Le fabricant australien Spee3D refait parler de lui et des ambitions de sa technologie d’impression 3D métal sur le terrain exigeant du secteur de la défense. La start-up venue de Melbourne, révèle cette fois-ci avoir participé avec succès à un exercice militaire de l’US Marine Corps Annual Integrated Training Exercise (ou ITX) en Californie. Une opération grandeur nature qui impliquait pas moins de 3700 participants issus de diverses branches militaires telles que l’infanterie, l’artillerie, l’aviation et la logistique, et dont l’objectif était de former des bataillons et des escadrons interarmes en conditions réelles de combat.
Si l’industrie de l’armement s’intéresse de si près à Spee3D au point de vouloir de mener des tests poussés en conditions réelles, c’est que cette entreprise australienne a opté pour une approche bien différente des systèmes classiques de fabrication additive métallique sur lit de poudre. Consciente des limites inhérentes à ces derniers, cette société australienne a opté pour l’utilisation de l’énergie cinétique.
Pour remplacer les méthodes plus contraignantes telles que l’utilisation de gaz ou de lasers, qui présentent des défis, aussi bien en termes de sécurité, de coûts, que de vitesse de production et de volume de fabrication, celle-ci a mis au point une technologie appelée projection à froid (Cold Spray). Une technique qui implique la fonte d’une poudre métallique en la projetant à très grande vitesse sur une surface.
Pour générer la vitesse supersonique nécessaire, Spee3D exploite un moteur de fusée qui propulse les poudres métalliques à plus d’1 km par seconde dans un environnement chauffé à 400 °C. Grâce à cette approche, l’entreprise revendique des vitesses de fabrication 100 fois plus rapides que celles offertes par la plupart des technologies d’impression 3D métallique. Baptisée WarpSPEE3D, leur imprimante 3D métal peut fabriquer des pièces de grande taille pesant jusqu’à 40 kg, et ce à une vitesse impressionnante de 1 kg par minute.
Le second atout de Spee3D réside dans l’adaptation de sa technologie aux contraintes des théâtres d’opérations militaires. En collaboration avec l’armée australienne, le fabricant a imaginé « XSPEE3D« , un système que la société revendique comme « l’imprimante 3D métal conteneurisée tout-en-un la plus rapide au monde. »
« Conteneurisée tout-en-un » signifie que l’imprimante est enfermée dans un container dans lequel se trouve tout l’équipement nécessaire à la production. Du matériel de conception, jusqu’aux machines de post-traitement, dont un four de traitement thermique et une fraiseuse CNC 3 axes. L’utilisation d’un conteneur maritime, qui peut être aisément chargé et déchargé, suggère que cette solution pourrait aussi bien être utilisée par l’armée de terre que la marine.
La raison pour laquelle cette solution pourrait être un atout très précieux lors de conflits armés, est qu’elle offre la possibilité d’imprimer directement sur place des pièces manquantes ou défectueuses, à la demande et en toute autonomie. Une réactivité et une proximité dont les procédés classiques sont incapables, qui augure de progrès considérables quant aux délais de maintenance des véhicules qui impactent directement la capacité opérationnelle des forces militaires.
« Le WarpSPEE3D de SPEE3D a été déployé pour imprimer des pièces cruciales qui ont été cassées, amenées du support au sol à la base aérienne du Corps des Marines… »
Fort déjà de ses précédents essais menés notamment dans son pays dans les conditions difficiles des Territoires du Nord australiens, Spee3D est donc allé cette fois-ci confronter sa technologie aux Marines américains. On comprend que l’opération visait plus exactement à imprimer des pièces métalliques à la demande dans un exercice de conflit à tir réel.
Le fabricant australien explique : « Le WarpSPEE3D de SPEE3D a été déployé pour imprimer des pièces cruciales qui ont été cassées, amenées du support au sol à la base aérienne du Corps des Marines à Miramar, en Californie, puis transportées vers le centre de combat aérien du Corps des Marines à feu réel Twentynine Palms, en Californie. SPEE3D a prouvé à plusieurs reprises ses capacités expéditionnaires au point de besoin pour la défense grâce à sa participation à de multiples essais militaires sur le terrain avec les armées américaine, britannique et australienne au cours des dernières années. »
Selon les protagonistes, les essais auraient donné entière satisfaction. Ce qui pourrait suggérer de futures commandes de la part l’armée américaine. D’autant que le fabricant australien n’est pas à ses premiers essais réussis avec cette dernière. On se souvient qu l’an passé, la WarpSPEE3D avait été l’une des premières imprimantes 3D métal à imprimer avec succès des pièces sur un navire de la marine américaine. Le test portait sur plusieurs types de pièces dont une petite ancre en bronze. Produit en cinq exemplaires, cette dernière avait été réalisée avec succès pendant que le navire était en pleine mer.
Démontrant le potentiel de la fabrication additive dans le secteur de l’armement, plus tôt cette année l’US Navy avait révélé une initiative visant à examiner 5 500 pièces pour envisager leur impression 3D. Des pièces métalliques sujettes à des problèmes de calendrier pour les nouvelles constructions et les disponibilités de maintenance pour les sous-marins et les navires.