Près d’un an après le rachat de son compatriote Vader System et sa technologie d’impression 3D métal liquide, l’entreprise américaine Xerox revient sur le devant de la scène avec toujours la ferme intention de démocratiser la fabrication additive métallique. Marchant dans les pas d’autres grands noms de l’impression 2D – HP et Mimaki pour ne citer qu’eux – Xerox a fait de la 3D son nouveau cheval de bataille. Son pari ? Proposer une solution qui soit plus sûr, plus abordable et plus rapide que les procédés d’impression 3D laser sur lit de poudre métallique.
Sa dernière imprimante 3D « ElemX », semble en tous points répondre à ses objectifs. Point de poudre dans cette machine, mais une bobine de fil métallique qui vient alimenter un réservoir chauffé à plus de 800°C. Le métal liquéfié est alors propulsé par un champ électromagnétique, puis déposé couche après couche jusqu’à l’obtention de la pièce finale. Une approche qui permet de produire des pièces plus rapidement et à moindre coût. Le fabricant affirme qu’il serait possible de déposer jusqu’à 1 000 gouttes par seconde.
Assimilable aux procédés à jet de matière, cette méthode nous rappelle la technologie NanoParticle Jetting, de l’israélien Xjet. On ignore en revanche si le niveau de résolution et de précision est comparable. Malgré le peu d’informations dont on dispose encore, les dimensions de l’imprimante – 2,7 mètres de large sur 2,1 mètres de haut – laisse à penser que des pièces d’au moins 30 cm pourront être imprimées avec.
« examiner de nouvelles approches pour créer, fabriquer, prototyper et produire des capacités où qu’ils se trouvent »

Pièces en aluminium imprimées en 3D sur l’ElemX (crédits photo : Xerox)
On apprend que la première ElemX a été expédiée à la Naval Postgraduate School (NPS) en Californie, un établissement de formation supérieure pour les officiers de marine. Plus qu’une vente, il s’agit en fait d’un accord de recherche et développement collaboratif (CRADA) qui a pour but de fournir à ses professeurs et étudiants un accès pratique à cette technologie. L’ambition affichée par le ministère de la défense : pouvoir produire des pièces métalliques à la demande et ne plus dépendre des chaînes d’approvisionnement mondiales. « Les chaînes d’approvisionnement mondiales laissent des industries comme l’aérospatiale, l’automobile, l’équipement lourd et le pétrole et le gaz vulnérables aux risques externes. » A déclaré Tali Rosman, vice-président et directeur général de Xerox pour l’impression 3D. « Notre objectif est d’intégrer l’impression 3D localisée dans leurs opérations et le retour d’information en temps réel du NPS nous donne des données exploitables pour améliorer continuellement l’ElemX. »
Si la marine américaine a choisi de miser sur la technologie de Xerox, c’est aussi pour sa capacité à imprimer de l’aluminium. D’une part plus abordable, ce métal possède des propriétés de résistance à la corrosion et à l’oxydation particulièrement indiquées en mer. Avant que l’ElemX ne puisse faire ses preuves sur un bateau, des tests de vibrations et de secousses devront d’abord être menés sur la machine. Ils détermineront si l’imprimante est en mesure de résister aux longues missions en mer.
La vice-présidente de NPS, Ann Rondeau, conclut : « Cet effort de recherche en collaboration avec Xerox et l’utilisation de leurs innovations en matière d’impression 3D est un excellent exemple de la façon dont la NPS prépare de manière unique nos étudiants militaires à examiner de nouvelles approches pour créer, fabriquer, prototyper et produire des capacités où qu’ils se trouvent. Ce partenariat porte sur la capacité stratégique de la Marine à avoir des marins sur des navires capables, grâce à leur créativité et à la technologie, de faire progresser leurs opérations en mer. »

Le plateau de construction de l’ElemX (crédits photo : Xerox)