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Mode : le sac de La Petite Sirène créé avec une technologie d’impression 3D en suspension

sac imprimé en silicone

L’impression 3D fait plonger la mode dans des territoires jusqu’alors inexplorés. Fidèle à sa réputation avant-gardiste et ses créations virales, la marque française Coperni ne pouvait pas ignorer cette technologie plus longtemps.

Après avoir créé le buzz avec sa robe vaporisée et ses chiens robots, la griffe du couple d’Arnaud Vaillant et Sébastien Meyern continue de casser les codes en s’appropriant l’un des procédés de fabrication additive les plus innovants de ces dernières années : l’impression 3D par suspension.

Choisir Disneyland comme toile de fond pour son défilé printemps/été 2025, qui s’est tenu ce 1er octobre, n’était qu’une partie de la magie. Coperni a une nouvelle fois créé l’événement en présentant cette fois-ci un sac à main « Ariel Swipe Bag » (voir vidéo ci-dessous), fabriqué à l’aide d’une technologie novatrice d’impression 3D silicone. Inspiré de l’univers de La Petite Sirène, ce sac semblant tout droit sorti du célèbre dessin animé, est né de la technologie Rapid Liquid Print (RLP).

À l’origine de ce procédé se trouve une start-up éponyme née du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT). Basée à Boston, la jeune pousse a mis au point une technique très différente des procédés additifs habituels, qui permet de libérer l’impression 3D des contraintes de gravité pour certains matériaux plus compliqués à traiter comme le silicone.

« Le plus important pour M. Walt Disney était l’imagination et de rendre l’impossible possible grâce à la technologie, ce qui est l’essence même de Coperni »

Très similaire à la solution développée par le français Cop Chimie, celle de RLP s’appuie sur l’utilisation d’une suspension de gel jouant le rôle de moule, dans lequel est injecté un silicone. L’impression est ainsi maintenue en place durant son durcissement, ce qui élimine la nécessité de structures de support. Le processus s’effectuerait en quelques minutes, avec un post-traitement minimal.

La start-up confie utiliser un silicone platine qui est un type de silicone qui utilise un catalyseur à base de platine pour provoquer une réaction de réticulation, permettant au matériau de durcir en formant un réseau tridimensionnel. Ce matériau est prisé pour ses excellentes propriétés de résistance, sa durabilité et sa biocompatibilité, ce qui le rend idéal pour des applications médicales, alimentaires et industrielles. Sur ce point RLP tient a mettre en avant les atouts de sa technologie en matière de durabilité. Son gel peut être réutilisé pour plusieurs impressions 3D. Quant au silicone, les pièces imprimées avec peuvent être entièrement recyclées une fois leur cycle de vie terminé.

« Contrairement à l’impression 3D traditionnelle, couche par couche, le procédé RLP dessine des objets suspendus dans un gel à base d’eau, créant des produits souples et extensibles non soumis aux entraves de la gravité. » explique Coperni . « Le procédé utilise également des matériaux non toxiques ayant un impact environnemental minimal. »

« Nous avons rencontré Disney il y a environ deux ans. Le plus excitant pour nous était d’apporter plus d’innovation dans ce monde », a commenté Arnaud Vaillant la veille du spectacle, « Le plus important pour M. Walt Disney était l’imagination et de rendre l’impossible possible grâce à la technologie, ce qui est l’essence même de Coperni ».

Si vous découvrez l’impression 3D par suspension, sachez que la France n’a rien à envier aux Etats-Unis. Elle est même l’un des seuls pays à maîtriser ce procédé additif avec l’Oncle Sam. Outre la technologie développée par Cop Chimie, il y a aussi celle de la start-up lyonnaise 3Deus Dynamics (voir mon interview). La différence réside dans l’utilisation d’un bain de poudre autoportant dans lequel l’objet est totalement immergé durant toute sa durée de fabrication.

Cette approche offre l’avantage de pouvoir prendre en charge tous les grades de matériaux injectables existants, et avec des cadences de production beaucoup plus rapides. Les applications sont nombreuses, les marchés cibles allant de l’aéronautique au médical. J’ai également souvenir d’une autre start-up française appelée Soliquid. Disparue de la circulation, cette jeune pousse fondée par deux architectes, exploitait une matrice de gel pour y imprimer du béton (voir vidéo).

Quant à RLP, bien sûr sa technologie promet des applications qui vont bien au-delà de la mode. Le géant de l’automobile BMW ne s’y est d’ailleurs pas trompé. On se souvient qu’en 2021, via sa filiale de capital risque BMW i Ventures, le constructeur allemand avait participé aux premiers tours de sa levée de fond.

Bien que le rôle de RLP n’ait pas été officiellement reconnu, il est très probable que sa technologie ait été utilisée pour son BMW M Visionary Materials Seat. Un siège de voiture récompensé cet été au Enlighten Award pour son confort et sa durabilité environnementale.

Alexandre Moussion