Les perspectives offertes par la bio-impression pour soigner le corps humain a poussé de nombreux laboratoires dans le monde à mener des travaux dans ce domaine. Avec l’impression 3D, les chercheurs disposent d’un procédé pour construire des structures complexes et personnalisées servant de support aux cellules actives. La fabrication d’organes fonctionnels et implantables sur l’Homme, est aujourd’hui le Saint Graal de la médecine générative. Si le chemin est encore long, les expérimentations sont prometteuses, en témoignent la réalisation l’an passé d’un prototype de cœur miniature imprimé par une équipe de chercheurs israéliens, et d’un modèle de poumon 3D par un laboratoire de bioingénierie américain.
Dernièrement c’est un groupe de scientifiques de l’Université Northwestern University Feinberg School of Medicine qui a franchi une étape importante dans le développement d’un ovaire artificiel imprimé en 3D et implantable. Celui-ci pourrait permettre aux femmes stériles de tomber enceinte.
C’est cette même équipe qui en 2017 était parvenue à implanter un ovaire bioimprimé en 3D chez une souris stérile. Dans la revue Scientific Reports on apprend que les protagonistes ont cette fois-ci réussi à identifier et cartographier l’emplacement de protéines structurales d’un ovaire de porc, permettant ainsi le développement d’une bio-encre pour l’impression de l’organe reproducteur féminin.
« Nous sommes à un pas de plus vers le rétablissement de la fertilité et de la production d’hormones chez les jeunes femme »
Un certain nombre de maladies, de traitements ou d’anomalies génétiques peuvent conduire à un dysfonctionnement des ovaires, notamment la leucémie. La prise de traitement associée comme la chimiothérapie et la radiothérapie peuvent en effet causer l’infertilité de la patiente. Si des solutions existent comme la congélation des ovaires avant le début du traitement, elle n’est pas sans risque. L’ovaire prélevé peut parfois contenir et donc disséminer des cellules tumorales. Les travaux menés par ces chercheurs pourraient donc offrir une alternative intéressante aux femmes dont les ovaires sont endommagés.
« Les protéines structurales d’un ovaire de porc sont le même type de protéines que celles trouvées chez l’homme, nous donnant une source abondante pour une bio-encre plus complexe pour l’impression 3D d’un ovaire à usage humain », a expliqué le Dr Monica Laronda, directrice de Programme de recherche translationnelle, de préservation et de restauration de la fertilité et des hormones à l’hôpital pour enfants Ann & Robert H. Lurie de Chicago. « Nous sommes à un pas de plus vers le rétablissement de la fertilité et de la production d’hormones chez les jeunes femmes qui survivent au cancer infantile mais entrent tardivement dans la ménopause. Il reste encore plusieurs étapes à parcourir et nous sommes ravis de tester nos nouvelles encres. »
Pour le Dr Laronda, les travaux menés par son équipe constituent une réelle avancée pour les femmes qui subissent des traitements contre le cancer qui nuisent à leur fertilité. L’objectif est d’utiliser les protéines structurales ovariennes pour concevoir un échafaudage biologique des cellules productrices d’hormones. Une fois implanté, l’ovaire artificiel répondrait aux signaux naturels de l’ovulation, permettant une grossesse. Bien sûr, précise t-elle, la technique de cartographie de protéines développée par son équipe pourrait être appliquée à d’autres organes.