
© Daimler Trucks
Dans un contexte de ralentissement du marché, il est frustrant de voir avec quelles difficultés la fabrication additive peine encore à exprimer certains de ses atouts, comme celui de pouvoir réduire considérablement les délais d’approvisionnement et les coûts de stockage. Des problématiques profondément ancrées dans l’industrie, qui, si elles étaient résolues, marqueraient une véritable révolution.
Néanmoins les choses comment à bouger… L’un des exemples à suivre est Daimler. Le géant de l’automobile allemand, plus exactement ses divisions Daimler Truck et Daimler Buses, respectivement dédiés aux camions et aux bus, viennent d’officialiser une collaboration avec le fabricant d’imprimantes 3D industrielles Systems dans l’optique de faciliter l’impression 3D à distance de pièces de rechange. Suite à cette annonce le cours de l’action de 3D Systems a grimpé de 10%.
Les deux partenaires ont été rejoints par Oqton, une entreprise spécialisée dans les solutions d’intelligence artificielle pour l’optimisation de la fabrication additive, et Wibu-Systems, un pionnier en matière de droits numériques et de gestion de la propriété intellectuelle.
Daimler fait figure de véritable pionnier dans le domaine de l’impression 3D de pièces de rechange. Ses premières expérimentations remontent même à 2015. Cette année-là, Mercedes-Benz Trucks a annoncé la fabrication de sa première pièce détachée en métal imprimée en 3D : un couvercle de thermostat en aluminium pour les camions Unimog, une pièce dont la production avait cessé 15 ans auparavant.
En 2022, je vous rapportais comment Daimler explorait la capacité de la fabrication additive à pouvoir produire presque n’importe quelle pièce à la demande, tout en s’affranchissant des contraintes du stockage physique. Objectif ? Aller vers une production de ses pièces détachées plus décentralisée et plus agile.
L’une des voies explorés par Daimler pour aider ses clients à gagner en autonomie, mais aussi répondre à leurs besoins urgents, comme des pièces rarement demandées ou des attentes particulières, a été de mettre en place une usine d’impression 3D mobile. Se présentant sous la forme d’un container de 36 m2, celle-ci renferme tout l’équipement nécessaire pour la production de pièces additives polymères
À l’époque, Daimler avait précisé que les mini-usines mobiles étaient une solution temporaire, en attendant le développement de centres d’impression 3D locaux encore rares. Dans cet optique, en parallèle, la société avait lancé une nouvelle option pour ses clients : la possibilité d’imprimer eux-mêmes leurs pièces détachées via une licence 3D, en donnant accès à une banque numérique de modèles certifiés pour les propriétaires d’autobus et autocars Mercedes-Benz et Setra.
Une réduction de 75 % du temps nécessaire pour obtenir les pièces détachées

©Daimler
C’est dans ce contexte que Daimler a formé ce nouveau partenariat. Cette fois-ci, l’objectif est de pouvoir offrir des capacités de service améliorées à ses partenaires certifiés de fabrication additive (AM) tout en protégeant sa « précieuse » propriété intellectuelle (PI) et sa position concurrentielle.
Grâce à cette solution, les partenaires d’impression 3D certifiés de Daimler Buses pourront fabriquer localement des pièces de rechange pour diverses applications comme des broches, des couvercles, ou des inserts.
« Ces partenaires de service peuvent ainsi accroître leur flexibilité et leur efficacité tout en réduisant jusqu’à 75 % le temps nécessaire pour obtenir les pièces détachées. » commente 3D Systems. « Les entreprises de camions commerciaux, d’autobus et d’autocars de tourisme réaliseront également d’importantes économies indirectes en minimisant les temps d’arrêt des véhicules dus à la maintenance. »
Selon le fabricant, avant d’introduire cette solution, les prestataires de services courraient souvent le risque de temps d’arrêt importants lorsque les véhicules nécessitaient quelques pièces spécifiques mais essentielles, comme par exemple des inserts ou des couvercles de boîte à fusibles.
Limité par l’infrastructure et les stocks de la chaîne d’approvisionnement locale, le fait de ne pas avoir ces pièces en stock peut entraîner des retards de plusieurs semaines, ce qui a un impact sur l’efficacité opérationnelle et la satisfaction des clients.
Avec ce système de fabrication à la demande, les prestataires de services peuvent désormais collaborer avec les bureaux de service à proximité pour produire rapidement les pièces nécessaires à la demande, réduisant ainsi considérablement les temps d’attente et améliorant la productivité globale.
3D Systems précise que les ateliers de réparation peuvent intégrer le réseau de partenaires certifiés en impression 3D de Daimler Buses, en acquérant une licence pour 3DXpert via la boutique en ligne Omniplus.
Se présentant comme un logiciel tout-en-un dédié à la fabrication additive, 3DXpert permet d’optimiser l’ensemble du processus, de la conception à l’impression des pièces. Grâce à cette licence, les clients ou partenaires de service peuvent analyser les fichiers de conception des pièces nécessaires à des réparations spécifiques et produire la juste quantité requise.
« Daimler Buses n’adopte pas seulement une nouvelle technologie ; elle remodèle fondamentalement la chaîne d’approvisionnement pour une plus grande résilience et une plus grande efficacité »

Système SLS 380 de 3D Systems et son module de post-traitement
Si pour l’heure la solution est prévue pour imprimer sur la SLS 380 de 3D Systems, un système à frittage laser pour les pièces en polymère, Daimler Buses prévoit d’étendre sa compatibilité avec n’importe quelles des imprimantes 3D polymères et métal de 3D Systems.
« En commercialisant cette solution de service numérique, Daimler Buses n’adopte pas seulement une nouvelle technologie ; elle remodèle fondamentalement la chaîne d’approvisionnement pour une plus grande résilience et une plus grande efficacité », a déclaré Jaime Garcia, responsable des solutions additives pour le transport automobile et commercial chez 3D Systems. « Notre SLS 380 est une solution de fabrication additive à haut rendement avec des niveaux de rendement, de cohérence, de performance et de rendement sans précédent. Je suis heureux qu’il s’agisse de la première technologie 3D Systems à être intégrée au flux de travail de Daimler Buses. J’ai hâte de voir comment les capacités se développeront à mesure que nous ajouterons d’autres imprimantes 3D polymères et métalliques à l’avenir. »
Roy Sterenthal, vice-président de la fabrication additive industrielle chez Oqton, conclut : « Notre logiciel 3DXpert est reconnu comme une solution tout-en-un permettant de rationaliser le flux de production de fabrication additive. En combinant cette capacité avec la solution robuste de gestion des droits numériques de Wibu-Systems, nous aidons Daimler Buses à protéger sa propriété intellectuelle tout en accélérant sa chaîne d’approvisionnement. Je suis heureux que nous puissions faire partie de cette solution innovante pour produire des composants critiques à la demande, réduire la dépendance à la logistique mondiale et, en fin de compte, remettre les véhicules en service plus rapidement que jamais. »