Lentement mais sûrement la fabrication additive poursuit son incursion dans le secteur du bâtiment. Séduits par ses nombreux avantages de liberté géométrique, d’économie de temps et de matériau, de plus en plus d’acteurs du BTP et de collectivités rejoignent le mouvement. Dans ce secteur, la jeune pousse parisienne XtreeE est certainement son représentant français le plus prolifique. Depuis sa création en 2015, la start-up tricolore a déjà pris part à plus d’une quarantaine de réalisations et projets en cours, qu’il s’agisse de maisons, de pylônes télécom, de mobiliers urbains, de regards d’égouts ou encore de récifs artificiels.
Et ce n’est pas fini, puisqu’on apprend aujourd’hui que le groupement auquel appartient la start-up française, s’est vu confier la réalisation d’une passerelle en béton imprimée 3D pour les Jeux Olympiques de 2024. La Plaine Commune Grand Paris qui est un établissement public territorial (EPT) regroupant 9 villes au nord de Paris, a chargé au groupement dirigé par Freyssinet en association avec Lavigne & Cheron Architectes, Quadric, XtreeE et LafargeHolcim la conception et la réalisation d’une passerelle piétonne de 40 mètres à Aubervilliers. La technologie à grande échelle d’XtreeE servira à la fabrication de son tablier en béton, c’est à dire la structure qui supporte les charges.
À nouveau, la start-up se voit mettre à sa disposition un formidable terrain de jeu pour faire la démonstration des bénéfices de l’impression 3D, comme la baisse des coûts, l’augmentation de la durabilité de l’ouvrage, et l’accélération du temps de travail. Pour cet ouvrage, des objectifs très importants ont également été fixés en terme de matières consommée, soit une réduction de 60 % comparé aux ouvrages en béton.
« Pour cette première mondiale, avec l’impression en 3D de béton structurel, la construction entre pleinement dans l’ère de l’industrialisation 4.0. » Commente XtreeE. « La conception numérique de l’ouvrage, la réalisation dans des conditions industrielles des éléments de la passerelle et leur assemblage rapide sur le chantier apportent agilité et frugalité : moins de transport, suppression des coffrages, donc moins de matière consommée. »
« En se dotant d’une unité d’impression 3D connectée, nos clients acquièrent non seulement la capacité de produire eux-mêmes… »
L’annonce de ce nouveau projet coïncide aussi avec l’ouverture imminente de deux nouvelles unités d’impression 3D connectées d’XtreeE, aux Etats-Unis et au Japon. Après son usine pilote de Rungis, un premier système opérationnel à l’École des Ponts ParisTech (France) et l’ouverture aux Emirats Arabes Unis en juin 2019, cette deuxième unité de production, opérée par Concreative, conforte l’objectif que XtreeE s’est fixée : structurer un réseau de 50 unités à l’horizon 2025 pour produire efficacement aux quatre coins du globe des éléments de construction structurels sur mesure.
« En se dotant d’une unité d’impression 3D connectée, nos clients acquièrent non seulement la capacité de produire eux-mêmes, au plus proche de leur marché, mais aussi celle de maîtriser la chaine numérique de conception de leurs réalisations en collaborant au sein du réseau que nous sommes actuellement en train d’étendre. », conclut le cofondateur d’XtreeE Alban Mallet.
Si bien sûr ce n’est pas la première fois que la fabrication additive est utilisée pour un pont, celui d’XtreeE pourrait être le plus grand imprimé en 3D. Les autres projets réalisés jusqu’alors au moyen de matériaux composites, d’acier, ou de béton, mesuraient une quinzaine de mètres maximum.