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La FDA approuve un médicament anticoagulant imprimé en 3D

Par sa faculté de personnalisation et sa grande agilité, l’impression 3D est la solution que les acteurs du pharmaceutique attendaient pour résoudre certaines des grandes problématiques inhérentes à la fabrication traditionnelle de médicaments.

En effet, qualifiée de « traitement par lot », le processus de production classique de nos médicaments de grande consommation, comme le Paracétamol, s’appuie sur des procédés qui ont le défaut d’être particulièrement laborieux et chronophage. Plusieurs semaines, voire même des mois sont nécessaires pour les fabriquer.

Si cette méthode est idéale pour des médicaments de masse, elle n’est pas adaptée lorsqu’il s’agit de répondre à des besoins posologiques spécifiques ou de produire de petites quantités pour des essais cliniques.

Et sur le plan économique, autant dire que la production de quelques centaines de comprimés ne peut être viable. Face à ces défis, l’impression 3D se présente donc comme une solution game changer, permettant une fabrication à la fois plus flexible, plus rapide et mieux adaptée à des doses personnalisées.

C’est dans ce contexte que l’impression 3D de médicaments gagne du terrain, qu’il s’agisse d’apporter des imprimantes 3D dédiées ou des solutions thérapeutiques à l’industrie pharmaceutique.

Dernièrement c’est une société chinoise du nom de Triastek, qui a obtenu l’autorisation de la FDA pour un médicament oral anticoagulant imprimé en 3D. Baptisé T20G, ce traitement est plus exactement un NOAC (anticoagulant non antagoniste de la vitamine K), pour être testé en tant que médicament expérimental.

« Avec l’autorisation de l’IND du T20G en Chine et aux États-Unis, Triastek franchit une étape importante dans le domaine de l’administration de médicaments par rétention gastrique », a déclaré le Dr Feihuang Deng, vice-président de la technologie chez Triastek. « Ces deux approbations réglementaires contribueront à accélérer le développement du T20G et nous permettront de proposer des solutions pharmaceutiques de haute qualité aux patients du monde entier. »

« Le traitement anticoagulant demeure l’intervention thérapeutique fondamentale pour la prévention des accidents vasculaires cérébraux (AVC) chez les patients atteints de FA. »

Illustration de la technologie d'impression 3D MED développée par Triastek

Illustration de la technologie d’impression 3D MED développée par Triastek

Se présentant sous la forme d’une gélule, le T20G est un médicament qui a été conçu pour traiter la fibrillation auriculaire, une pathologie cardiaque qui se caractérise par une activité électrique erratique et accélérée des oreillettes, les cavités supérieures du cœur.

Cette dysfonction entraîne une contraction désorganisée et inefficace des oreillettes, suivie par une contraction rapide et irrégulière des ventricules, provoquant ainsi une tachyarythmie. Environ 1 à 2 % de la population mondiale serait concerné, soit de 30 à 100 millions de cas dans le monde.

Sur le procédé employé, le T20G est imprimé selon un procédé exclusif de dépôt par extrusion de matière fondue et moulage par micro-injection (MED&MIM). Avec ce médicament, le patient n’est contraint qu’à une seule prise quotidienne, contrairement aux médicaments habituels qui exigent deux prises par jour. Cela rend le traitement plus simple à suivre pour les patients et facilite la gestion du dosage. Par sa conception en trois couches, le T20G libère aussi plus lentement le principe actif dans l’estomac, ce qui aide à mieux l’absorber dans le système digestif et améliore l’efficacité du traitement.

Une couche entérique protège la structure du comprimé dans l’estomac et se dissout en fonction du pH une fois qu’il atteint l’intestin grêle, exposant ainsi la couche de retard qui libère le médicament de manière prolongée.

Ajustable selon l’épaisseur des polymères, ce mécanisme d’érosion assure une libération progressive, jusqu’à ce que le noyau médicamenteux soit totalement libéré dans le côlon ascendant.

Le T20G est un comprimé qui a été conçu pour traiter la fibrillation auriculaire, une pathologie cardiaque qui se caractérise par une activité électrique erratique et accélérée des oreillettes, les cavités supérieures du cœur. Cette dysfonction entraîne une contraction désorganisée et inefficace des oreillettes, suivie par une contraction rapide et irrégulière des ventricules, provoquant ainsi une tachyarythmie.

« Le traitement anticoagulant demeure l’intervention thérapeutique fondamentale pour la prévention des accidents vasculaires cérébraux (AVC) chez les patients atteints de FA. » Commente Triastek avant de conclure : « Parmi les options thérapeutiques disponibles, les NACO se sont imposés comme les agents pharmacologiques privilégiés en raison de leurs profils de sécurité et d’efficacité supérieurs à ceux des thérapies traditionnelles. Compte tenu de cet avantage clinique, les NACO sont recommandés comme traitement de première intention dans les principales recommandations, notamment celles de l’American Heart Association (AHA), de la Société européenne de cardiologie (ESC) et de l’Asia-Pacific Heart Rhythm Society (APHRS) [2–4]. »

Depuis sa création en 2015,  a déposé 213 demandes de brevets dans 10 pays pour des formes posologiques solides imprimées en 3D, dont 68 ont été accordées. D’autres produits de la société chinoise, dénommés T19 et T20 (voir photo ci-dessous), ont déjà obtenu l’autorisation de mise sur le marché la FDA. Développés en interne, ces comprimés sont respectivement destinés au traitement de la polyarthrite rhumatoïde, des troubles cardiovasculaires et de la coagulation, et de la colite ulcéreuse.

Destiné au traitement de la polyarthrite rhumatoïde, T19 est un autre médicament imprimé en 3D de Triastek validé par la FDA (2021)

Destiné au traitement de la polyarthrite rhumatoïde, T19 est un autre médicament imprimé en 3D de Triastek validé par la FDA (2021) (crédits photo : Triastek)

Alexandre Moussion