
Substitut de peau autologue Poieskin (crédits photo Poietis)
Rendre compatible la bioimpression 3D avec le cadre réglementaire très strict, est l’un des plus grands défis qui se posent aux acteurs de ce marché. Lorsque que l’un de ses représentants les plus avancés, le spécialiste français de la bio-impression 3D Poietis, parvient à lever l’un de ces verrous, l’optimisme est de mise. Plus d’un an et demi après l’annonce de son partenariat avec l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille (« AP-HM ») qui visait à préparer le premier essai clinique d’une peau bio imprimée, la start-up bordelaise et ses partenaires ont annoncé aujourd’hui la première installation d’une plateforme de bio-impression 3D pour la fabrication de tissus biologiques implantables à l’hôpital.
Installée au sein de la zone de fabrication de médicaments de thérapies innovantes de l’Hôpital de la Conception, cette plateforme est la première au monde compatible avec les exigences réglementaires entourant la fabrication de tissus implantables chez les patients. Une avancée exaltante au regard des perspectives en terme de médecine générative. Si le but ultime de pouvoir un jour imprimer des organes transplantables relève encore plus du rêve que d’un progrès à portée de main, la fabrication de greffons de peau totalement assimilables par un greffé est une réalité en devenir.
Pour la première fois dans l’industrie pharmaceutique, il sera donc possible de produire une peau complexe et totale, comprenant la quasi totalité de toutes les couches, du derme à l’épiderme. Une avancée qui concernerait énormément de patients. On pense aux grands brûlés, aux victimes de traumatismes graves après un accident, mais aussi aux malades qui ont dû subir une ablation de la peau suite à un cancer. Imprimé à partir des cellules des patients, le « substitut dermo-épidermique autologue », ne nécessiterait ni anesthésie générale ni opération chirurgicale complexe pour sa greffe. Les cliniciens anticipent que la procédure associée à Poieskin et que la greffe pourra se faire à terme en ambulatoire.
« La Bio-impression entre dans une nouvelle ère » déclare Fabien Guillemot, Président-fondateur de Poietis, « la mise au point de la première plateforme de Bio-impression compatible avec les bonnes pratiques de fabrication (BPF) de médicaments de thérapies innovantes est une innovation majeure dans la domaine de la médecine régénératrice car elle lève un des derniers verrous avant l’implantation de tissus bio-imprimés chez les patients ».
« Nous touchons du doigt la possibilité de greffer un tissu humain fabriqué à l’aide d’une bio-imprimante, ce qui serait une première mondiale. »

Plateforme de Bio-impression NGB (crédits photo Poietis)
Si différentes plateformes technologiques de Bio-impression ont été développées au cours des dernières années pour répondre aux enjeux thérapeutiques de réparation et/ou substitution tissulaire ainsi qu’à une médecine personnalisée, aucune d’entre elles n’est encore compatibles avec la réglementation associée à la fabrication des Médicament de Thérapies Innovantes (MTI). Pas plus que des tissus biologiques bio-imprimés n’ont pu encore être implantés chez un patient.
Installée dans un environnement complètement aseptique au sein de l’Unité de Culture Cellulaire (LCTC) de l’AP-H, la bioimprimante 3D NGB de Poietis s’appuie sur une robotisation et une automatisation des procédés qui permettent de fabriquer des tissus fonctionnels avec une grande reproductibilité et une flexibilité importante. Poietis indique que le débit d’impression a aussi été augmenté d’un facteur 1000, ce qui permet d’imprimer un substitut de peau de 40cm² en quelques heures.
S’appuyant sur les dernières recommandations reçues de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament, l’équipe du LCTC va pouvoir finaliser la validation du procédé de fabrication du substitut de peau Poieskin. À partir de là un essai clinique pourra débuter dès 2022 avec le soutien du Service de Chirurgie Plastique et Réparatrice et le Centre Interrégional des Grands Brûlés de l’AP-HM. Pour donner les meilleures chances à la greffe, 12 patients seront sélectionnés selon différents critères. L’objectif de Poietis serait de pouvoir déployer ses bio-imprimantes dans 85 centres hospitaliers dans le monde d’ici 2025. « L’écosystème local et national est très favorable et contribue réellement à l’avancée de ce projet ambitieux » souligne le Dr Julie Véran, Responsable Production au LCTC.
« Nous touchons du doigt la possibilité de greffer un tissu humain fabriqué à l’aide d’une bio-imprimante, ce qui serait une première mondiale. »Se réjouit le Dr Jérémy Magalon, pharmacien biologiste au LCTC. « C’est le fruit d’une collaboration multidisciplinaire qui a réussi à faire sauter successivement les verrous technologiques et réglementaires intrinsèques à cette innovation de pointe. Mais ce n’est qu’une étape. Demain, l’objectif est de bio-imprimer des tissus plus complexes au plus près du patient. On peut imaginer que les grands centres hospitaliers soient tous équipés de bio-imprimantes dans le futur. Cela me fait penser au succès de la robotique chirurgicale: une innovation de rupture devenue incontournable en pratique quotidienne. »
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