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3 millions $ : Un ex dirigeant de Nike soutient Hilos et ses chaussures imprimées en 3D

La start-up Hilos entame l’année 2023 pied au plancher. Basée à Portland et fondée en 2019, cette jeune pousse américaine spécialisée dans l’impression 3D de chaussures, vient de lever pas moins de 3 millions de dollars. Une jolie somme provenant de dirigeants de longue date de Nike et de sociétés de capital-risque Better Ventures, Builders VC et XRC Labs.

Si vous n’avez jamais entendu parler de cette entreprise, Hilos compte parmi ces acteurs de la mode qui ont misé sur l’impression 3D pour répondre aux problèmes de durabilité posés par les techniques traditionnelles. Bien entendu, en tirant parti aussi des bienfaits économiques et de design apportés par cette technologie.

L’idée défendue par Hilos est de s’appuyer sur l’impression 3D pour changer la façon dont les chaussures sont habituellement fabriquées en démocratisant la fabrication à la demande. Produire uniquement ce dont l’utilisateur a besoin, là où il en a besoin. Cerise sur le gâteau, l’entreprise propose des produits recyclables. Les clients peuvent renvoyer les modèles usagés contre une remise de 15% sur un prochain achat.

Le plébiscite autour d’Hilos réside dans son utilisation de l’impression 3D qui lui permet de répondre aux exigences de la fabrication à la demande. C’est à dire une production sans outillage combinée à une grande liberté de conception. S’ajoute à cela le fait que la fabrication additive dispose aujourd’hui d’une gamme de matériaux suffisamment étendue, pour répondre aux besoins de confort et de résistance d’une chaussure, tout en permettant également un recyclage complet de celles-ci.

Avec l’impression 3D, Hilos est en mesure de produire des chaussures quasi complètes en une seule et même plateforme imprimée en 3D. Cela comprend la semelle intérieure, la semelle intermédiaire et la semelle extérieure traditionnelles. Seules les parties en cuir ne sont pas imprimées. En prime, les tailles peuvent être personnalisées.

« Nous produisons maintenant à la même vitesse que si un produit était fabriqué à l’avance et se trouvait dans un centre de distribution »

Pour répondre aux enjeux environnementaux tout en proposant des chaussures de qualité 100 % recyclables, Hilos recourt au procédé de frittage sélectif par laser et de la poudre de TPU composée à 80 % de matériaux recyclés. Au-delà du bénéfice environnemental, l’agilité apportée par l’impression 3D permet à l’entreprise de commercialiser de nouvelles lignes de produits en seulement deux semaines, alors que la moyenne du secteur est de 12 à 15 mois.

« Nous avons mis au point une nouvelle méthode de fabrication de chaussures, de sorte que dès qu’un client achète ou que quelqu’un sort du magasin avec un article, nous fabriquons et réapprovisionnons ce produit dans les 72 heures« , a déclaré Elias Stahl, CEO et cofondateur de Hilos. « Nous produisons maintenant à la même vitesse que si un produit était fabriqué à l’avance et se trouvait dans un centre de distribution. »

Attestant de l’efficacité réelle de cette démarche plus verte promue par Hilos, une étude publiée l’an passée était arrivée à la conclusion principale selon laquelle l’utilisation de l’impression 3D constitue la solution la plus prometteuse pour atténuer les dommages environnementaux causés par l’industrie de la chaussure.

Comparées à des chaussures fabriquées de manière traditionnelle, celles de Hilos permettent de réduire de 48 % la quantité de C02 rejeté, et plus impressionnant encore, de 99 % la consommation en eau. Sans surprise, l’impact de l’impression 3D se révèle tout aussi considérable sur le process de fabrication, avec une diminution très importante du nombre d’étapes qui serait normalement requis si ses chaussures étaient fabriquées à partir de techniques classiques. De 65 pièces pour 360 opérations nécessaires à leur assemblage, Hilos n’en consacre plus que 12 pour seulement 5 pièces au total.

« Chaque fois que vous pouvez perturber un secteur comme celui de la chaussure, c’est vraiment difficile à faire »

Il faut savoir que la plupart des chaussures portées aujourd’hui sont cousues et collées ensemble en Asie du Sud-Est, ce qui signifie des émissions de carbone supplémentaires provenant de l’expédition par rapport à la création de produits sur les marchés nationaux. Hilos estime également qu’une chaussure sur cinq va directement à la décharge.

Selon la CEO d’Hilos, Elias Stahl, l’entreprise se prépare à passer à l’échelle supérieure en augmentant les capacités de son parc machine qui se compose déjà de plusieurs dizaines d’imprimantes 3D. Une seule de ces imprimantes peut fabriquer plus de 500 paires de chaussures par mois. Bien qu’Hilos travaille avec des marques existantes, en raison d’accords de confidentialité Stahl a refusé de les nommer.

Pour l’heure l’entreprise semble plutôt se positionner sur le haut de gamme. Son site montre des mules et des escarpins entre 265 et 375 dollars. Des prix dont on imagine qu’ils vont être amenés à évoluer à la baisse à mesure que sa productivité va augmenter.

Basée à quelques minutes en voiture du siège social de Nike, la jeune pousse pourra en tout cas s’appuyer sur l’expérience précieuse de son investisseur Greg Bui qui travaillait chez le géant à la virgule en tant que vice-président de l’approvisionnement mondial et de la fabrication de chaussures. On apprend que celui-ci a rejoint l’entreprise pour travailler sur des projets « spéciaux ».

« Chaque fois que vous pouvez perturber un secteur comme celui de la chaussure, c’est vraiment difficile à faire » , a déclaré Greg Bui, ancien dirigeant de Nike. « Personne dans le secteur ne s’efforce de servir le consommateur de manière radicalement différente. Et si vous pouvez servir le consommateur différemment, c’est une proposition convaincante.« 
Alexandre Moussion