C’est une nouvelle démonstration très probante des capacités de construction de l’impression 3D qui se concrétise à nouveau en France. Quatre ans déjà après son officialisation et 1 an après le liaisonnage de ses premiers murs en béton imprimés en 3D, Viliaprint, ce projet qui visait à construire à Reims 5 logements sociaux réalisés en partie de manière additive, est arrivé à son épilogue. Ce jeudi, ce sont pas moins de 5 maisons individuelles comportant des murs imprimés en béton, qui ont été inaugurées au coeur de l’éco quartier de Réma’Vert.
Plus que des prototypes, ces constructions mixant impression 3D béton hors-site et éléments préfabriqués, ont été certifiées ATEx (appréciation technique d’expérimentation) par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). Formulée par un groupe d’experts, cette procédure d’évaluation rapide permet de promouvoir des procédés nouveaux ou des concepts architecturaux originaux. Une certification cruciale, puisqu’elle permet l’assurabilité du projet, mais aussi la future mise en location des logements en démontrant que les murs respectent leurs fonctionnalités : isolation, sécurité, protection aux chocs, imperméabilité, durabilité…
Le bailleur social, Plurial Novilia, nous apprend que les logements d’une superficie comprise entre 77 et 108 m2, pourront accueillir leurs premiers locataires dés juillet prochain. « Au bout de 4 années d’un travail acharné, c’est une vraie satisfaction pour nous de voir le projet Viliaprint© enfin concrétisé. » Se réjouit Alain Nicole, Directeur Général de Plurial Novilia. « Tous les objectifs que nous nous étions fixés tant en termes de technique constructive que de modèle économique sont en passe d’être atteints : l’impression 3D a fait ses preuves en phase opérationnelle et ouvre des perspectives réjouissantes pour notre secteur, en matière de performances comme de délais de réalisation .»
Tranchant avec les géométries rectangulaires habituellement mises en oeuvre dans le secteur de la construction, ces murs de 2,2 m de hauteur en moyenne, affichent des formes courbes et harmonieuses. Une esthétique que l’on doit à l’audace architecturale de l’agence Coste Architecture, née sous la buse d’un robot mis au point par XtreeE, le spécialiste français de l’impression 3D béton. D’une durée d’environ 4 à 5 heures par mur, l’impression a eu lieu dans ses locaux de Rungis, à l’aide d’un béton spécial formulé par Vicat.
« cette innovation a permis de démontrer que l’impression 3D est parfaitement compatible avec notre vision d’un habitat social de haute qualité, atypique, confortable et performant »
Outre sa liberté de forme géométrique, l’intérêt de l’impression 3D béton réside aussi rappelons-le, dans sa capacité à réduire drastiquement la consommation de matériaux. Ici les murs ont la particularité d’avoir été fabriqués avec seulement 50% de matière, l’autre moitié étant constituée d’espace d’air. Une économie bienvenue au regard de la mise en place de la RE2020, la nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs contre le changement climatique, obtenue ici grâce à l’optimisation des vêtures et des structures, en produisant davantage de creux que de pleins.
Comparé aux techniques de construction classique, le projet Viliaprint met également en exergue une pénibilité bien moindre pour les artisans opérant sur ce type de chantier, sans oublier la réduction des nuisances pour les riverains. Côté délai enfin, l’emploi de l’impression 3D représenterait un gain de temps de l’ordre de trois mois de temps de chantier, contre une durée habituelle de 14 à 15 mois. Malgré un surcoût de construction d’environ 25 %, les diverses distinctions nationales et régionales obtenues par le projet ont permis de couvrir celui-ci. Plurial Novilia se dit confiant quant au déploiement de cette nouvelle approche complémentaire de construction.
« Notre plus grande fierté dans le cadre de Viliaprint© est que cette innovation a permis de démontrer que l’impression 3D est parfaitement compatible avec notre vision d’un habitat social de haute qualité, atypique, confortable et performant. Ce procédé demande évidemment une certaine acculturation des acteurs en phase de conception comme en phase de réalisation. Il faut former des entreprises, adapter les filières et renforcer les circuits courts. Mais les performances plaident en faveur de cette technologie : si la volonté politique suit et si les bailleurs se saisissent du procédé, l’impression 3D est promise à un bel avenir. » Conclut Jérôme Florentin, Directeur de la Maîtrise d’Ouvrage chez Plurial Novilia.