plus bel exemple de cela fut cette annonce fracassante faite en mai dernier par Stratasys et Desktop Metal concernant leur décision de fusionner. Un mariage qui promettait d’être historique compte tenu de l’importance de ces deux poids lourds sur l’impression 3D sur le marché. La combinaison de leurs réseaux mondiaux et de leurs technologies respectives pouvait laisser espérer un gain de 1,1 milliard de dollars d’ici 2025.

Après moultes rebondissements, parmi lesquels les tentatives de rachat de Stratasys par l’un de ses actionnaires Nano Dimension, auxquelles avait également fini par se joindre l’autre géant américain du secteur, 3D Systems, la saga vient de prendre un tournant inattendu. La fusion tant attendue entre les deux géants n’aura finalement pas lieu.

Jeudi dernier, lors d’une Assemblée Générale Extraordinaire (AGE) des actionnaires de la société, visant à décider si ces derniers étaient d’accord avec la proposition de la direction pour fusionner avec Desktop Metal, celle-ci n’a finalement pas été adoptée. Stratasys explique que sur la base un décompte préliminaire, une grande partie des actionnaires, soit plus 78 %, ont voté contre l’accord de 1,8 milliard de dollars annoncé en mai dernier.

« Nous avons décidé d’entreprendre un examen complet et approfondi de toutes les alternatives stratégiques possibles »

logos de Stratasys et Desktop Metal

Un retournement pas si étonnant finalement, quand on sait que parmi les opposants farouches et déclarés à cette fusion, se trouve Nano Dimension. Engagée de plusieurs mois dans une tentative de prise de contrôle de Stratasys, cette société israélienne spécialisée dans l’impression 3D électronique, n’a pas hésité à peser de son poids – soit tout de même 14,5 % d’actions dans le géant américain – pour faire capoter le projet de fusion.

Les autres actionnaires ont quant à eux fait part de leurs préoccupations concernant la forte chute de capitalisation boursière de Desktop Metal, qui a diminué d’environ 80 %. D’autres auraient également jugé que son portefeuille technologique n’était pas encore suffisamment mature pour générer les revenus attendus. On imagine enfin que la perspective d’une fusion avec 3D Systems, n’a fait qu’accentuer la division entre les actionnaires.

Sonnant comme un camouflet, Stratasys a simplement déclaré vouloir explorer d’autres alternatives stratégiques : « Nous avons décidé d’entreprendre un examen complet et approfondi de toutes les alternatives stratégiques possibles. Nous débutons cet examen en tant que leader de l’univers de la fabrication additive et continuerons d’exécuter notre stratégie, alimentée par l’innovation et une croissance rentable, qui a conduit Stratasys à devancer la concurrence. Surtout, nous restons concentrés sur notre mission de fournir de la valeur aux clients et nous nous engageons à prendre les mesures appropriées pour maximiser la valeur pour tous les actionnaires de Stratasys ».

« Nous sommes reconnaissants du soutien de nos actionnaires. » a répondu de son côté le fondateur et PDG de Desktop Metal, Ric Fulop. « Alors que l’équipe de Desktop Metal croyait aux mérites de ce rapprochement et qu’elle est déçue par l’issue de l’accord de fusion, nous restons totalement confiants dans la trajectoire de notre activité, qui continue de réduire ses coûts d’exploitation tout en augmentant son chiffre d’affaires ».

Bien sûr, tout laisse à penser que les offres répétées de 3D Systems, ne sont pas non plus totalement étrangères à ce retournement de scénario. La valorisation plus élevée de Stratasys comparée à celle de 3D Systems, pourrait même qui sait, être l’occasion pour la société de tenter de mettre la main sur ce dernier. Au vu de ses déclarations, il n’est pas impossible non plus que pour renforcer sa position en vue de ce rapprochement (ou d’autres), Stratasys cherche à augmenter encore sa valorisation. Une stratégie qui impliquerait l’acquisition d’entreprises d’impression 3D plus petites, mais stratégiquement importantes.

Alexandre Moussion