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L’hôpital de Salzbourg pose avec succès un implant crânien imprimé en 3D

Rainer Trummer posant devant l'imprimante 3D à l'origine de son implant

Rainer Trummer posant devant l’imprimante 3D à l’origine de son implant (crédits photo : Hôpital universitaire de Salzbourg)

En 2023, les bienfaits de l’impression 3D pour notre santé ne sont plus plus à démontrer. Sa capacité à produire des dispositifs médicaux sur-mesure et personnalisés pour le patient, souvent même accompagnée d’une réduction des délais de fabrication et des coûts associés, ont été maintes fois prouvées.

Ce n’est pas « notre patient du jour » Rainer Trummer, qui contredira cette idée. Àgé de 55 ans cet autrichien touché par une malformation crânienne appelée craniosténose, a vu sa vie transformée grâce à l’impression 3D. Informaticien de profession, ce cinquantenaire a une longue histoire de souffrance derrière lui.

En effet, la craniosténose dont il est atteint, est une maladie congénitale qui se caractérise par l’ossification prématurée des os crâniens pendant l’enfance, entraînant ainsi une déformation du crâne. « Surtout quand j’étais enfant, on me taquinait souvent. Plus tard, les gens en disaient moins, mais on voyait ce qu’ils pensaient. Bien sûr, ça m’a marqué. » explique Rainer Trummer. Pendant longtemps, Trummer a donc cherché un médecin qui pourrait l’aider. Malheureusement une opération déjà prévue à l’étranger a été annulée à cause de la pandémie de Covid et n’a pu être reprogrammée.

Fort heureusement, ce habitant de Salzbourg a trouvé son salut en la personne du professeur Alexander Gaggl, chef du service de chirurgie buccale et maxillo-faciale de l’hôpital universitaire de Salzbourg, et son équipe : « Je connaissais le professeur Gaggl depuis une autre opération en 2012 et j’avais une totale confiance en lui. »

Le professeur Gaggl et son équipe ont alors décidé d’un traitement très particulier : « Dès le début, nous avions prévu de remplacer l’occiput visuellement manquant par une prothèse. Cependant, nous avons fait face au défi que le cuir chevelu est très tendu et à peine étirable. »

Pour cette raison, l’an passé, Rainer Trummer a dû se faire implanter un ballon en plastique sous son cuir chevelu, qui a ensuite été rempli de solution saline pendant 6 mois jusqu’à ce qu’il atteigne la taille de l’implant prévu. Un total de 250 millilitres de solution saline ont été pompés dans le ballon.

« Je vais très bien, je suis totalement heureux… Je n’ai pas l’impression d’avoir un implant dans la tête »

Le patient Rainer Trummer (55 ans) s'est vu implanter une prothèse occipitale créée et imprimée en 3D directement à l'Hôpital universitaire de Salzbourg

Le patient Rainer Trummer (55 ans) s’est vu implanter une prothèse occipitale créée et imprimée en 3D directement à l’Hôpital universitaire de Salzbourg (crédits photos : Hôpital universitaire de Salzbourg)

Réalisé le 10 février dernier, la pose de l’implant imprimé en 3D, constitue une première pour l’hôpital de Salzbourg. C’est d’ailleurs ici même qu’a été modélisé le dispositif. Médecin-chef du département de chirurgie buccale et maxillo-faciale, Simon Enzinger explique que des ingénieurs ont créé un modèle de prothèse occipitale d’un diamètre de 12 et d’une épaisseur allant jusqu’à 3 centimètres sur l’ordinateur à l’aide des images CT du patient.

Après quoi l’implant a été imprimé sur une machine appartenant à 3D Systems, plus exactement la Kumovis R, une imprimante 3D issue du rachat d’un fabricant allemand éponyme. Réalisée dans des conditions de salle blanche à partir d’un filament PEEK – un polymère technique connu pour sa résistance élevée et sa biocompatibilité – l’impression a duré environ 10 heures.

Quelques jours avant le 55e anniversaire de Rainer Trummer, le professeur Gaggl et le médecin-chef Enzinger ont effectué l’intervention, qui a duré 6 heures – un temps relativement « court » selon ce dernier. Il ajoute : « Nous avons fixé l’implant au sommet du crâne avec 4 plaques et 8 vis. » Et avec un sourire, il ajoute: « Il résiste aux bombes! »

Six semaines plus tard, les plaies chirurgicales du patient ont en grande partie cicatrisé. « Je vais très bien, je suis totalement heureux !« se réjoui Rainer Trummer. « Je n’ai pas l’impression d’avoir un implant dans la tête, mais maintenant j’ai une tête complètement ‘normale‘. C’est comme un miracle pour moi. »

En Europe, l’hôpital universitaire de Salzbourg faire figure de pionnier de l’impression 3D. La création de son laboratoire d’impression 3D s’inscrit dans une stratégie de numérisation que l’hôpital a poursuivie de manière constante depuis le début de la pandémie de Covid. « Nous pensons que ce succès fournit une démonstration concrète du potentiel d’amélioration des résultats orthopédiques grâce à l’utilisation de technologies de fabrication numérique complètes en milieu hospitalier. » conclut 3D Systems. « L’accent que nous mettons sur la mise en œuvre de ces technologies intégrées au point de service est une priorité clé pour notre société, et nous pensons qu’elle apportera des avantages significatifs aux patients du monde entier dans les années à venir. »

Cette dernière décennie, 3D Systems aurait participé à plus de 150 000 cas spécifiques de patients et fabriquer de manière additive plus de deux millions d’implants et d’instruments pour plus de 100 dispositifs marqués CE et approuvés par la FDA à partir de ses installations de classe mondiale, enregistrées auprès de la FDA et certifiées ISO 13485 à Littleton, Colorado, et Louvain, Belgique.

De gauche à droite : le professeur Alexander Gaggl, directeur de la clinique universitaire de chirurgie buccale et maxillo-faciale, Rainer Trummer, DDr. Simon Enzinger, chef de clinique exécutif de la clinique universitaire de chirurgie buccale et maxillo-faciale

De gauche à droite : le professeur Alexander Gaggl, directeur de la clinique universitaire de chirurgie buccale et maxillo-faciale, Rainer Trummer, et Simon Enzinger, chef de clinique exécutif de la clinique universitaire de chirurgie buccale et maxillo-faciale (crédits photo : Hôpital universitaire de Salzbourg)

Alexandre Moussion