Comme tous les ans à la même période, les cabinets d’études nous livrent leurs tendances sur les ventes d’imprimantes 3D sur l’année écoulée. Un bilan particulièrement attendu, puisque inévitablement marqué par la crise du Covid. Même si d’une ampleur moindre qu’en 2020. Au delà du ralentissement de certains secteurs, cette année là les fabricants d’imprimantes 3D ont été nombreux à se détourner de leur activité première, en mobilisant leurs machines pour la production d’EPI (équipements de protection individuelle), et de dispositifs médicaux pour faire face à la pandémie.
Le marché 2021 a semble t-il plutôt bien résisté ; le premier chiffre dévoilé par Context faisant état d’une augmentation de + 39 % de ventes d’imprimantes 3D industrielles à plus de 100 000 dollars au cours des trois premiers trimestres de 2021. Comparé aux niveaux d’avant Covid, ce segment recul néanmoins de 6 %. Un résultat que les experts de Context attribuent aux défauts d’approvisionnement engendrés par le redémarrage soudain de l’économie. Paradoxalement, c’est cette capacité de la fabrication additive à résoudre ces problèmes de logistique grâce à son agilité, qui a apporté un nouveau souffle à ce marché. Selon le cabinet britannique, le retour des salons et autres événements sous leur forme physique, y a également contribué.
« Certaines technologies d’impression 3D peuvent rapprocher la production en volume moyen de biens durables du point de consommation et ainsi raccourcir la chaîne d’approvisionnement, réduisant la dépendance à l’égard de la logistique qui est actuellement problématique dans le monde entier« , a noté Chris Connery, responsable de l’analyse mondiale chez CONTEXT. « Cependant, tous les composants des imprimantes 3D elles-mêmes ne peuvent pas être fabriqués de cette manière et l’industrie a été en proie à ses propres défis de chaîne d’approvisionnement au troisième trimestre 2021. »
« le jet de liant métallique, la photopolymérisation en cuve des polymères et la fusion sur lit de poudre des polymères, connaîtront un TCAC de 30 % »
Fait intéressant, la plus forte demande en imprimantes 3D industrielles au cours des trois premiers trimestres 2021 porte sur les imprimantes à polymérisation en cuve, soit + 22 % par rapport à l’année précédente sur la même période, et les modèles à jet de liant métallique avec un bond de + 104 %. Deux hausses qui coïncident pour l’une, avec le besoin accru de l’industrie dentaire pour la production de dispositifs tels que les aligneurs dentaires, et pour l’autre de la montée des imprimantes 3D métal inspirées du MIM, plus productives, comme celles proposées notamment par Desktop Metal. L’acquisition d’une de ses machines par EAC, une entreprise française spécialisée dans les ornements et pièces métalliques de luxe, illustre bien cette tendance.
En ce qui concerne les solutions professionnelles entre 2 500 et 20 000 $, leurs expéditions, bien qu’inférieures à celles enregistrées début de 2020, ont connu des niveaux de ventes supérieurs d’avant la période du COVID. Les projections suggèrent que les expéditions annuelles d’imprimantes de bureau pourraient être en baisse de 10 % par rapport à l’année précédente au quatrième trimestre, mais toujours en hausse de 33 % par rapport à 2019. Cette croissance récente du secteur, Context l’attribuerait notamment à l’arrivée de machines SLS de bureau plus abordables, comme la Fuse 1 de Formlabs.
Fidèle à ses habitudes, le segment des imprimantes 3D grand public dites « de loisirs et de bricolage », celles qui se vendent à moins de 2 500 $, reste quant à lui très dynamique. Boostées par le confinement, avec une croissance de + 18 % en 2020, les expéditions de ces machines sont en passe de connaître une croissance d’au moins +36 % en 2021. Context souligne que même si cela semble impressionnant, partis du principe que les ventes de 2020 avaient doublé comparées à celles de 2019, les vendeurs avaient des attentes encore plus élevées. Les imprimantes résine de type LCD les plus demandées, seraient d’ailleurs celles destinées aux amateurs.
« Au cours de l’année 2022, les domaines d’intérêt pour l’industrie comprendront les thermoplastiques d’extrusion de matériaux à haute température, les composites, l’équilibre entre croissance organique et consolidation, l’atténuation de la chaîne d’approvisionnement et le rôle de la fabrication numérique aux côtés de celui de la fabrication additive« , conclut Chris Connery. « Le carnet de commandes record actuel devrait faire grimper les revenus globaux des systèmes pour 2022 de 23 % par rapport à 2021. Selon les prévisions, les technologies qui sont sur le point d’atteindre la production de masse, comme le jet de liant métallique, la photopolymérisation en cuve des polymères et la fusion sur lit de poudre des polymères, connaîtront un TCAC de 30 % ou plus en termes de volumes unitaires au cours des cinq prochaines années.«