Particulièrement dynamique ces dernières années, la fabrication additive métallique nécessite des profils très spécialisés pour répondre à ses défis techniques et exploiter au mieux ses capacités. Parce qu’elle repose le plus souvent sur des procédés à lasers et qu’elle porte sur des applications très critiques, derrière chaque pièce métallique produite, il y a des experts capables de régler et piloter des machines complexes associées à des matériaux haute performance. Si vous vous êtes déjà demandé quel métiers impliquaient cette technologie, aujourd’hui je vous fait découvrir celui de technicien mise en service. Occupant ce poste chez AddUp, la joint-venture de Fives et Michelin spécialisée dans la fabrication additive métallique, Jacob Londiche a accepté de nous partager son parcours, ses missions et les compétences requises pour évoluer dans ce domaine.
« Il ne suffit pas d’exceller dans un seul domaine, car il est indispensable d’avoir une compréhension approfondie en électricité, automatisme, informatique, et en mécanique »
Bonjour Jacob, pourrais-tu nous retracer le parcours qui t’as conduit jusqu’à AddUp ?
Après avoir obtenu un BAC en Sciences et Technologies de l’Industrie et du Développement Durable à l’École d’Enseignement Technique Michelin, j’ai poursuivi un DUT en Génie Mécanique et Productique, puis une Licence Professionnelle en Procédés Numériques de Production et Robotique en alternance.
J’ai commencé ma carrière dans l’entreprise où j’avais fait mon alternance, en travaillant sur des missions liées à la méthode et à la planification. J’ai ensuite rejoint AddUp, d’abord comme prestataire de service, puis en tant que salarié l’année suivante au poste de technicien de mise en service.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore AddUp, pourrais-tu rappeler les activités de cette entreprise ?
AddUp est une entreprise française spécialisée dans la fabrication additive métallique. Elle développe des imprimantes 3D permettant de produire des pièces complexes pour des secteurs comme l’aérospatial, le médical et l’automobile.
En plus de ses machines, AddUp propose des services d’accompagnement complets, allant de la conception des pièces, de l’optimisation, à l’impression de prototypes pour les clients, afin de valider les performances et les propriétés des pièces 3D.
« Le métier de technicien de mise en service consiste à préparer les machines avant leur vente, ce qui inclut par exemple la calibration des lasers, le réglage mécanique et électrique… »
Explique-nous-en quoi consiste exactement le métier de technicien mise en service lorsqu’il porte sur des machines de fabrication additive métallique ? De quelle(s) technologie(s) es-tu en charge (PBF ou DED) ?
Je travaille sur la technologie PBF (fusion laser sur lit de poudre). Le métier de technicien de mise en service consiste à préparer les machines avant leur vente, ce qui inclut par exemple la calibration des lasers, le réglage mécanique et électrique ainsi que les paramètres de production.
Il réalise des tests de production pour analyser les performances et garantir la qualité. Après cette phase de validation, il s’occupe de l’installation des machines sur site chez les clients, en s’assurant de respecter les spécifications techniques.
Dans un deuxième temps le métier consiste à aider dans le développement et ou l’amélioration des machines : suivie du montage et développement des fonctions, ainsi que le suivie des améliorations et le développement de la paramétrie du transport de poudre et du tamisage.
Etant donné les particularités de la technologie d’AddUp, j’imagine que tu as bénéficié d’une formation complémentaire en interne ?
À mon arrivée chez Addup, nous avons d’abord suivi une formation sur la sécurité, axée sur les risques liés à la manipulation de la poudre. Cette étape est essentielle pour bien comprendre les protocoles de sécurité en vigueur dans l’entreprise.
Après cette formation initiale, nous commençons à nous familiariser avec les différents accessoires de la machine, avant de passer à l’apprentissage de son utilisation et de son démarrage.
Pendant les premières phases de notre apprentissage, nous travaillons en binôme avec des personnes plus expérimentées. Ces dernières jouent un rôle clé en partageant leurs connaissances et en nous guidant à travers les différentes étapes.
Pour structurer notre travail, des fiches de résultats et des fiches de savoir-faire ont été mises en place. Elles servent à suivre l’avancement du démarrage machine, tout en nous fournissant un
support écrit auquel nous pouvons nous référer en cas de besoin.
« Je peux également me concentrer sur le développement, que ce soit pour améliorer les systèmes existants ou de nouveaux projets »
À quoi peut ressembler l’une de tes journées ?
Ma journée débute par un point d’équipe d’une durée maximale de 15 minutes. Cela permet d’obtenir un aperçu de l’avancement des tâches de chacun, de discuter des éventuels problèmes rencontrés la veille, ainsi que des solutions que l’équipe pourrait apporter. Ce moment inclut également une partie sécurité.
Puis en fonction du planning établi, je peux intervenir sur plusieurs aspects différents. Cela inclut la mise en route des machines, où je m’assure que tout fonctionne correctement avant l’installation client mais aussi du paramétrage. Je peux également me concentrer sur le développement, que ce soit pour améliorer les systèmes existants ou de nouveaux projets.
Enfin, je suis également disponible pour fournir un support technique, que ce soit pour résoudre des problèmes, répondre aux questions ou assister les équipes en interne (US compris) ou les clients en cas de difficultés techniques.
« Nous utilisons également des outils spécifiques à la technologie AddUp, notamment pour la calibration des lasers, garantissant une précision optimale lors du processus d’impression »
Quels outils et équipements es-tu amené à utiliser ?
Les principaux équipements utilisés dans le cadre de mon travail incluent d’abord un ordinateur pour la gestion des fichiers machine, des fiches de résultats, etc. Ensuite, une servante d’outillage est essentielle pour ranger les divers équipements nécessaires aux opérations.
Parmi les instruments de contrôle, on retrouve des outils de mesure de précision tels que les comparateurs : pépitas, règles et équerres en marbre, ainsi que des cales étalons, qui permettent de vérifier la conformité.
Des pièces produites avec des tolérances très strictes. Nous utilisons également des outils spécifiques à la technologie AddUp, notamment pour la calibration des lasers, garantissant une précision optimale lors du processus d’impression. Ces outils spécifiques permettent d’assurer la qualité et la fiabilité des machines.
Fort de tes 4 années d’ancienneté, qu’est-ce qui t’apporte le plus de satisfactions dans ton métier, et au contraire les contraintes qu’il faut apprendre à gérer ?
Ce qui me satisfait le plus dans mon travail, c’est d’être impliqué à chaque étape du processus. Dès la phase de conception, j’ai l’occasion d’apporter mes idées pour définir les caractéristiques de la machine. Ensuite, lors du développement, je réalise les tests pour améliorer et optimiser le fonctionnement, en ajustant chaque détail afin de garantir que la machine soit prête pour son utilisation finale.
La dernière étape, celle de la livraison au client, est satisfaisante, car je peux enfin voir le résultat de tout le travail accompli. Cette implication complète, m’apporte non seulement un sentiment d’accomplissement personnel, mais aussi la satisfaction d’avoir contribué à un projet concret.
« Lorsque les gens apprennent que je travaille dans l’impression 3D, ils réagissent souvent avec curiosité »
Tu exerces un métier encore peu répandu. Comment réagissent les gens lorsqu’ils le découvrent ? As-tu observé une meilleure compréhension de la technologie au fil des années ?
Lorsque les gens apprennent que je travaille dans l’impression 3D, ils réagissent souvent avec curiosité. Beaucoup trouvent la technologie fascinante et posent des questions sur son fonctionnement et ses applications. Ils pensent généralement d’abord à l’impression 3D en plastique plutôt qu’à celle en métal.
Mais au fil des années, j’ai remarqué une meilleure compréhension de l’impression 3D. Au début, beaucoup la considéraient comme liée à des objets simples ou des jouets, mais maintenant, ils prennent conscience de ses applications dans des domaines tels que l’industrie, l’aéronautique ou le médical.
Quelles qualités considères-tu comme essentielles pour bien exercer ce métier ?
Selon moi, l’élément le plus essentielle pour réussir dans ce métier est la capacité à être polyvalent. Il ne suffit pas d’exceller dans un seul domaine, car il est indispensable d’avoir une compréhension approfondie en électricité, automatisme, informatique, et en mécanique.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaiterait se lancer dans ce métier ?
Il est d’abord essentiel d’avoir une solide base technique, en comprenant les principes de la mécanique, de l’automatisation, de l’électricité et de l’informatique, car ces compétences sont cruciales pour ce travail. De plus, être méthodique est important, car la mise en route exige de suivre des procédures précises, étape par étape, tout en documentant chaque action.
Les imprévus peuvent survenir, et il est donc nécessaire de savoir s’adapter. Le travail en équipe est également fondamental, chaque membre apportant des compétences différentes qui contribuent à la réussite du projet. Il faut souvent collaborer non seulement avec d’autres professionnels, comme les fournisseurs, mais aussi avec les clients lors de l’installation.
« J’espère que cette technologie va se développer et s’intégrer de plus en plus dans les méthodes de fabrication actuelles et s’ouvrir à plus d’entreprises »
Etant aux premières loges d’une technologie en plein essor, comment vois-tu la fabrication additive métallique se développer dans les années à venir ?
La fabrication additive métallique va s’améliorer et devenir plus efficace. Les coûts vont baisser, ce qui rendra la technologie plus accessible. Des secteurs comme l’aérospatial, l’automobile et le médical utilisent déjà cette méthode pour créer rapidement des pièces complexes et des prototypes.
J’espère que cette technologie va se développer et s’intégrer de plus en plus dans les méthodes de fabrication actuelles et s’ouvrir à plus d’entreprises.