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Plurial Novilia reçoit l’autorisation pour son projet d’immeuble imprimé en 3D en Champagne Ardenne

projet d'immeuble imprimé en 3D

Projet ViliaSprint2 : un immeuble de logements collectifs de 1700 m2 sur deux niveaux (crédits photo : Plurial Novilia

Objet de nombreuses spéculations et d’effets d’annonce ces dernières années, l’impression 3D appliquée à la construction assoie peu à peu la crédibilité qu’elle mérite. Dans certains pays, notamment aux Etats-Unis, cette technologie émergente a même dépassé la preuve de concept pour amorcer son industrialisation. Au Texas par exemple, le spécialiste américain de l’impression 3D béton Icon et le géant de l’immobilier Lennar, ont débuté la construction d’un quartier de 100 résidences. En France, malgré une réglementation stricte qui exige beaucoup de preuves pour autoriser celle-ci pour une utilisation en structurel, la fabrication additive lève aussi peu à peu les barrières dressées par le monde conservateur du bâtiment.

Nécessaire pour ouvrir le marché de façon maîtrisée, mais aussi la qualité et la sécurité des utilisateurs des bâtiments et des infrastructures, le laborieux travail de collaboration entrepris par les entreprises françaises de construction 3D avec les autorités, commence à porter ses fruits. D’ici la fin de l’année, en Champagne Ardenne, débutera la construction d’un nouveau bâtiment réalisé en partie de manière additive.

Deux ans après l’inauguration à Reims de 5 maisons imprimées en 3D, le bailleur social Plurial Novilia nous annonce avoir reçu l’autorisation du CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment), pour son second projet d’immeuble imprimé en 3D « ViliaSprint² ». Un feu vert concrétisé par l’obtention d’un ATEx (Appréciation Technique d’Expérimentation), un avis favorable délivré par des experts pour valider le caractère innovant et sécurisé d’une technologie relevant d’un domaine non traditionnel, avant sa mise en œuvre sur des projets réels.

Le 28 mai dernier, le comité d’ATEx, présidé par le CSTB, s’est réuni pour auditionner l’équipe projet dirigée par Plurial Novilia. Objectif : construire un immeuble collectif de trois étages et 12 logements, grâce à l’impression 3D. Une première en France.

« L’obtention de cette certification vient préciser les conditions des techniques d’exécution et permettra l’assurabilité du bâtiment »

Les premiers murs prototypes imprimés pour le projet ViliaSprint2

Les premiers prototypes de murs imprimés pour le projet ViliaSprint2 (crédits photo : Plurial Novilia)

Sur la genèse du projet, ViliaSprint2 a franchi une première étape clé en octobre 2023, avec l’impression avec succès de 4 murs prototypes. Cette phase, pilotée par PERI 3D Construction, le leader allemand de l’impression 3D béton, s’est déroulée en conditions réelles. Réalisée dans les installations de Holcim en Suisse, elle venait compléter une série d’essais précédemment menés entre avril et août. L’objectif était d’optimiser le béton bas carbone « TectorPrint », développé spécifiquement par Holcim, en validant son imprimabilité ainsi que ses performances mécaniques sous diverses contraintes (compression, flexion, impacts…).

Mesurant 3 mètres de hauteur sur 4 mètres de longueur, les prototypes de murs ont subi de nombreux tests mécaniques, de résistance aux chocs et au feu, ainsi que des tests structurels. « Des essais concluants qui ont permis de nourrir le dossier de preuves nécessaire à l’obtention de l’ATEx du CSTB. La certification de ce nouveau procédé constructif constituait la phase essentielle et incontournable de ViliaSprint2 afin de garantir l’assurabilité du projet immobilier et la mise en location des logements. » explique Novilia.

Depuis, Plurial Novilia et l’ensemble de ses partenaires ont non seulement activement œuvré à l’obtention de l’ATEx, mais également continué à effectuer de multiples tests dans une nécessaire phase préparatoire au chantier. D’autant que cette fois-ci, c’est une technologie différente qui sera employé.

Contrairement à son précédent projet Viliaprint où les murs avaient été imprimés hors-site, cette fois-ci les façades du bâtiment seront réalisées in situ. L’autre aspect qui rend cette expérimentation particulièrement intéressante, est qu’un second immeuble témoin sera construit sur la même parcelle mais de manière traditionnelle. De cette façon, il sera possible de comparer les avantages des deux procédés constructifs.

Pour ce projet, Plurial Novilia s’est associée au géant mondial de la construction, PERI. Reconnaissant les avantages de la fabrication additive pour son secteur, ce dernier n’a pas hésité à investir dans la société danoise Cobod, l’une des références mondiales en impression 3D béton. Ainsi, le projet ViliaSprint2 repose sur la technologie de Cobod, ce qui signifie que le système à bras robotique d’XtreeE sera remplacé par une imprimante 3D béton à portique. Cette fois-ci, l’impression 3D sera donc réalisée directement sur site.

« Les travaux préparatoires du chantier, phase préalable aux travaux d’impression, sont actuellement en cours. Les travaux d’impression débuteront quant à eux fin 2024 en fonction des aléas de chantier liés notamment aux conditions météorologiques, pour une durée globale de 18 mois. » précise Novilia avec de conclure. « Ce délai intègre une diminution de 2 mois sur la superstructure du bâtiment imprimé. En effet, ce mode de construction, nécessitant l’installation d’un système de portique mobile au cœur du chantier, s’avère plus rapide comparé aux méthodes traditionnelles. L’obtention de cette certification vient préciser les conditions des techniques d’exécution et permettra l’assurabilité du bâtiment.« 

Alexandre Moussion