La réussite d’une impression 3D ne repose pas uniquement sur les performances de son imprimante 3D et ses différents réglages. Tout comme en cuisine, dès le départ il est important d’utiliser les bons ingrédients pour obtenir le meilleur résultat possible. PrusaSlicer compte parmi ces outils incontournables dont la communauté toujours plus grande suit assidûment les évolutions. Développé par le fabricant tchèque Prusa, l’une des marques les plus populaires pour ce qui est des imprimantes 3D FDM, ce slicer, qu’on appelle aussi logiciel de tranchage, correspond à cette étape cruciale qui arrive juste après la modélisation 3D. Il permet de convertir le fichier en une série de couches imprimables. Pour vous faire découvrir ce logiciel gratuit et open-source, PRIMANTE3D a interrogé Théau Sigwald, le fondateur de La Nouvelle École. Un organisme qui s’est donné pour mission de former les gens à l’impression 3D pour leur permettre de réaliser leurs différents projets.
« Le logiciel Slicer est pour moi l’étape la plus importante en impression 3D, car vous allez paramétrer le type de matière que vous allez imprimer, la qualité ou la résistance de votre objet »
Théau Sigwald, fondateur de La Nouvelle École
Bonjour Théau. Comment devient-on le fondateur d’une entreprise comme La Nouvelle Ecole ? Parle-nous du parcours qui t’a conduit jusqu’à cette aventure.
Je suis d’un naturel curieux et comme beaucoup au départ je suis tombé sur une vidéo présentant les résultats des premières impressions 3D. Très vite j’ai compris les possibilités actuelles mais aussi futures offertes par l’impression 3D. Je me suis donc mis en tête d’apprendre à maîtriser cette technologie. J’ai très rapidement souhaité partager à mon entourage mes connaissances sur le sujet.
Je ne le savais pas encore à l’époque, mais c’était en réalité la première pierre au développement de La Nouvelle École. Petit à petit, je me suis entouré de spécialistes de l’impression 3D pour développer La Nouvelle Ecole.
Quelle est l’ambition de la Nouvelle Ecole ? À quelle problématique répond cet organisme et selon quelle approche ?
Une des problématiques majeures de l’impression 3D mais aussi l’intérêt de cette technologie est sa grande polyvalence. Elle peut être utilisée dans différents domaines : médicaux, industriels, loisirs et bien d’autres.
L’objectif de La Nouvelle École était donc de réussir à rendre les gens autonomes en impression 3D pour leur permettre de réaliser leurs différents projets, souvent très différents les uns des autres. C’était un vrai défi pour nous au départ.
Cela n’avait donc pas de sens de proposer une formation ne s’adaptant pas au niveau et à l’objectif de nos élèves. Nous avons alors décidé de proposer des formations en individuel dispensées par des experts de l’industrie permettant à chaque élève d’avoir une expérience unique. Nous essayons de nous adapter au niveau, aux horaires, au lieu de formation et évidemment au projet de chacun.
« Bien sûr il est possible de faire l’impasse sur la modélisation 3D si vous êtes débrouillard, mais pour le Slicer vous allez devoir y passer ! »
Dans votre programme de formation dédié à l’impression 3D FDM, un volet est consacré au logiciel de tranchage PrusaSlicer. Avant de rentrer dans le vif du sujet, explique- nous exactement ce qu’est un slicer et en quoi il est important de bien savoir maîtriser cet outil.
Effectivement. Un bon tiers de la formation est consacré à la maîtrise d’un logiciel Slicer notamment PrusaSlicer. Un logiciel Slicer, ou en français un logiciel de découpe, est tout simplement un outil permettant de convertir votre fichier modélisé en 3D en un fichier pouvant être compris par votre imprimante 3D, et imprimé couche après couche.
C’est pour cela que l’on parle de tranchage car le fichier va être coupé en couche d’impression. Le logiciel Slicer est pour moi l’étape la plus importante en impression 3D, car vous allez paramétrer le type de matière que vous allez imprimer, la qualité ou la résistance de votre objet. Évidemment il faudra avoir un fichier slicé pour chaque imprimante, chaque matière, chaque qualité d’impression.
C’est donc indispensable de maîtriser ce type d’outil pour imprimer vos créations. Bien sûr il est possible de faire l’impasse sur la modélisation 3D si vous êtes débrouillard, mais pour le Slicer vous allez devoir y passer !
Dis-nous en plus sur la genèse de PrusaSlicer et ce qui fait la particularité de ce logiciel de tranchage par rapport aux autres solutions.
PrusaSlicer est donc un des nombreux slicer disponibles actuellement sur le marché. C’est un outil open source développé par Prusa une célèbre marque d’imprimante 3D créée par le fameux Joseph Prusa un tchèques figure de prou de la popularisation de l’impression 3D. Le logiciel est développé à partir du projet open-source Slic3r.
Comme le logiciel est open source, il est donc gratuit et possède une très grande communauté d’utilisateurs. Il est régulièrement mis à jour et propose un grand nombre de fonctionnalités, le tout avec un design facile de prise en main.
« Le nouvel algorithme de calcul des surfaces permet aussi d’ajouter de la matière là ou elle est vraiment importante et ainsi réduire la consommation de matière… »
Comment se présente la dernière version de ce trancheur ? Présente-nous les différentes fonctionnalités phares de cet outil.
Chaque nouvelle version est de plus en plus aboutie. Un débutant ne verra pas forcément les nuances ou l’utilité. Mais si vous souhaitez vraiment maîtriser l’impression 3D vous allez pouvoir vous amuser avec cette nouvelle version de Prusa.
La version 2.6 du logiciel propose pas mal d’ajouts intéressants. Notamment les supports organic, certains changements sur les paramètres d’impression/filament/extrudeur, ainsi qu’un nouvel outil de mesure. Beaucoup d’améliorations ont été apportées au remplissage de PrusaSlicer.
La nouvelle version de PrusaSlicer remplit des zones avec un remplissage concentrique permettant d’améliorer la solidité finale de votre pièce. Le nouvel algorithme de calcul des surfaces permet aussi d’ajouter de la matière là ou elle est vraiment importante et ainsi réduire la consommation de matière mais aussi améliorer la vitesse d’impression.
De plus par le passé, si vous imprimez une pièce avec différents composants vous pouviez avoir des problèmes de purge de matière. Il était facile de purger une matière avec une température d’impression 3D plus faible que la nouvelle matière mais dans le sens inverse cela pouvait poser problème. La raison de ce problème était le changement de température immédiat de votre corps de chauffe à la température de votre nouvelle matière.
Par exemple, si vous deviez purgez de l’ABS (250° environ) pour permettre l’impression de PVA (190° environ), l’ABS restait souvent bloqué dans l’extrudeur car le corps de chauffe était refroidi directement à 190°. La nouvelle version permet désormais de faire la purge avec la température du précédent matériau pour ensuite attaquer le suivant.
En bref, cette nouvelle version vous offre de nouvelles opportunités en termes de qualité d’impression de résistance mais aussi d’efficacité.
Si tu devais mettre en avant une fonctionnalité de ce slicer particulièrement utile, quelle serait-elle ?
L’une des fonctionnalités les plus étonnantes de Prusaslicer est de pouvoir peindre des supports personnalisés directement sur son modèle
Je pense notamment au modificateur de plage de hauteur. Cet outil permet d’intervenir sur les changements de motif et de densité du remplissage ainsi que les couches, périmètres et même hauteurs de couches sur une même pièce. Sinon j’aime bien le paramètre ratio de flux pour les ponts et les supports peints.
En termes de format de fichier, quels sont ceux qui peuvent être lus par ce slicer ?
Pas de panique Prusa Slicer va pouvoir lire tous les fichiers 3D populaires. Notamment les .stl, .obj, .3mf,.amf, zip.amf, xml, step et .stp.
Aurais-tu des exemples de cas pratiques avec ce logiciel auquel on ne pense pas forcément ?
Oui il en existe des tas. Je peux par exemple vous présenter deux petites astuces simples à mettre en place mais pourtant très efficaces pour réduire le temps d’impression et la consommation de matière. La première est de combiner le remplissage des couches.
Par exemple, vous allez fusionner 3 couches de remplissage de 0.1 mm de hauteur en une seule couche de 0.3mm tandis que les périmètres seront, eux, imprimés normalement en 0.1mm. Vous économisez donc 2 passages sur les remplissages au détriment de la solidité.
La seconde est de cocher le bouton remplissage uniquement là où cela est nécessaire. Le logiciel va ainsi remplir votre objet uniquement aux endroits nécessitant une structure de maintien.
L’une des alternatives les plus connues à PrusaSlicer est Ultimaker Cura, un logiciel que La Nouvelle École enseigne également. Qu’est-ce qui les différencie ? Dans quels cas conseillerais-tu plutôt l’un que l’autre ?
Effectivement, Ultimaker cura est le grand rival. Comme son nom l’indique, il a été développé par la société Ultimaker proposant des imprimantes 3D destinées aux professionnels. Ce Slicer a lui aussi été développé sur un projet open source.
Effectivement comme la formation est en individuel, notre but est de nous adapter au projet de chacun. Certains de nos élèves arrivent avec des bases solides et ne souhaitent pas forcément changer de logiciel. Dans ce cas là, un formateur spécialisé sur Cura va accompagner l’élève.
En toute honnêteté, les deux logiciels sont très similaires. Évidemment, chacun va prêcher pour sa paroisse. Nous avons d’ailleurs au sein de notre équipe une guéguerre entre les pros Prusa et les Pro Cura. Plus sérieusement, la différence est principalement au niveau du design de l’interface. Cura présente des paramètres plus simples de prise en main pour les débutants. De plus, Ultimaker Cura possède une plus grosse communauté d’utilisateurs, il y a donc beaucoup d’aide en ligne.
Malheureusement, l’interface Cura est bien moins ergonomique, le logiciel est plus lourd, il ne propose pas la peinture des supports ni des jointures, ce qui vous rend victime de la génération automatique, et un peu aléatoire. De plus, les fichiers découpés avec ce Slicer sont souvent plus lent à l’impression et peuvent avoir des décalages entre l’aperçu et le g-code.
Evidemment, les machines Cura sont optimisées pour Ultimaker Cura et vice et versa pour PrusaSlicer pour les imprimantes Prusa.
Passionné par l’impression 3D, je dispense la bonne parole pour démocratiser et ouvrir cette technologie au plus grand nombre. Actualités, applications, interviews… J’œuvre pour démontrer aux particuliers et professionnels tout le potentiel de cet outil révolutionnaire. Entreprises, fablabs, distributeurs, associations, designers, je souhaite aussi créer à travers ce site une émulation entre les différents acteurs de ce domaine.
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