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BATIPRINT3D™ : une start-up nantaise pour faire entrer l’impression 3D dans le BTP

impression 3D Batiprint

Ce sont près de deux ans déjà qui se sont écoulés depuis la construction à Nantes du tout premier logement habitable au monde imprimé en 3D. Baptisé Yhnova, ce projet fou né de la détermination d’enseignants chercheurs de l’IUT de Nantes et de plusieurs acteurs du publique et du privé, prend désormais un nouveau tournant avec la création d’une start-up dénommée BATIPRINT3D™. Les protagonistes du projet, Benoit Furet, Philippe Poulain et Sébastien Garnie, trois enseignants-chercheurs de l’Université de Nantes, viennent de s’associer à un entrepreneur local pour créer la start-up qui proposera de nouvelles solutions pour la robotisation du BTP. Objectif : devenir les leaders européens de la modernisation du BTP.

Loin du battage médiatique qu’il avait suscité à l’époque, le logement en forme de Y continue d’abriter une famille de locataire dans le quartier de la Bottière. Pour le CEO de BATIPRINT3D™ Hedy Zouaoui, ancien dirigeant Vendéen de Seribat Construction, la solution mise en œuvre pour Yhnova doit désormais évoluer vers de nouveaux logements plus écologiques. Car sur ce point, la combinaison béton et mousse isolante Polyuréthane n’était pas satisfaisante. Une alternative associant béton bas carbone et terre crue est donc développée par Benoît Furet et son équipe. Les premiers résultats seraient très probants.

Pour autant la technologie développée par Batiprint3D présente on le sait de nombreux avantages, notamment celui de mieux répondre aux contraintes des normes françaises de construction. Alors que la plupart de ses concurrents pratiquent l’impression directe de béton (ce qui nécessite dans le cas de Constructions 3D par exemple, de couler à posteriori du béton armé traditionnel et d’ajouter du ferraillage dans certaines cavités), la machine mobile mise au point par Batiprint imprime quant à elle des banches creuses en mousse polymère au sein desquelles est coulé du béton au fur et à mesure de la progression de la construction. « Avec ce procédé, nous faisons d’une pierre deux coups, puisque la structure est en béton et l’isolation interne et externe de la maison est assurée par la mousse polymère. » Expliquait Benoît Furet dans une interview à Primante3D. Notre logement répond aux normes RT2012 – 40%, il est donc très économe. »

« construire mieux, en sécurité, plus vite, moins cher et durable »

équipe Batiprint3D

De gauche à droite : Philippe Poullain, Sébastien Garnier, enseignants-chercheurs et associés de Batiprint 3D, Hedy Zouaoui, PDG de Batiprint 3D, Olivier Laboux, président de l’Université de Nantes, Benoit Furet, et Vincent Lamande, Président de la SATT Ouest Valorisation. Photo via unnews.univ-nantes.fr

Si couler directement du béton reste toujours plus facile que de l’imprimer, la liberté de formes permise par l’impression 3D laisse entrevoir des perspectives ô combien passionnantes pour le bâtiment. Les lignes courbes ont en effet depuis longtemps prouvé leur efficacité, autant sur le plan de la résistance mécanique et de performance thermique que de confort sensoriel. Quand bien même la fabrication additive ne voue pas à remplacer les techniques traditionnelles mais plutôt à intervenir en complément, la pénibilité du travail et la pénurie de main d’oeuvre auxquelles doit faire face le secteur du bâtiment ne font que confirmer l’intérêt de cette technologie.

L’isolation de façade imprimée au moyen de matériaux recyclés, c’est l’autre axe fort de développement de BATIPRINT3D™. C’est pourquoi la start-up travaille actuellement avec le spécialiste des matériaux biosourcés Soprema, pour développer une mousse isolante à partir de bouteilles plastique en PET recyclées. Les murs isolés d’une maison pourraient ainsi permettre le recyclage de 12 000 bouteilles en plastique, estime Benoît Furet. « C’est très belle aventure qui démarre » a déclaré Hedy Zouaoui. « Nous avons l’ambition de devenir le leader européen de la modernisation du BTP , pour construire mieux, en sécurité, plus vite, moins cher et durable. »

La start-up tricolore ne manque pas de projets pour les années à venir. Plusieurs constructions 3D pourraient voir le jour au niveau national et européen, dont une maison à deux étages, un bâtiment en forme de galet pour un centre commercial Atoll à Angers et un lot de 9 logements. Pour répondre au carnet de commande, la jeune pousse prévoit le recrutement d’une dizaine de personnes dans les 3 prochaines années.

Alexandre Moussion