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La dernière supercar de McLaren équipée d’une suspension imprimée en 3D

Le système de suspension de la W1 intègre des composants imprimés en titane

Le système de suspension de la W1 intègre des composants imprimés en titane (crédit photo : McLaren)

Peu de temps après que Bugatti et Ferrari aient magnifiquement illustré les possibilités offertes par la fabrication additive en l’intégrant à leurs dernières supercars, un autre constructeur automobile tout aussi prestigieux est venu confirmer les capacités de cette technologie.

Dévoilé il y a peu, le nouveau chef-d’oeuvre sur roue signé McLaren, la W1, intègre lui aussi des suspensions fabriquées de manière additive. Le bolide hybride de 1 275 ch est équipé d’une suspension dont plusieurs des composants essentiels en titane ont été réalisés avec cette technologie pour en optimiser le poids et les performances.

La marque de Woking précise avoir recouru à la fabrication additive pour les montants avant et les triangles. Inspirés de la Formule 1, ces éléments sont essentiels à sa suspension active « McLaren Race Active Chassis Control III ». Grâce à ce système, la supercar assure une adaptabilité optimale sur route et sur circuit, permettant de diminuer la hauteur et de contrôler la raideur en mode piste.

Bien sûr, Mc Laren ne découvre pas les bienfaits de la fabrication additive. Elle y recourt depuis plus années déjà via son écurie de Formule 1. Au point qu’en 2022, McLaren Racing estimait qu’environ 9 000 pièces par an étaient imprimées par ses ingénieurs.

Si ça vous impressionne, attendez de voir… Les ambitions du constructeur britannique en matière la fabrication additive vont au-delà de ce que vous ne pouvez imaginer. Dans le même temps, McLareen a révélé qu’il utilisera la technologie de Divergent Additive Manufacturing pour produire cette fois-ci des composants de châssis pour ses supercars de nouvelle génération.

Et maintenant des châssis imprimés en 3D ?

W1 : la nouvelle supercar hybride de McLaren

W1 : la nouvelle supercar hybride de McLaren (crédit photo : McLaren)

Pour ceux à qui ce nom n’évoquerait rien, rappelons que Divergent est une entreprise américaine qui s’est faite connaître en 2015 avec sa supercar Blade, une voiture dont le châssis incluait des composants métalliques imprimés en 3D. Pour ce faire, elle a développé une solution numérique complète appelée DAPS (Divergent Adaptive Production System), laquelle permet de fabriquer des châssis métalliques allégés en utilisant des tubes en fibre de carbone reliés par des fixations imprimées en 3D.

Depuis, la solution de Divergent s’est transformée en un projet plus ambitieux encore, avec l’objectif de concevoir et fabriquer des voitures presque entièrement. L’entreprise californienne ambitionne de produire des véhicules plus abordables et économes en carburant grâce à la réduction du poids des composants, tout en offrant des performances supérieures et rationalisant les chaînes de production.

Le nombre de pièces fabriquées de manière additive par Divergent n’a cessé d’augmenter, dépassant aujourd’hui les 350 composants utilisés dans sa supercar 21 C, incluant des éléments du châssis, des boites de vitesse, des bras de suspension arrière, et des étriers de frein.

Pour imprimer de tels volumes, l’entreprise s’appuie sur un mastodonte de l’impression 3D métal : la NXG XII 600 de Nikon SLM Solutions. Armé d’un volume de construction de 600 x 600 x 600 mm, ce système grand format à fusion laser sur lit de poudre, outre ses nombreuses fonctionnalités innovantes, se distingue par la présence douze lasers de 1 KW capables de fonctionner simultanément. Aux dernières nouvelles, Divergent en possédait six.

Traduisant également une évolution dans les mentalités des constructeurs, cet été, le prestigieux Bugatti a révélé que la réduction de 45 % du poids de son nouveau châssis avait été obtenue grâce à la technologie de Divergent.

En 2016, Divergent signait une lettre d’intention avec Peugeot

Aperçu des montants avant et des triangles de suspension de la W1 fabriqués par impression 3D titane

Aperçu des montants avant et des triangles de suspension de la W1 fabriqués par impression 3D titane (crédits de toutes les photos : McLaren)

On peut dire que l’entreprise n’aurait pas pu espérer de meilleurs ambassadeurs pour mettre en avant sa technologie. À en croire ses dernières déclarations, la start-up américaine voit ces collaborations avec les marques de luxe et du sport automobile, comme un tremplin pour s’introduire sur le marché de l’automobile de masse. Pour l’heure, l’entreprise compterait sept clients majeurs dans le secteur automobile, dont d’autres noms prestigieux tels que Aston Martin et Mercedes-AMG.

Je me souviens d’ailleurs qu’en 2016, Peugeot avait signé une lettre d’intention avec Divergent en vue d’un partenariat stratégique dans l’impression 3D métallique. Carlos Tavares, président du directoire du groupe PSA, s’était dit impressionné par les opportunités nouvelles promises par la technologie développée par la start-up californienne.

« Nous avons aussi la conviction que ces avancées spectaculaires dans le domaine de l’impression 3D permettront à notre groupe de se positionner en leader du process de fabrication automobile. Nous disposons du potentiel pour optimiser notre empreinte industrielle, réduire le poids total du véhicule ainsi que la complexité de fabrication tout en nous permettant une flexibilité quasi infinie en termes de conception. Il s’agit d’une transformation radicale pour notre activité. » avait-il déclaré.

À noter que les secteurs de l’aérospatiale et de la défense s’intéressent eux aussi à la solution de Divergent. La société collaborerait avec six sous-traitants du gouvernement américain, dont General Atomic et Aeronautical Systems. L’an passé, le directeur technique de Divergent, Michael Kenworthy, avait révélé un projet portant sur la conception, l’impression 3D et l’assemblage robotisé d’un petit drone pour GA-ASI.

Héritière des McLaren F1 et McLaren P1, la nouvelle supercar hybride W1 de McLaren sera produite à partir de 2025 en 399 exemplaires. Son prix est annoncé à 2,4 millions d’euros. Tous ont déjà été vendus avant même sa présentation à Monaco.

Alexandre Moussion