Les opportunités offertes par l’impression 3D intéressent de plus en plus d’industries, y compris celle de la chaussure. Dans un secteur où le consommateur est en recherche des produits en mesure de pouvoir lui apporter performance, confort et différenciation, la liberté de conception inégalable que peut offrir cette technologie promet des avancées ô combien passionnantes sur ce marché dans les années à venir. Sa capacité à personnaliser et faire un produit final sur-mesure parfaitement conforme au goût et à la morphologie de son porteur, n’est pas le seul bénéfice auquel on peut s’attendre. Par sa faculté à utiliser la juste quantité de matériau nécessaire, à réduire drastiquement le nombre de composants dans une même pièce, mais aussi de fabrication in situ et à la demande, la fabrication additive constitue l’une des solutions d’avenir les plus pertinentes pour répondre aux enjeux environnementaux.
La confirmation nous est apportée par une équipe d’étudiants diplômés du Center for Business and the Environment de Yale, qui a mené une étude selon laquelle l’impression 3D permettrait de réduire les émissions de carbone issues de la fabrication de chaussures de 48 %, et la consommation d’eau de 99 %. Pour parvenir à ce résultat, les protagonistes se sont appuyés sur les données de la start-up Hilos, un fabricant de Portland qui s’est spécialisé dans les chaussures durables au moyen de l’impression 3D.
Pour répondre aux enjeux environnementaux tout en proposant des chaussures de qualité 100 % recyclables, cette jeune pousse recourt au procédé de frittage sélectif par laser et de la poudre de la TPU pour ses chaussures, qu’elle combine au travail du cuir. Un matériau qui offre l’avantage d’être à la fois flexible et résistant. Outre l’aspect durable, l’agilité apportée par l’impression 3D permettrait à l’entreprise de commercialiser de nouvelles lignes de produits en seulement deux semaines, alors que la moyenne du secteur est de 12 à 15 mois.
« la production à la demande signifie que presque toutes les paires de chaussures fabriquées seront vendues et portées »
Cette étude dont on apprend qu’elle se base également sur les données fournies par les partenaires de fabrication d’Hilos, BASF Forward AM, HP et AMT, se concentre sur trois questions centrales :
– Comment les chaussures imprimées en 3D se comparent-elles à la fabrication de chaussures traditionnelles ?
– Où la technologie a-t-elle le potentiel d’avoir le plus grand impact environnemental ?
– Où se trouvent les plus grandes opportunités d’amélioration future et comment y arriver ?
Pour arriver à sa conclusion principale selon laquelle l’utilisation de l’impression 3D constitue la solution la plus prometteuse pour atténuer les dommages environnementaux causés par l’industrie de la chaussure, cette étude s’appuie sur plusieurs chiffres très intéressants. Comparées à des chaussures fabriquées de manière traditionnelle, celles de Hilos permettrait de réduire de 48 % la quantité de C02 rejeté, et plus impressionnant encore, de 99 % la consommation en eau.
Plus encore, on observe également une diminution très importante du nombre d’étapes qui serait normalement requis si ses chaussures étaient fabriquées à partir de techniques classiques. De 65 pièces pour 360 opérations nécessaires à leur assemblage, Hilos n’en consacre plus que 12 pour seulement 5 pièces au total.
L’auteur de l’étude explique : « en réduisant le nombre de pièces et en rationalisant l’assemblage des produits, l’impression 3D réduit les émissions globales de 48 %, même avec des économies d’échelle moindres. De plus, l’impression 3D peut aider à réparer la chaîne d’approvisionnement des chaussures – et donc à aider l’industrie à devenir plus écologiquement durable – pour la simple raison que la production à la demande signifie que presque toutes les paires de chaussures fabriquées seront vendues et portées. » L’auteur ajoute : « Vendre la même quantité de chaussures tout en produisant moins a un impact énorme sur l’efficacité de la chaîne d’approvisionnement à chaque étape du processus, évitant à la fois l’utilisation initiale des matériaux ainsi que les déchets résultant de chaque étape. »
Le rapport ne manque pas de dénoncer la logique économique dans laquelle s’est installée cette industrie, avec des « marques qui paient parfois pour faire des choses que personne n’achètera », dans certains cas surproduisant jusqu’à 35 % et gaspillant 76 % de matière. « Ce que la plupart d’entre nous ne réalisent pas, c’est que nous subventionnons ce gaspillage avec nos achats. » S’indignent les auteurs de l’étude.
Bienvenue pour Hilos, cette mis en exergue des bénéfices de l’impression 3D sur le plan de la durabilité, intervient alors que la start-up vient de remporter le prix Innovative World Technologies et le Best in Show au SXSW ce week-end à Austin, au Texas. Selon l’entreprise, sur les 24 milliards de chaussures fabriquées chaque année dans le monde, une sur cinq irait directement à la décharge.