Un acteur majeur la fabrication additive vient d’amorcer un changement important dans sa stratégie financière. Quelques semaines après avoir annoncé le licenciement de 15 % de ses effectifs, le leader de l’impression 3D polymère Stratasys a obtenu l’autorisation de son conseil d’administration pour un programme de rachat d’actions pour un montant de 50 millions de dollars.
Compte tenu du vaste programme de réduction de dépenses engagé par la société visant 40 millions de dollars d’économies par an, une telle décision peut poser questions. Pourquoi Stratasys envisage de mobiliser sa trésorerie disponible pour racheter ses propres actions, alors qu’elle pourrait la conserver pour affronter d’éventuels mauvais résultats à venir, ou financer son développement ?
D’autant, et bien qu’il s’agisse d’une pratique capitalistique courante, à fortiori aux Etats-Unis, cette stratégie peut être critiquée sur le partage de la valeur. Elle priorise souvent la valorisation immédiate de l’action au détriment des investissements dans l’innovation et la croissance, suscitant ainsi des inquiétudes parmi les salariés concernant l’utilisation des fonds et la pérennité de leur emploi.
« Notre objectif est de générer des profits et des flux de trésorerie nettement plus élevés en stimulant les revenus, en alignant les coûts et en réinvestissant dans des initiatives de croissance. » A brièvement expliqué le PDG de Stratasys, Dr. Yoav Zeif,. Ajoutant que : « Le programme de rachat reflète la conviction du conseil d’administration dans la capacité de l’entreprise à générer une croissance rentable à long terme. »
En effet, l’un des effets directs du rachat d’actions, est qu’il stimule le cours en réduisant le nombre d’actions en circulation. Les bénéfices étant répartis sur moins d’actions, mécaniquement cela augmente la valeur de chaque action restante. Plus tard, si l’entreprise choisit d’émettre à nouveau des actions, elle peut les vendre à un prix plus élevé, ce qui lui permet de lever davantage de fonds et de bénéficier d’une valorisation accrue.
« Le rachat d’actions sera effectué au fil du temps, en fonction des conditions du marché et d’autres facteurs »
En y regardant de plus près, où plutôt en ayant une vision d’ensemble, il se pourrait que ce choix soit également motivé par le ralentissement du marché de l’impression 3D ces deux dernières années. Il se pourrait aussi que Stratasys anticipe à la fois une reprise tout en sécurisant sa position face à l’incertitude économique.
L’autre analyse que l’on peut en faire, est qu’en cette période d’incertitudes justement, le rachat d’actions présente aussi l’avantage d’être moins risqué que l’acquisition d’un concurrent. Une option souvent privilégiée lorsque les opportunités de croissance externe s’avèrent trop coûteuses pour l’entreprise.
Sur le plan de la communication, cette opération est aussi un double message envoyé au marché. Le rachat d’action peut à la fois être perçu comme un signal de confiance envers le potentiel de croissance à long terme de l’industrie, mais aussi comme une mesure de sécurité, permettant à l’entreprise de maximiser la valeur pour ses actionnaires tout en se préparant à capitaliser sur de futures opportunités. D’autant que, si l’on examine de plus près la situation de la société, celle-ci n’est pas dépourvue de ressources, avec encore 150 millions de dollars en actifs liquides et un montant équivalent en comptes clients.
« Le rachat d’actions sera effectué au fil du temps, en fonction des conditions du marché et d’autres facteurs, notamment la position de trésorerie, les résultats financiers et la liquidité de l’entreprise. Stratasys prévoit de financer les rachats en utilisant la trésorerie de son bilan et les flux de trésorerie courants. » précise le géant de l’impression 3D dans un communiqué.
Dernièrement Stratasys avait fait l’objet de plusieurs ajustements d’analystes suite à son rapport sur ses résultats du deuxième trimestre 2024. Loop Capital a réduit son objectif de cours pour l’entreprise de 9,00 $ à 7,00 $, maintenant une recommandation de Conservation. De même, Lake Street Capital Markets a abaissé son objectif de cours de 15,00 $ à 11,00 $, mais a confirmé une recommandation d’achat. Cantor Fitzgerald a également abaissé son objectif de cours de 23 $ à 12 $, tout en conservant une recommandation de surpondérer.