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Santé : l’impression 3D pour créer des pansements intelligents

L'impression 3D pour créer des pansements intelligents permettant une cicatrisation optimale et sur-mesure

Insuffisamment exploitée, la capacité de l’impression 3D à apporter des traitements médicaux personnalisés mieux adaptés aux profils des patients, continue d’être explorée aux quatre coins du globe. Aux Etats-Unis, ce sont des chercheurs de l’Université de Waterloo qui ont mis au point une nouvelle façon d’utiliser l’impression 3D pour les pansements.

L’idée est de tirer parti de l’impression 3D de trois manières : s’appuyer sur sa liberté de conception pour créer un dispositif sur-mesure qui s’adapte mieux à la morphologie du patient, utiliser sa polyvalence matériau en imprimant avec des principes actifs de médicaments, et enfin exploiter sa personnalisation en dosant de manière très précise le traitement d’après le profil du malade.

L’équipe de chercheurs précise que leur solution vise tout particulièrement à soigner les plaies les plus graves telles que des brûlures ou de liaisons provoquées par des cancers. L’impression 3D n’aurait pas de difficulté à créer des dispositifs plus grands pour traiter de grandes zones lésées.

Concernant le processus, un scan 3D du patient est d’abord effectué. Une fois les données récupérées, l’impression est alors réalisée au moyen d’une imprimante 3D résine exploitant un procédé MSLA (Masked Stereolithography Apparatus). Une variante du SLA. Lorsqu’on se penche sur le matériau employé, les protagonistes évoquent une autre capacité intéressante : une adhérence dite « intelligente ».  Collant parfaitement à la peau du malade selon sa température, le pansement est tout aussi facile à décoller lorsque celui-ci nécessite d’être changé. « Lorsqu’il est refroidi au réfrigérateur, le pansement se dilate mais se rétrécit à une taille plus petite à la température du corps, ce qui le rend plus facile et moins douloureux à retirer. » peut-on lire dans l’étude.

Cette faculté du pansement suggère que les scientifiques ont utilisé un matériau « intelligent » capable de réagir à la chaleur. Un matériau qui se colle et se décolle en fonction de la température est généralement appelé un adhésif thermosensible réversible ou un adhésif thermoréversible. Ce type de matériau présente la particularité de changer de propriétés adhésives en réponse à des variations de température. Cela signifie qu’une 4ème dimension, celle de la temporalité, a été ajoutée au processus de fabrication. On peut donc parler d’impression 4D.

Sur la nature de cette résine spéciale, les protagonistes font mention d’un matériau apparemment créé avec une combinaison d’un polymère dérivé d’algues, d’un polymère thermosensible, de nanocristaux de cellulose cellulose et des photopolymères classiques d’impression 3D.

« Nous envisageons également des applications dans l’industrie de la beauté et des cosmétiques »

Ceci étant, le plus intéressant avec ce pansement imprimé en 3D est qu’il n’a pas uniquement un rôle de protection pour favoriser la cicatrisation. Il est capable de délivrer des médicaments de manière très précise dans l’organisme. « Le matériau a également des applications pour le traitement du cancer. Dans le cadre d’un traitement de chimiothérapie traditionnel, un patient peut avoir besoin d’être dans une clinique pendant des heures, ce qui peut être fatigant et inconfortable. » explique le Dr Boxin Zhao professeur au Département de génie chimique de Waterloo. « Ce pansement peut fournir une libération constante de médicament en dehors du cadre clinique, atténuant certains des défis associés aux méthodes traditionnelles. »

Développé par un laboratoire spécialisé dans la science des surfaces et de bio-nanomatériaux du Dr Boxin Zhao, ce pansement intelligent présente des propriétés qui pourraient intéresser des secteurs bien au-delà du secteur médical. « Nous envisageons également des applications dans l’industrie de la beauté et des cosmétiques », indique Zhao. « Les cosmétologues peuvent utiliser la technologie de numérisation 3D pour analyser les traits du visage de leurs clients et personnaliser les masques hydrogel infusés avec des produits spécifiques pour le visage et la peau. De plus, cette approche innovante peut profiter aux chirurgiens plasticiens. »

Pour l’équipe de chercheurs, la prochaine étape consistera à poursuivre l’amélioration des propriétés du matériau afin de le rendre encore plus sûr et économiquement viable pour une utilisation à des fins commerciales.

Alexandre Moussion