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La marine finlandaise fait appel à la fabrication additive métallique pour construire 4 nouveaux navires

futurs navires de la marine finlandaise

Illustration des quatre futures corvettes de la marine finlandaise (crédits photo : Saab)

Si l’impression 3D traverse une période de revers et d’incertitudes, plusieurs signaux positifs méritent néanmoins d’être relevés sur l’année écoulée. En 2024, le segment métal a particulièrement bien résisté, en particulier grâce aux systèmes PBF grand format multi-lasers. Selon les déclarations de plusieurs acteurs, la demande serait actuellement énorme dans les secteurs de l’aérospatial et de la défense.

Dans un contexte géopolitique tendu et d’urgence liée à la relance du réarmement, le contraste d’une plus grande stabilité de la fabrication additive sur le plan de l’innovation, promet d’accélérer les applications dans ces industries.

Illustrant cet intérêt, la marine finlandaise a officialisé cette semaine le lancement d’un programme visant à imprimer des pièces de rechange métallique et de nouveaux produits pour ses navires. Baptisé Squadron 2020, se projet réunissant le fabricant allemand EOS , AMEXCI, un service finlandais expert de la fabrication additive métallique, et Saab, une entreprise suédoise spécialisée dans l’aérospatial et la défense, vise à remplacer sept navires qui seront bientôt déclassés par quatre corvettes plus modernes.

« Je suis ravi de participer au développement de nouvelles technologies et de créer une collaboration inédite avec Saab et EOS dans les pays nordiques. Je pense que les nouvelles compétences que nous avons développées dans le cadre de ce projet seront bénéfiques pour de nombreuses entreprises et parties prenantes, et qu’elles renforceront la résilience de la chaîne d’approvisionnement finlandaise dans des situations difficiles », a déclaré Johannes Karjalainen, directeur général d’AMEXCI.

Sur les capacités offertes par les partenaires du programme, je me souviens qu’il y a un an, AMEXCI avait fait l’acquisition de deux systèmes d’impression 3D métal de Nikon SLM Solution (voir photo ci-dessous)  : la NXG 600, une machine très grand format à 12 lasers dédiée aux applications en aluminium, et une machine SLM 500 à 4 lasers dédiée aux pièces en titane.

« Nous sommes ravis de mettre nos 16 nouveaux lasers au travail dans notre usine de pointe en cours de construction et qui sera prête à l’automne 2024. » avait alors déclaré l’entreprise finlandaise. « Nous repousserons ainsi les limites de la fabrication additive métallique vers de nouveaux sommets dans la production en série dans les pays nordiques. »

« Le projet accroît les capacités des industries nationales en matière de conception et de fabrication de composants destinés à des environnements militaires exigeants »

Plateforme NXG XII 600 de Nikon SLM Solutions acquise l'année dernière par AMEXCI

Plateforme NXG XII 600 de Nikon SLM Solutions acquise l’année dernière par AMEXCI (crédits photo : AMEXCI)

Les forces armées finlandaises indiquent que ce projet répond aux besoins et aux intérêts de la défense militaire nationale et de la sécurité de l’approvisionnement. La faculté de la fabrication additive a produire à la demande, des pièces à la fois très complexes et allégées, et avec des matériaux toujours plus avancés, suscite en effet un intérêt grandissant pour ce qu’elle augure également en terme de souveraineté…

De nombreuses armées dans le monde ont compris l’intérêt de se saisir des avantages offerts par la fabrication additive. C’est le cas notamment de l’US Navy, qui en 2023, avait fait part d’une initiative visant à examiner 5 500 pièces pour envisager leur impression 3D.

La raison invoquée par la marine américaine, est qu’elle doit faire face à des problèmes de calendrier liés à la construction de nouveaux navires et à la maintenance des sous-marins et navires existants. Selon elle, six matériaux seraient responsables de 70 % des retards de livraison.

Selon les performances de l’imprimante 3D, l’US Navy estime que l’impression 3D pourrait l’aider à raccourcir le délai de production de certaines pièces métalliques jusqu’à 80 % en moyenne.

De son côté, la marine finlandaise prévoit de tirer parti de la fabrication additive pour quatre corvettes modernes pour remplacer les navires qui seront désarmés. On apprend qu’il s’agira plus exactement de corvettes multirôles, des vaisseaux de combat capable d’accomplir efficacement toutes les missions navales en mer, tout au long de l’année.

« Le projet accroît les capacités des industries nationales en matière de conception et de fabrication de composants destinés à des environnements militaires exigeants grâce à la Fabrication Additive. » a commenté Saab avant de conclure : « Au fil des années, nous avons développé un savoir-faire complet sur les matériaux AM avec une banque de données de matériaux complète, que nous allons exploiter dans ce projet. En combinant notre vaste expérience avec les exigences spécifiques de l’application, nous pouvons développer des solutions AM parfaitement adaptées. Non seulement cela fait avancer ce projet, mais cela ajoute également de la valeur à de nombreuses entreprises »

Alexandre Moussion