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Conseils d’experts : les 7 étapes pour créer et imprimer en 3D ses propres figurines

figurine fabriquée par impression 3D résine

L’essor de l’impression 3D industrielle ne doit pas faire oublier ce dont sont aujourd’hui capables les imprimantes 3D de bureau dites grand public. Il n’est plus nécessaire de dépenser des milliers d’euros dans ce type de machines pour garantir des impressions de qualité. Leurs performances sont telles, que le monde professionnel artistique a parfois même remplacé certaines de ses techniques traditionnelles par ces imprimantes bon marché. C’est particulièrement vrai pour le domaine de la figurine qui a largement adopté l’impression 3D résine. Combinées à la liberté de conception qui caractérise cette technologie, la finesse de détail et sa précision incomparable offertes par ce procédé, permettent de créer des modèles miniatures de très grande qualité, tout en réduisant les coûts et les délais de fabrication.

La démocratisation de l’impression 3D et des logiciels de modélisation, présentent aussi une formidable aubaine pour les particuliers qui souhaitent exprimer leur créativité, acquérir des figurines à moindre coût, voire même gagner leur vie en vendant leurs créations. C’est précisément l’idée portée par deux artistes 3D, Nicolas Delille et Dominique Perrin, qui ont décidé d’unir leurs compétences pour mettre sur pied une formation unique dédiée à l’impression 3D de figurines. Séduit par le talent et la démarche de ce duo de créatifs passionnés, PRIMANTE3D a décidé de vous les faire découvrir.

« Notre ambition est de proposer aux passionnés de figurines qui souhaitent vivre de leurs impressions 3D des formations pour les aider à faire décoller leur activité »

Nicolas Delille

Nicolas Delille

Bonjour Nicolas et Dominique, pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore, pourriez-vous vous présenter et rappeler vos compétences diverses dans le domaine de la figurine ?

Nicolas : Bonjour Alexandre. Je m’appelle Nicolas Delille, co-fondateur avec Dominique de Miniatures Makers, et certaines personnes peuvent me connaître parallèlement comme formateur sur le logiciel 3D ZBrush. Je suis artiste 3D depuis 2012, en parallèle d’une carrière dans la direction artistique de 17 ans (graphisme et design web).

En 2020, je me suis spécialisé dans la sculpture 3D sur ZBrush, logiciel que j’adore et que j’utilise depuis 10 ans. Et à ce jour, j’ai eu la chance de former plus de 2000 personnes aux joies de ZBrush avec mes formations gratuites et payantes. Je suis également admin sur ZBrush France et j’anime mon propre Discord qui fédère mes élèves.

Et pour en revenir à ta question, très sincèrement, je ne connaissais pas bien le monde de l’impression 3D il y a encore quelques années : c’est en lançant mes formations que j’ai eu un afflux d’élèves qui voulaient apprendre à modéliser une figurine One Piece, Naruto ou Dragon Ball Z !

Du coup en accéléré, je me suis équipé d’une imprimante PLA, puis d’une imprimante résine, et là coup de coeur ! Tenir ses idées dans ses mains m’a plu immédiatement. J’ai donc opéré un changement en intégrant pleinement les thématiques liées à l’impression 3D résine et à la figurine dans mes formations et sur ma chaîne Youtube.

« J’ai commencé par les grandes licences style Warhammer, puis par des éditions indépendantes… »

Dominique Perrin

Dominique Perrin

Dominique : Hello Alexandre, moi c’est Dominique (Dom). À la base je suis passionné de modélisme, plus particulièrement de peinture de figurines et de décors miniatures depuis 2001 (22 ans d’expérience). J’ai commencé par les grandes licences style Warhammer, puis par des éditions indépendantes (Rackham, Zombicide etc..).

Vers 2020, je sentais que je commençais à avoir fait le tour, que j’étais arrivé à une certaine limite. Dans le sens acheter des figurines sous blister et sculptées de façon traditionnelle qui se ressemblent toutes ! Sans parler du moulage dans des tirages en plastique et plomb pas forcément de bonne qualité et qui demandaient beaucoup de travail avant la peinture comme l’ébavurage, le collage, le ponçage (et en payant le prix fort).

Je cherchais quelque chose de nouveau, de plus personnalisé et en même temps à moindre coût. Car acheter une figurine d’une licence officielle à 20 € ça commençait à être un budget. Surtout si on la casse ou qu’on rate la peinture : il faut en racheter une ! Et c’est à ce moment précis que j’ai découvert l’impression 3D ! Après avoir fait des longues recherches, je me suis spécialisé dans l’impression 3D résine, qui offre pour moi la meilleure qualité possible à un coût réduit.

« j’ai une très grande passion pour les jeux vidéos, la pop culture, le cinéma, les jouets en général, donc j’ai un gros avantage »

Reproduction des basket Jordan Air Force 1 réalisée par Dominique Perrin. La photo montre les pièces imprimées en résine avec l'application de la peinture

Jordan Air Force 1 imprimées par Dominique Perrin. La photo montre les baskets avant peinture. (crédits photo : Dominique Perrin)

Cela fait plus de 3 ans maintenant que j’imprime en 3D en très grande quantité et avec un taux de réussite d’impression de 100 %. J’ai eu la chance d’être repéré par Phrozen pour la qualité de mes impressions. Ils ont fait un post sur leur page officielle, ça a fait le buzz.

Aussi, j’ai la chance de travailler de chez moi en pleine campagne dans le sud de la France entouré d’animaux. Du coup, ma maison s’est rapidement transformée en une ferme d’impression 3D. J’ai donc choisi le nom de “Farmer Studio Miniatures” pour mon activité, allusion à “la ferme”.

Également, ayant un goût prononcé pour les relations humaines et le développement personnel, je me suis dit que ça serait dommage de ne pas apprendre aux autres à vivre de leur passion. Car pour moi beaucoup de personnes ne se lancent pas, soit par ignorance ou par peur alors que c’est à la portée de tous d’avoir une vie rêvée et sur mesure !

Enfin, j’ai une très grande passion pour les jeux vidéos, la pop culture, le cinéma, les jouets en général, donc j’ai un gros avantage, c’est que je peux me mettre dans la tête de nos clients et savoir ce qu’ils recherchent dans une figurine (exposition, jeu, peinture etc…).

Depuis quelque temps vous portez un intérêt tout particulier à la création de figurines pour l’impression 3D, et la possibilité d’en vivre. Comment cela a-t-il commencé ?

Print de Nicolas Dellile présentant un buste de l'empereur Hadrien

Print de Nicolas Dellile représentant un buste de l’empereur Hadrien (crédits photo : Nicolas Dellile)

Nicolas : J’aurais pu personnellement en rester à enseigner ZBrush. Mais en discutant régulièrement avec mes élèves, j’ai pris conscience qu’ils se posaient quasiment tous la même question : comment vendre ses impressions 3D pour se faire un complément de revenu voire en vivre ?

Et j’ai aussi noté qu’ils étaient pour la plupart perdus sur les étapes à mettre en place pour y arriver : par où commencer ? comment se lancer ? comment vendre mes figurines sur internet ? comment trouver des clients ? comment être visible dans le gigantisme d’internet ? (D’ailleurs nous proposons une formation gratuite pour aider les créateurs à gagner en visibilité sur Google).

Toutes ces questions me sont familières, car elles m’ont aussi hanté quand j’étais indépendant. A l’époque, je n’avais pas suffisamment de bagage technique et aucunes connaissances en marketing, et malgré la qualité de mes travaux, les difficultés financières ont mis fin à ma première expérience entrepreneuriale.

Finalement c’est en retournant en agence digitale que j’ai pu me former au contact de nombreux experts et de grandes entreprises, et me forger une connaissance pointue en marketing digital pour enfin savoir ce qu’il fallait faire pour vendre sur internet, aussi bien des produits que des services en ligne. Quand j’ai senti que j’étais prêt, je me suis relancé dans l’aventure entrepreneuriale, d’abord seul, puis l’idée d’une collaboration avec Dominique a germé.

« J’ai pu créer mon activité de zéro en suivant toutes les étapes jusqu’à la vente grâce aux précieux conseils et au professionnalisme de Nicolas »

C’était il y a 2 ans je crois, j’ai rencontré Dominique grâce à ZBrush (un signe !). J’avais fait par le passé du mentoring pour le parcours ZBrush d’une plateforme connue, et Dominique y était inscrit pour améliorer ses compétences en modélisation 3D. Nous nous sommes bien entendu, et au fil des mois l’idée nous a séduit d’allier nos compétences car ensemble, nous pouvions répondre à la totalité des problématiques sur lesquelles bloquaient les créateurs en impression 3D résine.

C’est pourquoi nous avons donc démarré l’aventure Miniatures Makers.

Notre ambition est de proposer aux passionnés de figurines qui souhaitent vivre de leurs impressions 3D des formations en modélisation 3D, en impression 3D et en e-commerce, pour les aider à faire décoller leur activité.

Dominique : Tout d’abord, c’était un pur hasard car je ne voulais pas faire ça ! J’ai commencé à apprendre à sculpter en 3D sur ZBrush pour faire mes propres créations en hobby. Et c’est là que j’ai fait la connaissance de Nicolas qui m’a formé au logiciel, dont je suis sorti avec “mention félicitations”.

Par la suite, j’ai découvert que l’impression 3D était un marché très novateur et juteux (+30% par an de croissance), alors je me suis dit : pourquoi pas combiner ma passion avec une activité qui rémunère mieux que mes précédents jobs !

C’est là que je me suis lancé dans la vente de figurines imprimées en résine d’artistes indépendants (sous licence commerciale), puis à terme vendre uniquement mes propres créations depuis mon e-commerce au chaud à la maison. J’ai dû investir dans du café XD !

J’ai pu créer mon activité de zéro en suivant toutes les étapes jusqu’à la vente grâce aux précieux conseils et au professionnalisme de Nicolas. On s’est lié d’amitié : depuis qu’il m’a formé à la sculpture, nous sommes toujours restés en contact.

 « la réalité est que le logiciel toujours leader et le plus complet reste Zbrush »

1.  Il y a t’il des logiciels mieux adaptés que d’autres à la conception de figurines imprimables en 3D ?

Modélisation réalisée avec le logiciel de sculpture ZBrush

Modélisation réalisée avec le logiciel de sculpture ZBrush (crédits photo : Nicolas Delille)

Nicolas : Je vais probablement être chauvin, mais la réalité est que le logiciel toujours leader et le plus complet reste ZBrush. Il permet aux gens qui n’ont jamais fait de 3D de se concentrer sur la sculpture et de ne pas être perdu par une interface trop dense d’avion de bord, comme souvent avec les logiciels standards.

Malheureusement son éditeur Maxon (qui a racheté la société Pixologic, éditeur historique) a brusqué un peu les fidèles en mettant fin aux mises à jour gratuites pour les possesseurs de licences perpétuelles. Il propose désormais un prix mensuel pour utiliser le logiciel (compter 30 à 40 euros selon abonnement mensuel ou annuel).

Je ne vais pas condamner cette nouvelle stratégie tarifaire pour autant car la mensualisation est devenue une norme pour les logiciels, et l’exception de la gratuité de ZBrush m’intriguait depuis longtemps. Étant à la tête de ma société, je sais qu’il faut des rentrées d’argent régulière pour développer son produit, mais c’est plutôt le fait que Maxon ait semblé imposer ses règles sans préavis qui a froissé la communauté.

J’espère que Maxon va revoir sa copie prochainement car le logiciel est toujours aussi fantastique et de nombreux ajouts avec les produits connexes de Maxon (moteur de rendu Redshift, Cinema 4D) peuvent vraiment augmenter encore son potentiel.

Dominique : Pour ma part, comme j’ai commencé avec ZBrush, je ne connais que lui et je ne changerai pas. Au début, je pensais que la modélisation 3D était très complexe et réservée à des personnes qui possédaient déjà un bagage solide en conception ou en programmation, alors que pas du tout ! C’est un logiciel simple une fois les bases acquises.

Pour moi il est complet, super bien fait et c’est toujours un plaisir de l’utiliser, car on n’a pas la sensation de travailler ! Ça me rappelle la personnalisation des personnages des jeux vidéos genre les Sims, en plus poussés et complexe bien sûr XD. Du coup le temps peut aussi passer très vite et on peut se retrouver à se coucher vers 3h du matin…

« Dans tous les cas, à terme nous souhaitons former aux deux logiciels avec Miniatures Makers »

2.  Quels sont les outils gratuits ou payants actuellement disponibles pour modéliser ce type de pièces ?

Blender, l'autre logiciel de modélisation enseigné par Miniatures Makers

Blender, l’autre logiciel de modélisation enseigné par Miniatures Makers

Nicolas : Le challenger est Blender (voir mon comparatif ICI). Comme de nombreux logiciels dits généralistes (comme 3DS, Cinema 4D…), il propose des outils de sculpture 3D assez performants, et dispose d’une palette de possibilités assez incroyables (rendus photoréalistes, animation, rigging etc…). Mais ce qui le rend très populaire c’est surtout son prix : il est gratuit.

Le seul hic, comme pour les autres logiciels traditionnels, c’est son architecture : il ne supporte qu’un poids limité de polygones pour ses modèles 3D quand ZBrush peut encaisser plusieurs dizaines de millions de polygones avec sa technologie unique.

Choisir l’un ou l’autre relève donc d’un choix budgétaire (êtes-vous à l’aise de payer chaque mois 30 à 40 euros pour du loisir ? surtout si vous n’êtes pas dans une optique de percer dans le milieu du jeu vidéo ou des effets spéciaux ?) et de critères artistiques (souhaitez-vous l’outil le plus performant ou bien un peu moins bien mais gratuit ?). Dans tous les cas, à terme nous souhaitons former aux deux logiciels avec Miniatures Makers.

D’autres logiciels de sculpture existent, gratuits et payants, même sur tablette et en VR : j’entends beaucoup de bien de Nomad.

ZBrush dispose également de trois versions :

  • ZBrush version standard (conseillée mais chère)
  • ZBrush Core (environ 11€ par mois, davantage tournée vers l’impression 3D mais amputée d’outils essentiels à mon goût pour être vraiment une solution intéressante)
  • et ZBrush Core Mini, la version gratuite de ZBrush et assez limitée, mais qui peut permettre aux grands débutants de s’essayer à la sculpture 3D. Bref il y en a pour tous les goûts.

Ces deux dernières versions de ZBrush n’ont pas été mises à jour depuis 2021, donc à l’heure où j’écris ces lignes, ce n’est pas sûr que Maxon conserve ces versions “allégées” de ZBrush.

Dominique : Alors je sais qu’il y a une version de ZBrush gratuite, “Core Mini” mais si vraiment on veut en faire son métier, il faut prendre le logiciel entier. J’ai entendu parler de Blender mais je ne sais pas ce que ça vaut…

« Les points importants à prendre en compte sont effectivement de bien travailler à l’échelle »

3.  Un certain nombre de difficultés tels que des problèmes d’échelle, de netteté et d’étanchéité, peuvent avoir lieu durant la conception. Comment réussir à exporter son fichier STL sans erreurs ?

Structures de soutien générées par le logiciel de tranchage Lychee Slicer

Structures de soutien générées par le logiciel de tranchage Lychee Slicer

Nicolas : Avec l’expérience, le modeleur 3D sait ce qu’il doit prendre en compte en amont du projet pour limiter les problèmes. Mais ce n’est pas toujours possible : parfois un modèle 3D qui était destiné uniquement à de l’illustration pourra être demandé en dernière minute en version imprimable, et cela peut entraîner pas mal de retravail.

Les points importants à prendre en compte sont effectivement de bien travailler à l’échelle, afin de pouvoir vérifier notamment les épaisseurs. Le problème d’étanchéité peut être fixé assez simplement avec des logiciels de réparation en ligne, via le logiciel de modélisation, ou via Lychee Slicer par exemple qui peut réparer à la volée l’objet.

Il faut aussi décimer son objet (réduire le nombre de polygones) en trouvant un juste compromis entre détail et poids. En général, on déconseille d’aller au-delà d’un million de polygones sur un modèle pour de l’impression 3D. Également, il faut bien inspecter l’intérieur de son objet pour vérifier la non présence d’îlots de polygones et bien nettoyer, sous peine de compromettre l’impression du modèle.

Enfin, le type d’impression choisi va également être déterminant : certains problèmes d’impression 3D résine sont uniques : par exemple, si la pièce est creuse, il faudra bien penser à ajouter des trous de drainage pour que la résine puisse s’évacuer durant la phase d’impression, sous peine de créer un phénomène d’aspiration. L’étape des trous de drainage sera plutôt vu à l’étape du slicer, mais il est toujours bon d’avoir cette étape en tête en phase de modélisation pour penser aux zones qui accueilleront les trous.

« globalement, je préconise un modèle complet et rempli de l’intérieur, et ça se ressent au poids dans la main… »

Easy Mesh Zbrush Plugin, un plugins personnalisé qui permet de réparer la sculpture

Easy Mesh Zbrush Plugin, un plugins personnalisé qui permet de réparer les sculptures

Dominique : Il y a des plugins personnalisés créés par des particuliers ou pro indépendants qui permettent de réparer la sculpture, comme “Easy Mesh Zbrush Plugin” de chez Artistic Squad, et je complète aussi avec les fonctionnalités de base du logiciel de sculpture et du slicer (on en parlera dans notre formation) et c’est amplement suffisant à mon sens. Même s’il peut rester des aberrations ou des problèmes au niveau de la sculpture ce n’est pas trop grave car ça passe à la trappe lors de l’impression mais ça dépend vraiment du truc…

Concernant l’évidage (creuser ou rendre vide l’intérieur) pour économiser la résine, je ne suis pas pour ! Je vais être contradictoire avec mon confrère, mais pour moi c’est extrêmement difficile d’avoir une impression correcte avec un modèle évidé, car il y aura des aberrations et ça augmentera le taux d’échec d’impression et la présence de ligne sur la surface. Car peu de surface ou de densité, donc moins de résistance quand la couche de résine se décolle du bac ce qui provoque des décalages et variations d’impression.

Rendre vide son modèle peut être utile si vous faites un vase ou une tasse. Mais globalement, je préconise un modèle complet et rempli de l’intérieur, et ça se ressent au poids dans la main, quand c’est léger ça peut paraître cheap…

Donc à utiliser avec modération et selon le type de modèle, il ne faut pas que ça soit une nécessité pour des questions d’économie, mais bien un choix dicté par l’esthétisme ou l’utilité du modèle en lui-même. Dans tous les cas, c’est beaucoup de boulot et de tracas.

« Je compare un slicer à une sorte de “frontière intermédiaire” ou de “traducteur” entre deux pays »

4.  Le tranchage d’un modèle 3D joue lui aussi un rôle très important dans la réussite d’une impression. En ayant au préalable rappelé à quoi correspond cette étape, donnez-nous quelques clefs pour la réussir.

Logiciel de tranchage Lychee Slicer spécialisé dans l'impression 3D résine

Logiciel de tranchage Lychee Slicer spécialisé dans l’impression 3D résine

Dominique : Tout à fait ! Je compare un slicer à une sorte de “frontière intermédiaire” ou de “traducteur” entre deux pays. Il permet de faire la connexion entre le logiciel de modélisation (la sculpture) et l’imprimante.

Les clefs pour réussir (pour moi) sont :

– déjà bien positionner son modèle : surtout ne pas le mettre à plat de façon basique. Il faut surélever son modèle du plateau
– trouver la bonne orientation (qui impactera la qualité d’impression)
– choisir les bons supports adaptés
– ne pas oublier les îlots “islands”, les surfaces ou “morceaux” qui ne sont pas connectés physiquement avec le reste du modèle et qui n’ont aucun support …Sinon ça tombe dans le bac… Et on se retrouve avec une figurine sans bras ou jambes par exemple XD

Nicolas : Bêtement, je pensais au début que je pouvais charger mes fichiers obj et stl sur mon imprimante directement ! Mais votre imprimante 3D a besoin de consignes qui sont contenues dans un code informatique (le format GCode).

Le slicer va donc permettre de charger son modèle 3D et de faire les derniers réglages dessus (changement de taille et d’échelle, inclinaison, réparation), ajouter des supports pour maintenir votre impression 3D, soutenir son poids et permettre la bonne impression de morceaux du modèle dans le vide. Et surtout, donner les instructions d’impression à votre machine.

Je conseille aux débutants de bien prendre en main leur slicer et de suivre des tutoriels en ligne car vos connaissances sur ce dernier seront étroitement liées à la qualité de votre objet imprimé.

« Ensuite pour les machines, je suis un partisan de l’impression 3D de type SLA »

5.  Concernant la phase d’impression 3D, que conseilleriez-vous à quelqu’un qui débute en termes d’équipement ? Selon vous, quel est le choix le plus judicieux en termes de procédé d’impression 3D et de machine ?

Dominique : La liste est longue (trop longue) pour tout dire ici…

Avant toute chose : la santé et la sécurité, c’est-à-dire choisir une pièce adaptée pour ça et avoir l’équipement de sécurité adéquat.

Ensuite pour les machines, je suis un partisan de l’impression 3D de type SLA, de la résine liquide qui durcit par l’exposition UV. Pour moi c’est la meilleure qualité, davantage que l’impression en bobine (PLA), car c’est super détaillé, lisse, avec presque aucun défaut, et le post-traitement est beaucoup plus simple et facile !

Après le choix se fera au niveau des marques, mais il faut surtout éviter les trucs pas chers ou contrefaits. Car c’est un investissement et il faut avoir de bonnes garanties et un bon sav en cas de pépin (oui ça arrive !). Éviter les résines low-costs, écologiques (soit-disant). Si c’est une première machine je conseille de s’orienter directement vers du 8K (pas du 6k car déjà entre le 4k et 8k la différence est légèrement perceptible).

Pour ma part j’utilise uniquement la marque de chez Phrozen : Sonic Mini 4k & 8k, Sonic Mighty 4k & 8K. Pour la résine Phrozen Aqua Grey 4k et 8K . Et pour la taille de l’imprimante ça dépend des besoins, imprimer des petites, moyennes ou grosses pièces? Et pour les machines post-traitement Anycubic Wash and Cure Plus , et Phrozen Wash and Cure Kit.

Nicolas : Ces questions sont un peu plus récentes pour moi que pour Dominique alors j’aurais un avis un peu différent. Même si j’adore l’impression résine (et je ne fais quasiment plus que ça), je ne conseille pas ce type d’imprimante comme premier achat, car son utilisation est quand même plus complexe qu’une imprimante bobine. Donc j’aurais tendance à plutôt privilégier l’achat d’une imprimante PLA comme premier achat pour se faire la main, et je m’explique.

Je trouve qu’une imprimante PLA offre déjà de bonnes performances. Et surtout, elle permet d’obtenir des objets solides et avec peu de post-traitement. C’est parfait pour redécorer sa maison et créer des objets en tout genre. Mes enfants sont fans !

« L’impression résine pour moi répond à une demande plus spécifique : c’est vraiment pour de la figurine. »

(crédits photo : Dominique Perrin)

L’impression résine pour moi répond à une demande plus spécifique : c’est vraiment pour de la figurine. Les détails sont hallucinants et on tombe de sa chaise lors de la première impression, mais pour m’équiper (on en reparlera dans la question suivante), j’ai dû attendre de déménager, de passer d’un appartement à une maison, pour avoir une vraie pièce dédiée, ventilée, où je pouvais stocker de la résine et de l’IPA (bidons d’alcool à 99% pour nettoyer les pièces).

Alors oui l’imprimante résine à 200%. Mais bien penser qu’il faut s’équiper pour le post-traitement (car la résine doit passer par des bains d’alcool et d’UV) par rapport à une impression PLA où le résultat une fois imprimé peut être pris à la main facilement du plateau et prêt à l’emploi.

Au final, je trouve qu’avoir ces deux machines est assez complémentaire, pour un prix décent. On trouve d’excellentes machines dans une fourchette de 200 à 500€, et le coût des consommables reste raisonnable. Une bobine de PLA ou un bidon de résine permettent de faire pas mal d’impressions !

Après, il faut vous demander si vous souhaitez imprimer des gros objets solides ou bien des petites figurines détaillées, et vous aurez déjà avancé sur la question.

6.  Quels sont les autres matériels et accessoires à prévoir ?

Dominique Perrin utilisant aérographe pour peindre l'un de ses miniatures

Dominique utilisant un aérographe pour peindre l’une de ses figurines (crédits photo : Dominique Perrin)

Dominique : Je préconise de la bonne résine car c’est très important de faire les tests en amont, un atelier de travail dédié, des spatules en plastique et aussi en métal, des machines de post-traitement, de l’alcool à minimum 96°, idem pour l’éthanol… des gants, un masque à cartouche, des lunettes de protection ainsi qu’une ventilation pour aérer la pièce.

« Notre but ultime sera donc de convaincre qu’être visible sur internet et apprendre à vendre (et à se vendre), justement ça s’apprend »

7.  Une fois la figurine imprimée, reste l’étape cruciale de la commercialisation. Quelle est votre approche sur cet aspect ?

Nicolas : La commercialisation est l’un des domaines qui me passionne, je m’excuse par avance car ma réponse sera un peu longue. Je laisserai ensuite la parole à Dominique qui vend et expédie ses propres créations, car son éclairage sera très pertinent.

Donc sur l’étape cruciale de la vente de figurines, on peut déjà souligner que tous les créateurs ne sont pas égaux. Certains disposent déjà d’un réseau et d’un bouche à oreille conséquents qui leur permettent de faire des ventes régulières, que ce soit via un catalogue de figurines, ou de prestations en impression 3D, quand d’autres devront trouver en ligne leurs clients et davantage “galérer” pour y arriver.

Ensuite, avec Miniatures Makers, on part du même constat que celui des créateurs qui se sont lancés : vendre en ligne c’est difficile. Notre but ultime sera donc de convaincre qu’être visible sur internet et apprendre à vendre (et à se vendre), justement ça s’apprend, et c’est même vital de s’y former si l’on souhaite développer et pérenniser son entreprise.

Car on se retrouve vite seul dans le gigantisme d’internet à parler de ses produits sans avoir d’écho, on peut vite souffrir d’une concurrence déjà forte et installée, et on ne sait pas trop comment se lancer et quoi faire pour vendre. Et c’est normal. La plupart des créateurs vont donc choisir la solution la plus simple en apparence : s’inscrire sur les grandes plateformes de vente en ligne comme Etsy, MyMiniFactory ou Patreon pour espérer toucher un très large public avec leurs créations.

Aperçu de l'équipement utilisé par Dominique Perrin pour le post-traitement de ses impressions

Aperçu de l’équipement utilisé par Dominique pour le post-traitement de ses impressions 3D (crédits photo : Dominique Perrin)

Et c’est précisément là qu’on assume d’être à contre-courant avec pas mal de monde. Car il est vrai que ces plateformes proposent des tonnes de visiteurs chaque jour et des ventes faciles sur le papier. Il suffit de se créer un compte, d’y déposer ses créations et vous vendrez.

Mais dans les faits, si on constate bien que quelques créateurs ont du succès, c’est l’arbre qui cache la forêt. Car l’immense majorité déchante et vend au mieux quelques fois par mois. Et là, comment faire pour augmenter ses ventes quand on n’a pas l’algorithme avec soi ?

Sans trop rentrer dans les détails, on aimerait prouver aux créateurs qu’une autre voie est possible. Notre idée est basée sur une théorie marketing, celle des 1000 fans de Kevin Kelly. On part du constat suivant : la plupart des créateurs risquent de baisser les bras en se disant qu’ils ne pourront jamais rivaliser en termes de prix, de savoir-faire et de marketing avec des enseignes déjà bien implantées.

Le concept de Kevin Kelly va complètement à l’opposé et m’a personnellement autorisé à lancer mon activité il y a quelques années. Celle d’estimer qu’à partir de 1000 personnes qui adorent ce que vous faites et achètent vos produits, vous pourrez vivre décemment de votre activité.

Pas besoin de convaincre 1 million de gens. Pas besoin de rentrer dans une guerre frontale avec des concurrents bien plus gros. Non, vous pouvez les ignorer. Car il vous suffit d’engranger le soutien de 1000 personnes qui apprécient ce que vous faites pour dégager des revenus suffisants.

Cette théorie, j’aurais aimé l’entendre plus tôt, car je n’ai pas toujours su comment vendre sur internet. Comme les créateurs de figurines, j’étais déjà dans la vente en ligne il y a 10 ans, plus spécifiquement sur la vente de formations. Et comme eux, elles étaient uniquement publiées sur des grosses plateformes. J’avais peu de visibilité, et j’étais toujours en guerre sur les prix.

« convaincre les créateurs de construire une communauté forte de fans qui achètent leurs produits et les soutiennent »

Dominique Perrin nettoyant un plateau d'impression avec de l'alcool IPA

Dominique nettoyant un plateau d’impression avec de l’alcool IPA (crédits photo : Dominique Perrin)

Quand je lançais une nouvelle formation, j’en vendais un peu le premier jour, moins le deuxième jour, et au bout du troisième jour c’était fini. La plateforme faisait sans cesse des promotions et il fallait obéir pour espérer vendre, en conséquence mes gains étaient très faibles.

Et pire, il suffisait que je récolte une seule mauvaise note pour faire disparaître ma formation des premières pages de résultats, et dire adieu à toute nouvelle vente. J’ai mis du temps mais j’ai réalisé que cette stratégie n’était pas pérenne : observer une petite poignée de formateurs bien en vivre et être mis en avant par la plateforme, et moi végéter au fond, totalement impuissant, sans aucune chance de remonter dans le classement sauf miracle : très peu pour moi.

Donc du jour au lendemain, j’ai pris une autre posture : celle de l’indépendance, de vendre 10 à 20 fois plus cher que mes concurrents (et surprise : je vends) en créant ma propre plateforme, et de réinvestir mes gains dans le développement de mon activité.

C’est ce positionnement fort que nous souhaitons mettre en avant dans nos enseignements : convaincre les créateurs de construire une communauté forte de fans qui achètent leurs produits et les soutiennent, car c’est ce qui fera décoller leur activité.

Et nous serons là pour leur enseigner :) Désolé si j’ai fait long. Et ton retour sur la question Dominique ?

Dominique : Tout d’abord, il est important de choisir son univers. Il faut déterminer une atmosphère que vous appréciez car cela va se ressentir sur la qualité de vos impressions et de vos créations. Ensuite il faut arrêter de se comparer aux autres, de faire toujours moins cher ou la même chose… ça ne sert à rien. Il faut choisir et assumer son choix. Et ajouter un “plus” : si c’est plus cher il faut pouvoir le justifier (par exemple offrir un socle).

Reproduction des baskets Nikes air Jordan 1

Reproduction des baskets Nikes air Jordan 1 sur une imprimante 3D résine (crédits photo : Dominique Perrin)

Également, quand vous avez bien tout ciblé, il faudra vous créer votre statut d’auto-entrepreneur pour commencer, puis faire votre site de e-commerce, le remplir et faire les photos.

Ayant travaillé dans l’immobilier, on m’a toujours dit que pour attirer les clients, il fallait :
1/ une belle photo
2/ un bon texte
3/ le bon prix

Et puis en vrac, trouver une façon différente de présenter vos figurines, trouver une assurance RCP qui couvre vos litiges, problèmes ou accidents, se former un minimum au marketing et en e-commerce (on prépare une formation sur ce dernier point d’ailleurs !). Après, c’est le talent et le bouche à oreille qui feront le reste. Cependant, je mets en garde : avoir le talent seul ne suffira pas ! Il faut travailler et bien se former, c’est la clé pour réussir.

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Alexandre Moussion