
En 2020, des soldats de l’armée australienne découvrant la technologie SPEE3D à l’Université Charles Darwin (crédits photo : SPEE3D)
Certes de manière plus discrète et moins visible que dans d’autres secteurs en raison de contraintes évidentes de sécurité, la fabrication additive s’insinue néanmoins et de manière incontestable dans les pratiques de l’industrie de la défense. L’opportunité offerte par cette technologie de pouvoir réparer rapidement et à la demande au plus près des théâtres d’opérations, tout en facilitant grandement la logistique et réduisant ses coûts, constitue un avantage très attrayant pour les armées. Les 38 imprimantes 3D récemment commandées par l’Armée française au fabricant toulousain EmotionTech, témoignent de cet intérêt croissant.
L’une des raisons est que même des pièces en apparence mineures peuvent entraîner des immobilisations coûteuses d’équipement et avoir des répercussions significatives sur le terrain. Dans des contextes d’approvisionnement difficiles, avec des fournisseurs traditionnels en incapacité de répondre dans des délais convenables, ou parfois même fermés, la fabrication additive émerge comme la solution clef pour fabriquer des pièces détachées ou de rechange à la demande, et résoudre ainsi les problèmes de disponibilité de matériel militaire.
Sur ce créneau, le fabricant australien Spee3D est probablement celui qui a pris le plus rapidement la balle au bond. Favorisée déjà par le choix de sa technologie reposant sur le dépôt d’énergie concentrée (DED), plutôt que des lasers, cette jeune entreprise a eu très tôt cette idée qui consiste à s’appuyer sur des containers pour créer des usines d’impression 3D plus agiles pour les militaires. C’est ainsi qu’il y a un an, Spee3D dévoilait sa dernière plate-forme optimisée pour un usage militaire : la « XSPEE3D ». Un système issu de sa collaboration avec l’armée australienne, et que la société présente comme « l’imprimante 3D métal conteneurisée tout-en-un la plus rapide au monde. »
« … donner aux soldats ukrainiens des ressources pour renforcer leurs capacités de maintenance et de réparation »

Solution XSPEE3D optimisée pour un usage militaire (crédits photo : SPEE3D)

Calum Stewart (directeur des programmes de défense de Spee3d) et Chris Harris (Vice-président de la défense pour SPEE3D) présentant leur imprimante 3D WarpSpee3D en Pologne à plusieurs militaires d’Europe central (crédits photo : Spee3D)
Avec déjà plusieurs commandes à son actif, parmi lesquelles l’armée britannique, et l’armée japonaise le mois dernier, SPEE3D a aujourd’hui l’opportunité de démontrer son efficacité dans l’un des conflits les plus importants de l’histoire récente. En effet, dans un communiqué du fabricant australien, on apprend que sept de ses imprimantes 3D vont prochainement être envoyées à l’Ukraine pour renforcer le soutien opérationnel de ses forces armées.
Une commande dont on apprend également qu’elle a lieu dans le cadre de l’Ukraine Security Assistance Initiative, un programme d’aide américain mis en place par le gouvernement des États-Unis pour soutenir la sécurité et la défense de l’Ukraine, et qui vise donc ici à fournir une aide de fabrication additive et une formation en équipements à l’armée ukrainienne.
Spee3D explique que le ministère américain de la Défense a investi dans sept de ses machines de fabrication additive métallique, et dispensé une formation spécifique aux soldats et aux ingénieurs pour qu’ils utilisent la technologie de fabrication de l’entreprise. Cette capacité permettra aux soldats ukrainiens de fabriquer rapidement des pièces critiques pour l’équipement militaire.
« Nous nous efforçons de donner aux soldats ukrainiens des ressources pour renforcer leurs capacités de maintenance et de réparation quand et là où cela compte le plus« , a déclaré Chris Harris, vice-président de la défense chez SPEE3D. « Nos imprimantes 3D métalliques permettront aux soldats ukrainiens de fabriquer des pièces métalliques là où ils en ont besoin et en temps réel afin que les équipements critiques puissent rester au combat. »
« Cette technologie de pointe permet de réparer les machines cassées ou endommagées en quelques heures, ce qui constitue un avantage significatif pour l’Ukraine »

Protection de moyeu de roue imprimée par l’armée australienne avec technologie d’impression 3D métal de Spee3D pour un véhicule de transport M113. Une pièce souvent endommagée par les arbres lors de la conduite à travers la brousse. La pièce de 2kg a été seulement 29 minutes (auquel il faut ajouter les post-traitement de cuisson et d’usinage) pour un coût de 100 $. (crédits photo : Spee3D)
Rappelons que contrairement aux autres procédés fabrication additive métalliques reposant souvent sur des lasers, la technologie CSAM de SPEE3D fonctionne selon une méthode par pulvérisation de poudre de métal à froid (Cold Spray). Pour cela elle utilise le dépôt supersonique pour pulvériser de l’air chauffé et comprimé à des vitesses plus de deux fois supérieures à la vitesse du son. Cette distinction clé rend ces machines particulièrement adaptées à la fabrication dans des environnements difficiles, car elles peuvent être facilement transportées vers ou à proximité de l’emplacement requis.
Cet été, Spee3d a pu à nouveau faire la démonstration de cette capacité en participant à un exercice en conditions réelles de l’US Marine Corps. L’opération visait plus exactement à imprimer des pièces métalliques à la demande dans un exercice de conflit à tir réel.
SPEE3D et le ministère de la Défense américain expliquent avoir particulièrement mis l’accent sur la formation des soldats pour entretenir, réparer et se fournir en matériel militaire. En conséquence, le personnel militaire aura désormais la capacité de fabriquer des pièces de différentes tailles qui pourraient autrement entraver la progression ou les opérations. Sur ce point, la WarpSPEE3D de SPEE3D ne manque pas d’argument, puisqu’elle est capable de traiter des pièces métalliques pouvant faire jusqu’à 40 kg, et à la vitesse prodigieuse de 1 kg par minute.
« En formant des soldats et des ingénieurs ukrainiens à l’impression 3D métal, nous leur permettons non seulement d’imprimer une pièce, mais nous leur donnons également les outils nécessaires pour résoudre des problèmes critiques. », conclut Calum Stewart, directeur des programmes de défense pour la région EMEA. « Cette technologie de pointe permet de réparer les machines cassées ou endommagées en quelques heures, ce qui constitue un avantage significatif pour l’Ukraine. Disposer d’imprimantes 3D métal WarpSPEE3D dans le pays et facilement disponibles constitue un avantage significatif lorsque les pièces de rechange ne sont pas accessibles, ce qui est souvent le cas sur le théâtre. »
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