Certes plus timidement que dans d’autres secteurs, la fabrication additive poursuit néanmoins son incursion dans le domaine de la défense. La capacité de cette technologie à répondre à la demande constante de pièces d’entretien et de réparation pour des équipements lourds au plus près des théâtres d’opérations, suscite de plus en plus l’intérêt des armées qui y voient une opportunité pour gagner en agilité, et réaliser par la même occasion des économies considérables en temps et coûts de production.
L’acquisition de 50 imprimantes 3D par l’armée de Terre Française il y a trois ans, ou bien cette initiative de l’US Navy à examiner cette année 5 500 pièces pour envisager leur impression 3D, sans oublier il y a quelques jours la mise en place d’ateliers mobiles pour la fabrication additive de pièces en Ukraine par le français Vistory, illustre bien cette évolution.
Pour toutes ces raisons, mais aussi par soucis d’autonomie, l’armée française, plus exactement la Direction de la Maintenance Aéronautique de l’État (DMaé), a passé commande de plusieurs dizaines d’imprimantes 3D auprès du fabricant français Emotion Tech.
Spécialisée dans les imprimantes 3D FFF (dépôt de filament fondu) industrielles grand format, l’entreprise toulousaine a officialisé aujourd’hui la signature d’un contrat portant sur la fourniture de 38 machines pour le Maintien en Conditions Opérationnelles (MCO) des aéronefs militaires.
« il témoigne de la capacité de eMotion Tech à répondre aux normes les plus exigeantes de l’industrie et démontre le sérieux de l’entreprise dans sa production et ses activités »
D’une durée de cinq, l’accord vise à déployer ses imprimantes 3D dans divers corps d’armées, incluant la marine, l’armée de terre et l’armée de l’air. Objectif : répondre aux besoins de maintenance au plus proche du terrain. Un succès dont les protagoniste soulignent qu’il va également entraîner des effets positifs sur l’emploi, avec des prévisions de nouvelles embauches dans les départements de production et techniques de la société.
« Ce contrat revêt une importance stratégique tant pour eMotion Tech que pour la DMaé. Il témoigne de la capacité de eMotion Tech à répondre aux normes les plus exigeantes de l’industrie et démontre le sérieux de l’entreprise dans sa production et ses activités. » Commente eMotion Tech dans un communiqué. « Les imprimantes 3D de eMotion Tech, conçues et fabriquées en France, se distinguent par leurs caractéristiques techniques avancées sur le marché mondial, offrant ainsi une solution souveraine à nos forces armées. Cela a été un facteur déterminant dans la sélection de l’entreprise pour ce contrat. »
Interrogé par PRIMANTE3D sur les imprimantes concernées par cet accord, le gérant d’Emotion Tech Franck Liguori m’indique qu’il s’agit exclusivement de la Strateo IDEX420 (volume de fabrication : 420 × 320 × 400 mm) , une imprimante 3D FFF dont l’un des atouts réside dans ses deux têtes d’impression indépendantes permettant d’imprimer deux fois plus de pièces pour un même temps donné. « L’idée est d’appuyer la maintenance en condition opérationnelle donc oui on parle principalement de maintenance mais pas que. » précise t-il.
À mon autre interrogation concernant la sécurisation des données, celui-ci apporte une précision : « Le point le plus important n’a pas été la sécurisation des données, nos machines n’ont plus de wifi car nos clients aéro nous demandaient systématiquement de le retirer. Nous ne travaillons pas en cloud mais en réseau local donc ce n’est pas un problème que nous avons car nous fonctionnons en fonction des contraintes d’un public industriel contrairement aux marques grand public. On ne pourrait pas se permettre d’avoir un problème comme l’a connu Bambu Lab récemment cela aurait des conséquences dramatiques. En revanche, le gros sujet à été le respect des normes et du dimensionnel, il y avait de grandes attentes à ce niveau et nous avons beaucoup travaillé pour démontrer que nous étions à la hauteur. »
Au-delà bien sûr du très joli coup réalisé par Emotion Tech sur le plan de visibilité et de la crédibilité en associant son nom à un tel partenaire, bien évidemment, d’un point de vue financier, ce contrat est aussi excellente nouvelle pour la PME toulousaine. À minima l’accord devrait lui rapporter 450 000 €, et pourrait même s’étendre à 750 000 € si le client décide d’activer une option pour des machines supplémentaires.