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Poietis prépare le premier essai clinique de peau bio-imprimée implantable chez l’Homme

Bioimprimante 3D NGB-R

Bioimprimante 3D NGB-R – Crédits photo Poietis

Le spécialiste français de la bio-impression 3D Poietis vient de franchir un nouveau cap dans le développement de ses tissus de peau. Ce 20 janvier la start-up bordelaise et l’ Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille (« AP-HM ») ont signé un partenariat de collaboration de recherche pour préparer le premier essai clinique (phase I de Médicaments de Thérapie Innovante) d’une peau bio imprimée. Ce rapprochement vise à réunir toutes les compétences pour aboutir à la production d’un tissu bioimprimé et implantable chez l’Homme, en accord avec la réglementation européenne. Il s’agirait d’une première mondiale.

Grâce à sa technologie de bio-impression, Poietis promet de répondre à des problématiques de cicatrisation de la peau dans les deux ans. Depuis sa création en 2014 la start-up bordelaise a multiplié les partenariats avec des groupes pharmaceutiques et cosmétiques, comme l’Oréal pour reproduire des follicules pileux, et le géant du secteur Servier afin de développer des tissus de foie.

La bio-impression porte en elle de nombreux espoirs en terme de médecine individualisée et régénératrice. Si le chemin est encore long avant d’arriver à la création d’organes fonctionnels et transplantables, la bio-impression de tissus vivants humains est déjà une réalité. Depuis presque deux ans, Poietis commercialise un modèle de peau totale humaine bio-imprimé appelé Poieskin®. Réalisé sur la NGB, la première bio-imprimante 3D industrielle au monde, celui-ci permet l’évaluation des ingrédients et des produits finis cosmétiques.

« une bioimprimante dans chaque Hôpital afin de permettre la production de tissus personnalisés… »

technicien Poietis

Aucune technique disponible en pratique quotidienne ne permet de remplacer efficacement la greffe de peau prélevée sur le patient lui-même. Qui plus est, lorsque les lésions sont trop importantes comme chez les grands brûlés, l’autogreffe ne peut être pratiquée. Selon le docteur Dr. Bertrand, Chirurgien plastique à l’AP-HM la peau bio-imprimée préparée à partir d’un simple prélèvement de cellules du patient permettrait de simplifier considérablement la procédure chirurgicale et d’éviter les grands prélèvements de peau.

L’objectif est de produire à terme dans un temps raisonnable des greffons implantables directement à partir d’une simple biopsie un substitut de peau parfaitement compatible, applicable sans anesthésie, sans procédure chirurgicale complexe. Cette innovation thérapeutique « made in France » pourra donc constituer une véritable révolution pour la prise en charge des patients nécessitant une greffe de peau, comme les grands brûlés, mais aussi toutes les personnes ayant subi une perte de substance cutanée, que ce soit à la suite d’un traumatisme, d’un accident ou d’un cancer de la peau.

« Cette collaboration est une étape supplémentaire pour Poietis et son ambition de placer une bioimprimante dans chaque Hôpital afin de permettre la production de tissus personnalisés et améliorer la prise en charge des patients en attente d’une greffe », a déclaré le Dr Fabien Guillemot, Président et Fondateur de Poietis. « L’aboutissement de ce projet ouvrira la voie à des applications importantes de la bio-impression dans le domaine médical ».

« Nous sommes ravis d’engager ce partenariat avec les équipes de l’AP-HM qui disposent d’une expertise reconnue au niveau international en réparation cutanée et pour la conduite d’essais cliniques de médicaments de thérapies innovantes. » A ajouté Bruno Brisson, co-fondateur et Directeur Business Development de Poietis.

Le marché mondial de l’ingénierie et de la régénération des tissus à 109,9 milliards de dollars d’ici 2023

technologie de bioimpression de Poietis

Poeitis n’est pas le seul laboratoire en France à mener des recherches sur la bio-impression de tissus de peau implantables. Il y a trois ans, un consortium financé par la Direction Générale des Armées (DGA), composé des Laboratoires 3D.FAB, LabSkin Creations, et des substituts cutanés des Hôpitaux Civils de Lyon, a mis en place un programme de recherche visant à déployer au bloc opératoire une imprimante 3D permettant d’imprimer de la peau directement sur les grands brûlés.

Le développement de l’ingénierie tissulaire et la fabrication de tissus biologiques implantables représentent des enjeux socio-économiques majeurs. Selon un rapport de la BCC Research, le marché mondial de l’ingénierie et de la régénération des tissus devrait passer de 24,7 milliards de dollars en 2018 à 109,9 milliards de dollars d’ici 2023.

Aussi, du fait de l’allongement de la durée de la vie et de l’incidence de pathologies majeures telles que le cancer et le diabète, le nombre de personnes en attente d’une greffe d’organe est en constante augmentation : fin 2016, au sein des pays membres du Conseil de l’Europe, plus de 142 000 patients étaient en attente d’une greffe rénale, hépatique, cardiaque, pulmonaire, pancréatique ou intestinale.

Alexandre Moussion