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Poietis : le spécialiste français de la bio-impression s’associe à Servier pour imprimer des tissus de foie

le spécialiste bordelais de bio-impression Poietis s'associe à Servier

Si l’impression 3D fait l’objet de bien des fantasmes et spéculations, la réalité rejoint parfois la fiction. La bio-impression qui constitue probablement l’une des plus belles promesses d’applications pour la santé, enregistre des réelles avancées. Dans ce domaine, la France peut même s’enorgueillir de compter une pépite, la biotech bordelaise Poietis.

Auteur d’une technologie de bio-impression 4D par laser unique au monde, la jeune pousse était fière d’annoncer en janvier dernier la première commercialisation d’un tissu par Bioimpression. Ce modèle de peau baptisé Poieskin ®, se destine notamment à évaluer des produits cosmétiques et pharmaceutiques.

« Ce partenariat vise à améliorer la détection des lésions hépatiques d’origine médicamenteuse »

Auréolé déjà d’un prestigieux partenariat avec le numéro 1 mondial du cosmétique Loréal signé en 2016, Poetis continue d’attirer des acteurs de premier plan. La start-up girondine vient en effet d’annoncer la signature d’un accord la liant plusieurs années au laboratoire pharmaceutique international Servier. Le partenariat vise à développer des tissus hépatiques, c’est à dire des tissus de foie, afin de tester les effets indésirables des médicaments aujourd’hui mal détectés par les modèles actuels.

 « Ce partenariat vise à améliorer la détection, dès la phase d’essais précliniques, des lésions hépatiques d’origine médicamenteuse, faits assez rares mais qui peuvent entraîner des conséquences graves pour les patients. ».  Explique Poetis dans un communiqué. « Ce potentiel hépatotoxique est mal détecté par les modèles précliniques actuels. Au-delà des modèles animaux, divers modèles de cultures de cellules humaines sont disponibles, mais la plupart manquent de longévité et de complexité, ce qui limite leur utilité en toxicologie. La technologie de bio-impression 4D de Poietis apparaît comme l’une des technologies innovantes qui peuvent aider à surmonter ces limites. »

« une réduction des effets indésirables hépatiques chez les patients dès la phase de tests cliniques »

tissus de peau imprimés en 3D

En utilisant des tissus plus fidèles au foie humain, Servier sera ainsi en mesure d’évaluer plus tôt la toxicité d’une molécule et de l’écarter rapidement. Un atout non négligeable pour le géant pharmaceutique, quand le coût de recherche d’un médicament dépasse aujourd’hui le milliard d’euros ! Ce chiffre exorbitant s’explique notamment par des normes de sécurité de plus en plus élevées, mais aussi par le fait que les molécules les plus faciles ont déjà été trouvées. Le temps de mise sur le marché d’un nouveau médicament est également très long, entre huit et dix ans.

« Ce projet permettra de faire progresser notre compréhension des mécanismes d’hépato-toxicité et d’offrir des tests pour détecter, le plus tôt possible, d’éventuels effets délétères lors du développement de nos médicaments » , précise Nancy Claude, directrice de la sécurité non clinique chez Servier. « On peut s’attendre ainsi à une réduction des effets indésirables hépatiques chez les patients dès la phase de tests cliniques. »

bio imprimante 3d de Poietis

Bio-imprimante 3D NGB 17.03 de Poietis

Avec cette nouvelle collaboration, Poetis va pouvoir diversifier encore un peu plus ses sources de revenus. En effet, si la jeune pousse a déjà engrangé 400 000 € de chiffres d’affaires en 2017, elle est encore loin de son seuil de rentabilité qu’elle espère atteindre d’ici 2021. Pour atteindre son objectif ultime, celui d’apporter un jour sa technologie dans les hôpitaux pour soigner directement des patients, la start-up doit d’abord passer par des levées de fond et des accords de développement.

En début d’année, Poietis avait ainsi levé 5,5 millions € via une collecte de fond sur la plateforme de crowdfunding Wiseed. Pour se donner les moyens de ses ambitions, la start-up n’exclut pas une entrée en bourse. Lauréat de plusieurs concours et récompensée par de nombreux prix d’innovation, ce fleuron de la biotechnologie bordelaise a été classé dans le Top 200 des meilleures start-up françaises selon Express et Ernst&Youn.

Alexandre Moussion