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Des prothèses dentaires imprimées en 3D capables de libérer des médicaments antifongiques

9,7 milliards de dollars, c’est le montant des revenus que devrait être généré par le marché de l’impression 3D dentaire à l’horizon 2027 selon Smartech Publishing. Sur ce marché porté par une croissance fulgurante de 35 % par an, de plus en plus de professionnels, qu’ils soient dentistes, prothésistes ou laboratoires se tournent vers la fabrication additive pour produire plus efficacement leurs dispositifs médicaux en complément des techniques classiques. La faculté de personnalisation de l’impression 3D qui explique en partie ce succès, fait l’objet de nombreuses recherches médicales à travers le monde.

Dernièrement, ce sont des chercheurs de l’Université d’État de New York à Buffalo qui ont utilisé l’impression 3D pour créer un nouvel appareil dentaire particulièrement novateur. Les protagonistes sont parvenus à créer un ensemble de prothèses capables de traiter les infections fongiques désagréables qui peuvent se développer dans la bouche des porteurs. Contrairement aux traitements classiques de bains de bouche antiseptiques, de bicarbonate de soude ou de désinfection par micro-ondes qui obligent le porteur à retirer au préalable leur appareil, ce dispositif imprimé en 3D est capable d’administrer le traitement antifongique pendant le port.

« L’application antifongique pourrait s’avérer inestimable chez les personnes très sensibles à l’infection »

Une étude publiée dans la revue Materials Today Communications intitulée « Interfaces prothétiques fonctionnalisées utilisant l’impression 3D », révèle que les chercheurs sont parvenus à intégrer pendant l’impression, des capsules microscopiques qui libèrent périodiquement un médicament antifongique appelé amphotéricine B. « L’impact majeur de ce système d’impression 3D innovant est son impact potentiel sur les économies de temps et d’argent« , explique Praveen Arany, DDS, PhD, auteur principal de l’étude et professeur adjoint au département de biologie orale de l’UB School of Dental Medicine. « L’application antifongique pourrait s’avérer inestimable chez les personnes très sensibles à l’infection, comme les personnes âgées, hospitalisées ou handicapées. »

« des propriétés mécaniques comparables aux méthodes de fabrication conventionnelles »

Concernant la nature du matériau utilisé pour cette prothèse, la publication nous apprend qu’il s’agit d’un filament polymère PMMA associé à un acrylamide conçu pour transporter les charges utiles antifongiques. Un système de pompe à seringue a permis de combiner le polymère dentaire et les microsphères pendant le processus d’impression. Biodégradables et perméables, ces microsphères protègent le médicament pendant le processus d’impression, puis lorsqu’ils se dégradent au fil du temps, ils libèrent alors graduellement leurs charges dans la bouche du patient pour combattre les infections qui peuvent provoquer une inflammation de la bouche.

« Les résultats démontrent la capacité des prothèses imprimées en 3D à conserver des propriétés mécaniques comparables aux méthodes de fabrication conventionnelles. » Explique l’étude. « En outre, la surface PCL-PMMA était capable de libérer le médicament sur des périodes de temps prolongées et était capable de réduire activement la colonisation par Candida albicans dans un test de biomasse. »

Les résultats de ces travaux ne font que souligner encore un peu plus le formidable potentiel de personnalisation thérapeutique de l’impression 3D. Elle pourrait en effet ouvrir la voie à un incroyable panel de dispositifs médicaux comme des implants, des attelles, des stents ou encore des prothèses, capables de délivrer aux patients un traitement sur-mesure et ciblé. Cet aspect intéresse aussi beaucoup l’industrie pharmaceutique. En début d’année le prestigieux laboratoire pharmaceutique de Cambridge Cycle Pharmaceuticals s’associait au groupe pharmaceutique américain Aprecia Pharmaceuticals pour commercialiser des médicaments imprimés en 3D pour les maladies rares.

Alexandre Moussion