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Des pièces imprimées en 3D validées après 6 mois à bord d’un pétrolier

3D Metalforge, un service d’impression 3D basé à Singapour, a récemment confié avoir testé avec succès trois pièces fonctionnelles imprimées en 3D différentes qui équipaient un pétrolier du nom de Endeavour. L’entreprise parle d’un projet initié en février 2021 qui visait à éprouver des composants imprimés en 3D sur une période de six mois. Installées par le fournisseur de services d’ingénierie Sembcorp Marine, les dites pièces ont été validées par la société de classification American Bureau of Shipping (ABS).

Les parties prenantes expliquent que l’objectif de ce projet consistait en fait à tirer parti de l’impression 3D pour fabriquer trois types de pièces de qualité égale à celles fabriquées selon les méthodes conventionnelles de moulage ou de forgeage, tout en réduisant bien sûr les délais et en améliorant l’efficacité de la chaîne d’approvisionnement. Sur la nature de celles-ci, on apprend qu’il s’agit d’engrenages équipant une pompe à carburant installée dans la chaudière du bateau-citerne, d’un accouplement élastique pour un dispositif d’assainissement marin, et d’une buse d’éjection destinée à un générateur d’eau douce.

« Les performances supérieures de ces pièces en service témoignent des tests rigoureux d’ingénierie, de fabrication et de post-production mis en place par l’équipe impliquée dans cette entreprise », a déclaré Robert Noyer, surintendant de l’ingénierie de ConocoPhillips Polar Tankers. « Nous attendons avec impatience les opportunités futures pour soutenir nos navires avec cette technologie. »

« Le succès de ce projet est de bon augure pour l’adoption de la fabrication additive dans l’industrie maritime »

Après six mois passées à bord du pétrolier les pièces ont été récupérées et inspectées par l’équipage du pétrolier. Après quoi ABS a pu les inspecter à distance et les valider comme étant toujours en bon état de fonctionnement. « Le succès de ce projet est de bon augure pour l’adoption de la fabrication additive dans l’industrie maritime » se réjouit Simon Kuik, responsable R&D de Sembcorp Marine. « Grâce à la fabrication additive, Sembcorp Marine est en mesure de personnaliser les pièces pour nos clients, de réduire le gaspillage de matériaux et d’éliminer les inefficacités de la chaîne d’approvisionnement. Cela augmente notre proposition de valeur en tant que fournisseur de solutions innovantes à guichet unique pour les industries offshore, marine et énergétique et affirme notre éthique de durabilité. »

Principal fournisseur mondial de services de classification et de conseil technique pour les industries maritimes et offshore, ABS a publié plus tôt cette année le Guide ABS pour la fabrication additive. Celui-ci se concentre sur le deux principaux procédés d’impression 3D métal que sont le PBF et le DED, en fournissant des normes pour la conception de la fabrication additive, les matières premières, les processus de construction, l’inspection et les tests.

Le succès de ce projet coïncide avec d’autres initiatives récentes tout aussi encourageantes pour l’industrie Oil&Gas. On pense à la pièce de pipeline réalisée par MX3D, mais aussi l’installation par Vallourec d’un waterbrushing imprimé en 3D en Mer du Nord. Selon un rapport publié en 2019 par le cabinet de conseil GlobalData, l’industrie de la fabrication additive dans le secteur de l’oil&gas, pourrait atteindre les 32 milliards de dollars d’ici 2025 dans le monde, et plus de 60 milliards de dollars à l’horizon 2030.

Jusqu’alors essentiellement employée dans cette industrie pour faire du prototypage à partir de polymères, l’impression 3D métal promet d’y jouer un rôle beaucoup plus important dans les années à venir. L’étude soulignait les nombreuses opportunités offertes par la fabrication additive métallique dans un secteur où les normes environnementales plus strictes, les prix du pétrole volatils et la concurrence toujours plus intense, contraignent de plus en plus les entreprises à se tourner vers des conceptions d’équipements complexes pour atteindre l’efficacité opérationnelle. Outre sa capacité à pouvoir créer rapidement ce genre de pièces, l’impression 3D pourrait aider ses entreprises à réduire ses coûts de stockage en permettant une fabrication à la demande et la mise en place de bibliothèques numériques. Les sociétés pétrolières et gazières sont en effet confrontées à des délais d’approvisionnement particulièrement long pour leurs pièces de rechange, ce qui les contrait de disposer de stocks extrêmement coûteux.

Alexandre Moussion