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Bioimpression de peau humaine : une première mondiale pour Chanel

Modèle de peau humaine bio-imprimée laissant apparaître une tache pigmentaire

Modèle de peau humaine bio-imprimée laissant apparaître une tache pigmentaire (crédits photo : Chanel)

Pour Chanel, l’impression 3D n’est pas uniquement un moyen d’apporter un élément différenciant à ses produits de beauté pour se démarquer de la concurrence. La célèbre marque de haute couture et de cosmétique, a su également s’approprier cette technologie pour faire avancer sa recherche. Dans le cadre d’une collaboration avec la start-up lyonnaise LabSkin Creations, la maison française vient de réaliser une première mondiale : la première peau humaine bio-imprimée laissant apparaître une tache pigmentaire.

Une prouesse venue des laboratoires de LabSkin Creations, une entreprise pionnière dans la reconstitution de la peau depuis 2015. L’une des vocations de ce spécialiste en ingénierie tissulaire avancée de la peau, est de produire des échantillons cutanés sur-mesure pour les industriels de la cosmétologie et du pharmaceutique. Des modèles de peau qui jouent un rôle clef à trois niveaux : la sécurité, la performance et la durabilité des produits. L’interdiction en 2013 de vendre des produits cosmétiques testés sur les animaux dans l’Union Européenne, n’a fait qu’accroître la demande pour ces modèles de peau artificiels.

La bioimpression dont LabSkin Creations est l’un des rares acteurs au monde à maîtriser une technologie, offre l’avantage de pouvoir produire des tissus plus complexes, mais aussi de manière plus précise, reproductible et automatisée que les techniques d’ingénierie tissulaire plus classiques. Contrairement à la plupart des peaux artificielles qui ne reproduisent que l’épiderme, la couche supérieure de la peau, celles de LabSkin Creations contiennent également le derme, la couche sous-jacente. Grâce à l’impression 3D, il lui est donc possible de reproduire des caractéristiques aussi pointues que l’âge et ses effets sur la peau. L’autre atout de sa technologie brevetée, est quelle lui permet de reproduire le derme et l’épiderme en seulement 21 jours de culture, ce qui représente une réduction de moitié par rapport aux 45 jours nécessaires dans une culture in vitro traditionnelle.

« ce modèle exclusif permet d’explorer et de mieux comprendre les mécanismes biologiques liés aux irrégularités pigmentaires cutanées »

laboratoire de LabSkin Creations

(crédits photo : LabSkin Creations)

La technologie de bioimpression développée par LabSkin Creations est capable de recréer l’épiderme et le derme de la peau

La technologie de bioimpression développée par LabSkin Creations est capable de recréer l’épiderme et le derme de la peau (crédits photo : LabSkin Creations)

Jamais réalisé jusqu’alors, le modèle de peau développé par LabSkin Creations pour Chanel, illustre très bien cette capacité. Grâce aux tests qui pourront être menés sur celui-ci, la maison française va pouvoir optimiser le développement de ses futurs soins anti-taches. « ce modèle exclusif conçu à partir de cellules humaines dans leur micro-environnement permet d’explorer et de mieux comprendre les mécanismes biologiques liés aux irrégularités pigmentaires cutanées, d’évaluer l’efficacité des actifs préventifs mais aussi correctifs afin de sélectionner les plus performants. » explique la marque française.

Si la France peut d’ailleurs se targuer d’être le premier exportateur de cosmétiques dans le monde, c’est aussi grâce à son savoir faire en termes d’ingénierie tissulaire. À ce sujet, rappelons que l’autre géant du cosmétique, L’Oréal, n’a pas non plus hésité à miser sur la bioimpression. De son côté, la marque de luxe s’est associée à un autre expert français de cette technologie : la start-up bordelaise Poietis. Les deux partenaires ont pour objectif la reproduction des follicules pileux.

Bien sûr, l’expertise de LabSkin Creations en modèles de peaux bio-imprimés ne se cantonne pas à l’industrie cosmétique. La start-up lyonnaise porte d’autres ambitions toutes aussi passionnantes, sinon plus, dans le domaine médical. En collaboration avec trois autres acteurs français, 3d.FAB (3D Fabric of Advanced Biology), une plateforme de prestation en impression 3D du campus Lyon, le Laboratoire des Substituts Cutanés des Hospices Civils de Lyon, ainsi que l’Institut de Chimie et Biochimie Moléculaire et Supramoléculaire, la start-up travaille sur un projet d’impression 3D directe sur grands brûlés. Financé par la DGA Direction Générale des Armées (DGA), ce programme 100 % français baptisé BLOC-PRINT, vise à faire progresser le traitement de brûlures profondes, que ce soit pour les civils ou les militaires.

L’autre expertise de LabSkin Creations qu’est l’ingénierie du tissu adipeux, a conduit la société à co-créer une autre start-up du nom de Healshape. L’innovation qu’elle porte suscite elle aussi beaucoup d’espoir, puisqu’elle s’adresse à toutes les femmes ayant subi une mastectomie suite à un cancer du sein. L’objectif de cette medtech est de proposer une prothèse mammaire bioimprimée qui permet la reconstruction progressive du sein. Réalisée à partir de cellules graisseuses de la patiente et d’un hydrogel résorbable, celle-ci offre l’avantage de pouvoir se résorber d’elle-même et complètement. Le résultat est définitif et naturel.

Alexandre Moussion