Au-delà des nouvelles formulations, l’industrie cosmétique n’a jamais cessé d’innover. De la réalité augmentée à la microbiologie en passant par les objets connectés, la filière repousse toujours plus loin les limites de l’innovation. A l’instar de nombreux secteurs, le cosmétique montre un intérêt grandissant pour l’impression 3D. Si ces dernières années la bioimpression 3D a fait une incursion remarquée dans l’industrie de la beauté, notamment via l’Oréal et ses partenariats avec Organovo et Poeitis, l’impression 3D trouve d’autres applications comme le packaging.
Dans ce domaine clef où le contenant est tout aussi crucial que le contenu, le dernier clin d’oeil appuyé nous vient de la mythique maison Chanel. La célèbre marque française de haute couture et de produits de beauté, s’apprête en effet à lancer son premier mascara produit par fabrication additive. Il s’agit du tout nouveau Volume Révolution, un mascara doté de la première brosse imprimée en 3D et commercialisée à grande échelle.
« Pour la première fois dans le monde, l’impression 3D fera l’objet d’une industrialisation massive par CHANEL »
Novateur jusqu’aux bouts des cils, ce nouveau cosmétique est le fruit d’un partenariat de 10 ans entre Chanel Parfums Beauté et Erpro 3D Factory spécialiste de l’impression 3D en grande série.« Ensemble nous avons relevé de nombreux défis technologiques pour repousser les limites de l’impression 3D et proposer un produit révolutionnaire. », précise dans un communiqué Pascale Marciniak-Davoult, Directrice de l’Innovation Packaging de Chanel Parfums Beauté. « Pour la première fois dans le monde, tous secteurs d’activités confondus, l’impression 3D fera l’objet d’une industrialisation massive par CHANEL Parfums Beauté. »
« Un cap a été franchi dans le domaine de l’impression 3D »
La Maison Chanel a perçu le potentiel de l’impression 3D, avant de déposer, en 2007, un premier brevet sur la fabrication d’applicateurs de produits cosmétiques et notamment une brosse de mascara en impression 3D. Soulignant les avancées considérables de l’impression 3D désormais placée sous le signe de l’industrialisation, Chanel inaugurera en juin 2018 une ligne de production composée de six machines de fabrication additive. Les brosses seront fabriquées par frittage laser sur une poudre de polyamide, à une cadence de 50 000 brosses en 24 heures, 250 000 brosses par semaine et jusqu’à 1 million par mois !
Toutes suivent un procédé d’autant plus rigoureux que le produit est destiné à la zone sensible du regard : analyse de la matière première, préparation de la poudre, polymérisation de la poudre par faisceau laser, refroidissement des brosses, nettoyage selon un procédé spécifique à Chanel, rinçage, contrôle qualité et tests mécaniques. Tout a été mis en place pour répondre aux standards de qualité et à l’exigence de Chanel et garantir une performance et innocuité indiscutables. « Un cap a été franchi dans le domaine de l’impression 3D. La chaîne de production que nous avons développée avec la Maison CHANEL permet une parfaite reproductibilité en l’absence de moule. Elle offre plus de liberté, de flexibilité et de réactivité pour des productions en série. C’est l’usine du futur », explique Cyrille Vue, PDG de ERPRO 3D FACTORY.
Une brosse avec une implantation au centième de millimètre des picots
L’impression 3D est également intervenue dans la phase de développement du produit. Grâce à sa souplesse de conception bien supérieure aux techniques traditionnelles par moulage, l’impression 3D a permis de produire une centaine d’itérations avant d’obtenir la combinaison idéale. Savant équilibre, le couple formule/brosse est en effet un élément clef pour qu’un mascara puisse apporter tous ses bénéfices à l’utilisateur.
Soulignant la précision de l’impression 3D et sa capacité à créer des géométries complexes, la brosse Volume Révolution comporte une forme spécifique avec une implantation au centième de millimètre des picots, pour une répartition homogène de la matière sur les cils. Des microgravités ont également été créées afin d’absorber la matière et délivrer la juste de dose sans à avoir à retremper la brosse entre le maquillage de deux yeux.
Sur ce segment très concurrentiel du maquillage où les machines actuelles étaient arrivées au bout de leur capacité d’innovation, Chanel a trouvé le moyen d’innover en exploitant pleinement le potentiel de l’impression 3D. À l’image des dernières créations imprimées en 3D de son Pygmalion Karl Lagerfeld, Chanel n’a sans doute pas fini de faire rimer féminité avec impression 3D.