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À Bezannes, l’impression 3D béton érige un immeuble… et le futur de la construction

système d'impression 3D béton à portique

Petite commune limitrophe de Reims, Bezannes s’affirme en terre d’innovation. Quelques jours après qu’ait été inauguré le plus haut bâtiment imprimé en 3D du monde (14,14 m) à Valenciennes, c’est un nouveau laboratoire à ciel ouvert qui a pris forme sur ce territoire, avec la construction d’un immeuble imprimé en 3D de deux étages.

Première en Europe pour un logement de cette envergure, ce bâtiment s’élèvera sur 9 mètres de haut et 30 mètres de long. Il deviendra le plus grand immeuble d’appartements imprimé en 3D du continent. Chaque étage offrira une surface brute de 300 m², pour un total de 800 m² habitables répartis sur les 12 logements.

Derrière ce projet ambitieux appelé « Villa Sprint 2« , on retrouve Plurial Novilia, un bailleur social qui, rappelons-le, s’était déjà distingué à travers la construction de 5 maisons imprimées à Reims. La différence de taille est que cette fois-ci, les murs ne sont pas livrés tout faits, mais imprimés in situ.

Le système à bras robotique d’XtreeE, a été remplacé par un imposant portique de 12 mètres de large, 11 mètres de haut, et 13 tonnes, lequel trace en ce moment même, silencieusement et avec précision, les contours du futur édifice. Piloté par PERI 3D Construction, le leader allemand de l’impression 3D béton, ce système développé par le danois Cobod, permet de superposer des cordons de 25 cm chaque seconde.

« Chaque mur est ainsi composé d’une peau extérieure de 8 cm et une double peau intérieure de 16 cm. Le vide de 20 cm entre ces deux épaisseurs est comblé par un isolant durable dans le temps. » Précise Plurial Novilia. « Des connecteurs en fibres de verre (développés par Schöck) permettent de lier les couches de béton et de rigidifier la structure. Les murs ainsi imprimés sont porteurs : une première à l’échelle d’un immeuble, et une étape cruciale pour le déploiement de la fabrication additive dans le secteur du bâtiment. »

Comparée aux techniques traditionnelles, l’impression 3D béton offre l’avantage de réduire drastiquement le nombre d’ouvriers nécessaires sur le chantier : deux seulement, contre huit à dix en temps normal.

Fini également les manipulations de charges lourdes. Munis de tablettes, ils pilotent à distance l’imprimante géante, ce qui allège nettement la pénibilité du travail. À la clé : une diminution des risques d’accidents et des troubles musculo-squelettiques. Autant d’arguments forts pour un secteur confronté à des difficultés de recrutement sans précédent, et qui cherche à rendre le métier plus attractif auprès des nouvelles générations.

« Ce béton s’inscrit dans la gamme ECOPact de bétons bas carbone d’Holcim qui permet une réduction des émissions CO₂ d’au moins 30 %, par rapport à un béton traditionnel »

vue aérienne du chantier

autre vue aérienne du chantier ViliaSprint²

Vues aériennes du chantier ViliaSprint² (crédits photo : Plurial Novilia)

Plurial Novilia met également en avant les bénéfices environnementaux et logistiques de l’impression 3D béton : moins de nuisances sonores, moins de poussière, et un chantier plus propre. L’impression 3D permet également de réduire les délais de construction d’au moins deux mois, voire trois au global. Si le surcoût reste aujourd’hui de l’ordre de 30 %, il devrait s’atténuer dans les cinq à dix prochaines années. Un gain de temps qui pourrait accélérer les livraisons… et les premières rentrées de loyers.

Côté matériau, un béton imprimable spécifique a été développé par Holcim qui a adapté son encre TectorPrint. Il s’agit d’un véritable béton – et non d’un mortier – de classe de résistance C40/50 – XF1 – XC0, renforcé par des macro-fibres synthétiques pour un comportement structurel ultime, ainsi que par des micro-fibres synthétiques offrant une résistance au feu supérieure des éléments imprimés.

« Ce béton s’inscrit dans la gamme ECOPact de bétons bas carbone d’Holcim qui permet une réduction des émissions CO₂ d’au moins 30 %, par rapport à un béton traditionnel » précise Plurial Novilia ». « Il est formulé à partir du ciment bas carbone ECOPlanet et confectionné directement sur site à partir d’un prémix intégrant du sable et des granulats sourcés localement (du Groupe Moroni) afin de réduire encore davantage son empreinte carbone. »

Au total, Plurial Novilia a investi 4,5 millions d’euros dans l’ensemble immobilier comprenant deux bâtiments. Un second immeuble témoin sera construit sur la même parcelle mais de manière traditionnelle. De cette façon, il sera possible de comparer les avantages des deux procédés constructifs.

« Plurial Novilia entend démontrer la viabilité de son mode constructif afin de le faire passer du stade expérimental actuel à un stade pleinement opérationnel et reproductible. » explique le bailleur social avant de conclure. « L’industrialisation du procédé d’impression 3D doit permettre, à terme, de construire à prix maîtrisé plus de logements, plus rapidement. Voué à servir de référence pour d’autres projets à venir, ViliaSprint² ouvre ainsi la voie à de nouvelles approches constructives sur l’ensemble du territoire national.« 

Alexandre Moussion