Bien que timide encore, le déploiement de la fabrication additive dans le BTP est une réalité que l’on peut observer aux quatre coins du monde. Particulièrement bien représentée sur ce segment avec plusieurs start-up innovantes comme XtreeE et Constructions 3D, la France enregistre sur son territoire plusieurs réalisations qui démontrent la faisabilité et les nombreux avantages de l’impression 3D pour le bâtiment. Comme de nombreux industriels de la construction, le français Bouygues prépare l’avenir de cette technologie en expérimentant différents projets. Partenaire du projet Yhnova en 2017, une maison nantaise de 95 m2 imprimée par Batiprint, le géant de la construction oeuvre depuis deux jours à la réalisation d’une loge de gardien en Normandie.
Située au cœur de la Résidence Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny à Harfleur, cet espace de 24 m2 baptisé Sphère, servira à accueillir les locataires du bailleur social Immobilière Basse Seine. Pour cette expérimentation, les deux protagonistes du projet, Bouygues Bâtiment Grand Ouest et l’architecte Archétude, ont fait appel à la start-up néerlandaise CyBe. Cette jeune entreprise d’impression 3D, si vous ne l’a connaissez pas encore, a développé un système à bras robotique 6 axes qui permet d’imprimer directement sur site des parois en béton en couches successives.
Pour ce projet, on apprend que les murs du bâtiment sont imprimés en neuf pièces verticales indépendantes de 3,5m de haut sur 2,5m de largeur. Les différentes couches de béton superposées par le robot de CyBe, renferment l’isolant ainsi qu’une structure de chaînage.
« J’ai fait le calcul avec les équipes de CyBe, on a mis à peu près un tiers de béton en moins »
Les formes arrondies de la loge, et non droites comme c’est souvent le cas avec les ouvrages classiques, se prêtent on le sait, particulièrement bien à la complexité géométrique de l’impression 3D. Comme d’autres expérimentations l’ont déjà très bien démontré, les délais de construction sont aussi considérablement raccourcis par apport aux techniques traditionnelles (10 jours dans le cas présent), sans oublier l’économie importante réalisée sur les matériaux.
« Cela permet de faire des formes architecturales complexes, avec beaucoup de compétitivité et une grande maîtrise ». Commente Bruno Linéatte, Directeur R&D Modes Constructifs Bouygues Construction. « À terme cette technique nous permettra de mettre moins de matière juste au bon endroit… J’ai fait le calcul avec les équipes de CyBe, on a mis à peu près un tiers de béton en moins que son équivalent dans une méthode traditionnelle. »
Avec l’impression 3D, les coûts de main-d’oeuvre se trouvent eux aussi réduits par apport aux techniques traditionnelles, le robot CyBe ne nécessitant que deux opérateurs pour fonctionner. À ce sujet Bouygues ne manque pas de souligner l’autre bénéfice de l’impression 3D, à savoir la diminution des tâches pénibles et répétitives sur les chantiers. La fabrication additive est particulièrement attendue sur ce point, promettant de rendre le secteur du bâtiment plus attractif auprès de la nouvelle génération qu’elle peine de plus en plus à recruter.