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Le CHU d’Amiens opère avec succès un enfant atteint d’une grave scoliose grâce à l’impression 3D

Secteur précurseur pour l’application des technologies d’impression 3D, le médical et tout particulièrement l’orthopédie est de plus en plus impactée par ce procédé. Outre la fabrication d’implants et de prothèses sur-mesure, l’impression 3D facilite la préparation d’opérations délicates grâce à l’utilisation de modèles chirurgicaux imprimés en 3D. Le CHU d’Amiens vient d’en faire l’éclatante démonstration en opérant avec succès un enfant atteint d’une grave scoliose.

« première vis ilio sacrée robotisée et première simulation au robot sur impression 3D du patient »

Cette première mondiale réalisée le 28 septembre dernier par les services de chirurgie de l’enfant et de neurochirurgie du CHU d’Amiens-Picardie, doit son succès à l’utilisation d’un robot médicalisé et de l’impression 3D. « Le succès de cette double première mondiale (première vis ilio sacrée robotisée et première simulation au robot sur impression 3D du patient) permet à l’enfant d’améliorer son confort de vie, sa vie sociale et le prévenir de complications multiples d’une scoliose grave (respiratoires, digestives, cutanées..) ainsi que des complications de décubitus. » Déclare le CHU D’Amiens.

Reproduction imprimée en 3D de la colonne vertébrale. (CHU Amiens)

Inédite dans le monde, cette technique opératoire qui a nécessité un an de préparation, visait à soigner un petit garçon de 6 ans atteint d’une amyotrophie spinale génétique. Allongé en permanence depuis six mois, ne pouvant plus respirer seul, le petit Louis était également trachéotomisé.

L’opération de trois heures a été intégralement répétée dans le centre de simulation SimUsanté®, avec un robot et un mannequin parfaitement semblable au dos du petit garçon contenant une reproduction imprimée en 3D de sa colonne vertébrale. Grâce cette réplique sur-mesure, les chirurgiens, Richard Gouron (chef de la chirurgie de l’enfant), François Deroussen (chirurgien orthopédique) et Michel Lefranc (neurochirurgien), ont pu ainsi s’entrainer et répéter des gestes très précis.

Radiographies avant et après la pose des tiges. (CHU Amiens)

Pour cette intervention très délicate consistant à poser des vis illio-sacrées de 7 mm de diamètre dans un couloir osseux de 8 mm à proximité des racines nerveuses, le robot a également joué un rôle très important. Dénommé ROSA, ce système à bras robotique permet de guider la main du chirurgien en indiquant parfaitement la trajectoire pour le placement des vis. « Le robot à permis de descendre les vis dans le sacrum sur une trajectoire particulièrement difficile à obtenir. » Explique Michel Lefranc. « A la fois on voulait obtenir une prise osseuse car ce sont elles qui vont porter tout le poids du malade et en même temps il fallait absolument éviter les structures nerveuses importantes. » L’utilisation du robot permet en outre des incisions moins grandes et moins de douleurs post-opératoires.

Actuellement en réadaptation pédiatrique, Louis peut désormais se rasseoir et mieux respirer grâce à une meilleure amplitude thoracique. Quatre autres jeunes patients sont déjà programmés pour bénéficier de ce nouveau type de chirurgie. Fort de cette réussite le CHU Amiens-Picardie se dit conforté dans le développement de la chirurgie mini invasive.

En France de nombreux hôpitaux ont déjà intégré l’impression 3D, parmi lesquels le service de chirurgie maxillo-faciale du CHU de Lyon-Sud pour la fabrication de modèles chirurgicaux. Des solutions de plus en plus réalistes apparaissent aujourd’hui sur le marché, à l’image des organes synthétiques imprimés en 3D de la start-up française Biomodex. Pour les scolioses plus modérées, des corsets personnalisés imprimés en 3D ont déjà été développés, on se souvient notamment du projet Bespoke Braces.

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Alexandre Moussion