La montée en maturité industrielle de l’impression 3D s’accompagne d’une demande toujours plus importante des professionnels et des industriels pour les matériaux dits techniques. Cette situation a conduit les fabricants de machines et les acteurs de la chimie à phosphorer pour développer des solutions capables de traiter des thermoplastiques à résistances mécaniques et températures élevées. C’est précisément le cas d’Essentium, un fabricant américain qui a mis à profit son expertise en fabrication électronique à grande vitesse, pour développer des imprimantes 3D FDM capables non seulement de vitesses d’impression très élevées (jusqu’à 500 mm / seconde), mais de traiter des matériaux à très haute température (jusqu’à 600 °C).
La dernière fierté de l’entreprise se nomme HSE (High-Speed Extrusion) 280i HT, une imprimante dotée d’une nouvelle fonctionnalité « IDEX » (abréviation de Independent Dual Extrusion) permettant d’utiliser plus d’un matériau à la fois. Cette méthode dont le fabricant espagnol BCN3D est le précurseur, permet de disposer de véritables doubles extrudeuses indépendantes, dans lesquelles chaque tête est entièrement indépendante sur les axes X et Y.
Outre le fait de pouvoir imprimer deux matériaux à la fois, l’IDEX offre différents modes d’impression 3D tels que : la « duplication », où chaque extrudeur peut imprimer deux objets identiques en même temps ; ou « Miroir », un autre mode qui permet d’imprimer un objet deux fois plus rapidement qu’avec un seul extrudeur, en faisant travailler chaque buse de son côté sur une moitié de l’objet. Cette approche non seulement permet un gain de temps pour les fabricants, mais aussi une réduction considérable des coûts de post-traitement.
Comme toute imprimante 3D haute performance digne de ce nom, la HSE 280i HT dispose bien sûr d’un système de chauffage, une fonctionnalité qui va de pair avec l’utilisation de matériaux haute température, plus sujets aux déformations et gauchissements. La dernière née d’Essentium se distingue cependant par l’emploi d’une méthode de chauffage multimodale de l’enceinte de fabrication, éliminant ainsi le besoin pour les fabricants d’attendre que la chambre ne se réchauffe pour lancer l’impression.
« L’industrie manufacturière s’oriente de plus en plus vers un avenir plus agile rendu possible par la fabrication additive »
La sortie de la nouvelle imprimante s’accompagne également d’un nouveau matériau développé en collaboration avec le Groupe LEHVOSS, une société de produits chimiques basée à Hambourg, en Allemagne. Leur partenariat initié l’année dernière, a débouché sur un premier matériau appelé l’Essentium PP-CF. Essentium précise qu’il s’agit d’un filament polypropylène fabriqué avec de la résine LUVOCOM® 3F qui a été renforcé avec 20 % de fibres de carbone. Les pièces imprimées avec, présenteraient une grande résistante aux produits chimiques ainsi qu’une rigidité supérieure à celles des polyoléfines non renforcées. Ce matériau serait idéal pour les applications de moulage de silicone et d’uréthane.
En dehors des spécifications techniques, aucun ordre de prix n’a filtré pour la HSE 280i HT. À titre de comparaison sa petite sœur HSE 180S est proposée pour environ 130 000 €. Avec cette nouvelle machine capable d’assurer aussi bien des applications prototypage fonctionnel que de la production à grande échelle, Essentium ciblerait des secteurs comme l’aérospatiale, l’électronique, l’automobile et les biens de consommation.
Blake Teipel, PDG d’Essentium, conclut : « L’industrie manufacturière s’oriente de plus en plus vers un avenir plus léger et plus agile rendu possible par la fabrication additive. C’est le début d’un changement radical, où des milliards seront économisés grâce à de nouveaux modèles économiques et de production. Mais ce changement nécessite une innovation continue et implacable pour être en mesure de faire des choses qui n’étaient pas faites auparavant, de fabriquer des pièces qui n’avaient pas été fabriquées auparavant – et de fabriquer des choses qui n’avaient pas été fabriquées auparavant. »