Dans un contexte d’enjeux environnementaux de plus en plus urgents, l’impression 3D se présente comme une solution prometteuse pour y répondre avec des avantages évidents comparés aux techniques classiques tels que la réduction de la consommation de matériaux et l’allègement des pièces, ainsi que la fabrication localisée et à la demande, ce qui engendre des économies d’énergie et de transport significatives.
Pour autant, l’impact de cette technologie est loin d’être neutre pour l’environnement. De la collecte des matières premières à la difficulté de recycler ses produits, l’industrie de la fabrication additive doit encore surmonter de nombreux défis pour s’imposer comme une méthode de fabrication durable.
L’un des écueils de l’impression 3D est que dans l’éventail toujours plus large de matériaux imprimables en 3D, on estime que moins de 10 % d’entres-eux sont actuellement recyclés. D’autant que les déchets d’impression 3D ne sont pas rares. Issues d’erreurs de découpage, d’adhérence, ou de défaillances matérielles, les impressions 3D ratées représenteraient plus de 80 % des déchets d’impression 3D.
C’est dans ce contexte que Sculpteo, le champion de l’impression 3D en ligne, vient de lancer RE-cycleo, un programme visant à recycler les pièces imprimées en 3D en fin de vie. Avec cette initiative, l’entreprise devient ainsi l’un des premiers services d’impression 3D à s’engager de la sorte.
« Avec RE-cycleo, nous inaugurons une nouvelle façon de produire plus responsable, où nous offrons aux clients la possibilité de revaloriser leurs produits »
Le programme qui sera bien sûr amené à traiter d’autres matériaux dans le futur, dont le PP et le TPU, se consacre dans un premier temps aux nylons PA11 et PA12 obsolètes de leurs clients. Il concerne plus exactement les pièces imprimées selon les technologies MJF (jet de liant) et SLS (frittage laser). L’explication est que ces polymères représentent les plus gros volumes de pièces imprimées en 3D. « Avec RE-cycleo, nous inaugurons une nouvelle façon de produire plus responsable, où nous offrons aux clients la possibilité de revaloriser leurs produits, déclare Alexandre d’Orsetti, CEO de Sculpteo. Il a fallu des décennies à certaines industries de masse, sur des volumes gigantesques, pour mettre au point des programmes de recyclage efficaces. Chez Sculpteo, nous pouvons le proposer dès la première pièce. » commente la société.
La première étape pour les clients souhaitant adhérer au programme RE-cycleo, est d’envoyer les pièces à Sculpteo avec une autorisation de destruction. Une fois réceptionnées, celles-ci sont alors triées par matériau (Nylon PA11 ou Nylon PA12), puis broyées en morceaux et placées dans des octabins. Sur cette étape, Sculpteo précise que pour préserver le secret industriel et la confidentialité des clients, le broyage se fera uniquement à l’intérieur de son usine de fabrication. Le broyat est ensuite envoyé chez Arkema pour être recyclé dans le cadre de son programme Virtucycle®. Celui-ci est alors analysé pour s’assurer qu’il n’y a pas de contamination, puis vient l’étape de compoundage ou le matériau sera refondu, refroidi et découpé en granulés qui seront utilisés dans d’autres applications industrielles.
À la question de savoir si toutes les pièces sont éligibles à ce programme, Sculpteo explique que les impressions avec des finitions polissage teinture (dont Color Touch et Color Resist) et lissage chimique peuvent être recyclées. Les pièces ne pouvant pas être traitées sont celles qui ont subi un coating, une peinture, un flocage, ou une métallisation.
Sculpteo indique que les granulés peuvent être personnalisés en termes de résistance, de flexibilité et de couleur pour répondre aux différentes applications industrielles. Dans le cas du moulage par injection, les granulés seront fondus et injectés dans un moule pour créer un nouveau produit, comme des pièces automobiles, des raquettes de tennis, des chaussures, un casque, une valise, etc. De quoi donner seconde vie à des pièces inutilisées ou en fin de première vie. « Tout ce procédé utilise une énergie 100% renouvelable. » précise la société avant de conclure : « Alors que les entreprises évoluent vers une meilleure compréhension des enjeux environnementaux, il est devenu urgent que des industries comme celle de l’impression 3D ouvrent la voie à des solutions plus durables. »
Sculpteo estime qu’une tonne de pièces recyclées correspond à 7 tonnes de rejet de CO2 évités. Fort heureusement cette initiative n’est pas isolée. Dans une étude publiée plus tôt cette année, Kimya, le spécialiste nantais de filaments d’impression 3D recyclés, estimait que pour son PETG 3D recyclé, l’émission CO2 était de 4,08 kg contre 6,27 kg de CO2 pour son équivalent non recyclé.