En dépit des nombreux freins réglementaires auxquels elle doit faire face, l’impression 3D de dispositifs médicaux implantables continue de progresser. Cette fois-ci, un nouveau cap a été franchi par le biais de la Food and Drug Administration (FDA), l’autorité en charge du contrôle des aliments et des médicaments aux Etats-Unis, qui a récemment autorisé des implants imprimés en PEEK. Une première.
Derrière cette avancée se cache un certain Curiteva, une société américaine qui a mis au point une cage cervicale intersomatique imprimée en 3D. Un implant baptisé « Inspire Porous PEEK », dont on apprend qu’il se destine plus exactement à la fusion intersomatique cervicale antérieure chez les patients présentant une « dégénérescence discale cervicale et/ou une instabilité vertébrale cervicale. »
« Le système de fusion intersomatique cervicale en PEEK poreux Inspire est le tout premier implant en PEEK imprimé en 3D que la FDA a jamais approuvé 510(k). Cela représente un changement radical de paradigme quant à la façon dont les implants PEEK pourraient être fabriqués à l’avenir. » se félicite le co-fondateur et directeur de la technologie de Curiteva, Eric Linder,
L’intérêt de l’impression 3D pour les implants, si vous ne le savez pas encore, est qu’elle permet de réaliser des dispositifs offrant davantage de personnalisation et de complexités de formes. En effet, dans un secteur comme celui de l’orthopédie, les pathologies se prêtent mal aux normes standardisées. Lorsque l’utilisation de la fabrication additive est possible, non seulement le patient bénéficie d’implants mieux adaptés à sa morphologie, mais aussi d’une meilleure reconstruction osseuse. Le risque d’infection et de douleurs post-opératoires s’en trouvent également considérablement diminués.
« Il s’agit d’une véritable plate-forme technologique qui nous permet de concevoir des dispositifs médicaux différenciés avec des zones poreuses/denses sélectives »
Par sa liberté de conception, l’impression 3D permet de fabriquer des implants rachidiens avec des structures dits réticulaires, c’est à dire en réseau, chose qui n’est pas possible avec des techniques de fabrication conventionnelles. On obtient ainsi des caractéristiques externes poreuses très proche d’un os véritable, ce qui qui favorise la repousse osseuse et la jonction (l’ostéintégration).
L’autre bénéfice de cette approche est que les implants sont plus légers, sans pour autant perdre leur résistance et leur performance. Les propriétés du PEEK, un polymère dont on connaît la résistance et les propriétés de résistance et de biocompatibilité, favorisent cela.
Parce qu’il est évident que l’implant a été réalisé sur un système de type FDM (dépôt de filament fondu), j’ai immédiatement pensé à Evonik, l’un des rares fabricants à proposer un filament PEEK qui soit ostéoconducteur. En vérifiant cette piste, l’information est d’ailleurs confirmée sur le site de Curiteva.
Dévoilé il y a près d’un an, ce filament se nomme VESTAKEEP® iC4800 3DF. Un matériau à base de PEEK qui a donc la particularité d’être ostéoconducteur. Ce qui signifie qu’il peut recevoir la repousse osseuse par invasion vasculaire et cellulaire à partir du tissu osseux receveur.
Les propriétés de résistance et de biocompatibilité du PEEK ont été mélangées à un additif spécial appelé phosphate de calcium biphasique (BCP). C’est ce composant qui permet aux cellules osseuses d’adhérer plus rapidement aux implants, favorisant ainsi la jonction entre l’os et l’implant. Selon le communiqué de presse de la société, l’implant en question est fabriqué avec « une imprimante 3D propriétaire et brevetée de fabrication de filaments fondus conçue, programmée et construite par Curiteva. »
« Nous avons conçu, programmé et construit notre technologie d’impression 3D exclusive et brevetée à partir de zéro. Il s’agit d’une véritable plate-forme technologique qui nous permet de concevoir des dispositifs médicaux différenciés avec des zones poreuses/denses sélectives en utilisant un système bien connu et supérieur. matériau de l’implant (par exemple, radioclarté, module d’élasticité). » explique Eric Linder avant de conclure : « Le traitement de surface nanotechnologique HA FUSE et la nouvelle structure poreuse PEEK créent un environnement hydrophile et bioactif pour la fixation, la prolifération et la guérison des cellules. »