Si avec une moyenne de 15 % de croissance par an, le marché de l’impression 3D offre de belles perspectives d’emploi dans de nombreux secteurs, cette dynamique semble aujourd’hui marquer le pas. Selon un nouveau rapport d’Alexander Daniel Global, une entreprise américaine spécialisée dans le conseil en affaires, l’accompagnement d’entreprises et l’investissement, en 2023, l’industrie de la fabrication additive a récemment traversé une phase de « réajustement », caractérisée par une révision à la baisse des prévisions de croissance.
Selon les experts de cette étude consacrée aux tendances de l’industrie de l’impression 3D en matière d’emploi, de salaire, et de turnover en 2023, les taux d’intérêt élevés et la faible performance des introductions en bourse ont semble t-il sapé la confiance des investisseurs. De nombreuses entreprises AM ont dû ajuster leurs stratégies en concentrant leurs efforts sur la vente de technologies existantes plutôt que sur l’innovation, la recherche et développement.
L’une des conséquences est qu’en Amérique du Nord, malgré une légère augmentation observée aux États-Unis et au Canada, la croissance de la main-d’œuvre a nettement ralenti. Parallèlement, des régions telles que l’EMEA (Europe Middle East & Africa) et l’APAC (Asie Pacifique) ont connu une progression encore plus lente, cette dernière n’ayant enregistré aucune augmentation en 2024. Une évolution qui indique que le secteur de la fabrication additive a moins progressé, adoptant un rythme de croissance moins soutenu.
« Les prévisions précédentes du secteur, qui projetaient une croissance typique de type « crosse de hockey », ne se sont tout simplement pas matérialisée. » expliquent les auteurs du rapport. « L’accès au financement pour soutenir la croissance a été difficile à obtenir et, lorsqu’il a été obtenu, les valorisations ont baissé et les cycles de financement prennent plus de temps à se clôturer. En conséquence, de nombreuses entreprises en démarrage et en expansion qui ont longtemps été le moteur de la croissance du secteur, ont dû changer d’orientation. Il a fallu mettre davantage l’accent sur la stimulation des ventes de la technologie existante et sur la réduction des investissements dans de nouveaux projets de R&D, en réduisant les coûts pour réduire la consommation et tenter d’atteindre plus rapidement un point d’équilibre/de durabilité. »
« L’inflation atteignant plus de 10 % dans certains pays, la croissance des salaires dans les AM n’a pas suivi le rythme »
Dans cette étude de 76 pages, on apprend également comment les licenciements qui avaient été initiés en 2022 et se sont poursuivis en 2023, ont exercé une pression considérable sur le marché des talents dans le secteur de la fabrication additive. Le rapport indique que le pourcentage de candidats ouverts à de nouvelles opportunités a augmenté de 34 % aux États-Unis et au Canada, de 36 % dans la région EMEA et de 40 % dans la région APAC.
Dans le même temps, le nombre d’offres d’emploi a connu une forte baisse : 77 % aux États-Unis et au Canada, et 46 % et 65 % dans les régions EMEA et APAC. L’étude souligne à quel point cette période a été particulièrement difficile pour les candidats en quête de nouvelles opportunités, mettant en évidence un ralentissement marqué des turnover et embauches au sein des entreprises.
Seuls 20 % des effectifs aux États-Unis et au Canada ont changé d’emploi, contre 8 % dans la région EMEA et 15 % dans la région APAC. Par rapport à 2022, cela représente une réduction de 26 % aux États-Unis et au Canada, et de 43 % dans la région EMEA, tandis que la région APAC est restée stable. Dans la région EMEA, le cabinet signale un turnover de 8 %, ce qui refléterait un manque de confiance parmi les candidats, qui appréhendent les changements et constatent la raréfaction des opportunités disponibles
« Compte tenu de tout ce qui précède, il est facile de comprendre pourquoi nous avons vu la croissance des salaires poursuivre son ralentissement amorcé en 2022. L’inflation atteignant plus de 10 % dans certains pays, la croissance des salaires dans les AM n’a pas suivi le rythme. Aux États-Unis et au Canada, les salaires n’ont augmenté que de 3 %.« commente Nick Pearce, le fondateur et directeur de d’Alexander Daniel Global. « La région APAC a connu les meilleures hausses globales avec 3,6 %. La région EMEA a cependant connu une légère contraction de -0,3 %, ce qui constituetout de même une amélioration par rapport aux -2,5 % observés en 2022. Bien que la tendance générale de la croissance des salaires ait ralenti, il existe encore certaines disciplines dans lesquelles les niveaux de salaire ont augmenté dans toutes les régions. Les ventes ont notamment continué à mieux performer, avec une croissance de 11,2 %, 2,9 % et 11,6 % aux États-Unis et au Canada, dans la région EMEA et dans la région APAC respectivement. Le nombre d’entreprises qui embauchent a diminué mais la nécessité de stimuler les ventes reste essentielle pour le succès de toutes les entreprises du secteur de la fabrication additive. »
« Je crois fermement que la fabrication additive est au plus bas du cycle et que l’avenir reste très prometteur »
En autres données, le rapport souligne que la région APAC (Asie-Pacifique) se distingue par sa croissance, surpassant les États-Unis, le Canada et l’EMEA. En particulier, les secteurs des ventes et des services affichent des hausses respectives de 11,6 % et 27,7 %. En 2023, l’APAC a amorcé sa reprise post-Covid, tandis que les fabricants de l’Est, comme Bright Laser Technologies et EPlus3D, ont intensifié leur présence sur les marchés européens et américains, offrant des technologies LPBF à des prix compétitifs.
Parallèlement, la dynamique économique mondiale semble vouloir se redresser, avec une inflation en baisse et la possibilité de réductions des taux d’intérêt en 2024. Confirmant une tendance observée par d’autres cabinet d’études, Alexander Daniels Global voit également un changement dans l’équilibre entre demande et opportunités, les entreprises cherchant à optimiser leurs capacités additives plutôt qu’à acquérir de nouvelles machines. Quant aux fabricants évoluant dans des secteurs clés tels que l’aérospatiale et l’automobile, la tendance est qu’ils s’orienteraient vers des applications de production, créant ainsi une demande accrue pour des opérateurs qualifiés. Des signes positifs commencent déjà à émerger dans ce contexte.
« L’un de nos clients dans le secteur de l’aéronautique a souligné que « la demande de projets de fabrication additive de la part de son entreprise est supérieure à sa capacité à les soutenir et que le facteur limitant est le personnel ! Les investissements importants dans les projets de défense sont également un autre moteur de croissance majeur et présentent également des opportunités pour le secteur de la fabrication additive. » tient à rassurer Nick Pearce avant de conclure : « Les investissements dans les entreprises de fabrication additive de la part des sous-traitants de la défense et des sociétés de capital-investissement pourraient être un catalyseur qui contribuerait à stimuler le marché de la fabrication additive. Je crois fermement que la fabrication additive est au plus bas du cycle et que l’avenir reste très prometteur. »