
(crédits photo : DAGOMA)
C’était il y a deux ans déjà, le pionnier de l’imprimante 3D grand public en France, DAGOMA, opérait son virage professionnel. Un changement de cap entrepris après que l’entreprise roubaisienne ait dû faire face à quelques turbulences dont un placement en redressement judiciaire en raison d’un désaccord entre ses actionnaires, sur fond de concurrence toujours plus féroce des machines chinoises low-cost. Incarné notamment par la PRO 430, une imprimante 3D professionnelle cartésienne grand format lancée en 2021, ce pivot B2B s’élargit aujourd’hui avec le lancement de « SIGMA PRO 500Z », une machine de type delta. Pour vous faire découvrir la nouvelle née de la marque au triangle et les dernières évolutions de l’entreprise, PRIMANTE3D a interviewé son co-fondateur Matthieu Régnier.
« Les changements d’orientation sont des moments forts pour une entreprise, c’est en quelque sorte une perte de certains repères, il faut ré-apprendre, se ré-inventer ! »

Matthieu Régnier
Bonjour Matthieu, pour ceux qui ne te connaîtraient pas encore, pourrais-tu rappeler un peu les circonstances qui t’ont conduit jusqu’à l’aventure DAGOMA et cette philosophie que tu as souhaité insuffler à cette entreprise à sa genèse ?
Depuis de tout début de l’aventure DAGOMA (2013), nous sommes à poursuite de plusieurs
objectifs en cascade :
– Concevoir, produire et vendre des imprimantes 3D en France, dans le but de :
– Démontrer qu’une Relocalisation de la production est possible et qu’elle fait sens,
ET
– Amener à nouveau des Savoirs et des Savoir-Faire au niveau local : c’est-à-dire partout où il y a des besoins, au plus proche de ces besoins. Et l’impression 3D est pour nous un prétexte rempli
de sens car c’est une technologie pleine de sens et de pertinence en micro local.
« le plaisir de l’impression 3D chez les particuliers est mis de côté au profit de déplacements, de voyages, et d’autres activité »
Depuis ses débuts couronnés de succès avec ses imprimantes 3D grand public, jusqu’à son récent pivot vers le segment professionnel, DAGOMA a traversé de nombreuses transformations et bouleversements depuis sa création (2013). Raconte-nous comment tu as vécu ces périodes, et quelles réflexions vous ont guidé pour rebondir face aux défis du marché ?

Quelques-unes des 300 imprimantes qui composent le parc machines de DAGOMA (crédits photo : DAGOMA)
En effet, nous avons eu de la chance : nous sommes arrivés au bon moment, à un endroit (la France) ou il y avait de l’envie et une soif de découverte de l’impression 3D. Depuis fin 2017, début 2018, le chemin est plus sinueux. Nous avons eu tout d’abord, et cela jusque fin 2020 des sujets actionnariaux stratégiques. Cela a été long et douloureux pour toute l’équipe de DAGOMA. Ensuite, depuis quelques années, nos confrères – concurrents chinois – principalement sont très forts : forts en prix, et fort en fonctionnalités. Il ne leur manque « que » le Service Client (et parfois quelques normes CE/NF).
Or, en ces temps d’inflation et incertains, il est évident que le « plaisir » de l’impression 3D chez les particuliers est mis de côté au profit de déplacements, de voyages, et d’autres activité. D’ailleurs, l’ensemble du segment particulier est en décroissance. Nous réalisons depuis (presque) toujours de la fabrication à la demande pour des industriels, partenaires, entreprises locales. Cependant, nous n’avions jamais décidé d’en parler avant 2021. C’est désormais tout l’inverse, car contrairement au marché particulier, le marché des industriels est en croissance.
« Certains industriels sont encore frileux. C’est tout à fait normal : il faut essayer, se rassurer ; puis mettre en place, et contrôler »

Mathieu Beseme, le directeur général de DAGOMA, et Matthieu Régnier, son président et co-fondateur historique (crédits photo : DAGOMA)
Certains industriels sont encore frileux. C’est tout à fait normal : il faut essayer, se rassurer ; puis mettre en place, et contrôler ; puis changer le processus pour de bon, et accepter, accueillir cette nouvelle façon de produire, plus propre et plus locale dans son organisation. Les changements d’orientation sont des moments forts pour une entreprise, c’est en quelque sorte une perte de certains repères, il faut ré-apprendre, se ré-inventer ! C’est stimulant et intense.
Ce qui nous a aidé dans ces changements de cap, ce sont nos clients. En effet, depuis toujours, DAGOMA a une très forte attention et beaucoup d’échanges avec ses clients. Cela nous permet d’avoir énormément de retours, de points de vue et de donc de soutien dans les actions que nous mettons en place.
Peux-tu nous en dire plus sur la répartition de vos activités aujourd’hui, entre la fabrication, la vente et plus récemment la location d’imprimantes 3D ? Avez-vous atteint vos objectifs pour 2022 ?
Notre premier objectif était très terre-à-terre : faire en sorte que nos activités PRO (vente de machines, fabrication de pièces, services…) dépassent nos activités particuliers (vente de machines et de filament). Et nous sommes très heureux, car depuis cette année c’est le cas. Nous avons réalisé une transition forte. Désormais, nous allons pouvoir réaccélérer !
« …une très grande réactivité, liée à une capacité de production énorme avec nos + de 300 machines dans notre parc de production »
Parmi les entreprises que vous avez été amenées à accompagner, notamment dans la relocalisation de leur fabrication, peux-tu nous partager une collaboration dont tu es particulièrement fier et qui illustre de manière probante les bénéfices de l’impression 3D ?

Lors du dernier tournoi de Roland-Garros, DAGOMA a eu l’opportunité de repenser et de fabriquer de nouveaux bacs de récupération d’eau pour les fontaines installées sur le site. (crédits photo : DAGOMA)
Nous sommes toujours très fiers des projets que nous réalisons car chaque projet, même petit en nombre de pièces, est le début d’une démarche vers l’acceptation de la technologie. Et pour être tout à fait transparent, je ne me souviens pas d’un seul projet ‘’PRO’’ où nous avons eu dès le premier jour des volumes importants.
En effet, l’impression 3D permet de réaliser des formes techniquement pertinentes et intéressantes, ce qui donne des projets inattendus comme avec l’entreprise Kiloutou, par exemple. Nous avons aussi une très grande réactivité, liée à une capacité de production énorme avec nos + de 300 machines dans notre parc de production. Nous avons donc un ratio quantité / temps de production très faible.
Voici un exemple : le projet de bacs de récupération d’eau pour Roland Garros, qui est arrivé 3 semaines avant le grand jour… et que nous avons su livrer à temps !
« La SIGMA PRO 500Z est une imprimante 3D connectée, fiable et ultra simple à utiliser »
Tu nous dévoiles aujourd’hui votre dernière imprimante 3D : la SIGMA PRO 500Z. Qu’est ce qui a motivé le lancement de cette nouvelle machine Delta ? Peux-tu rappeler les atouts d’une imprimante Delta par rapport à une cartésienne ?

La SIGMA PRO 500Z
Nous avons toujours voulu rendre l’impression 3D accessible : simple et fiable. Depuis 2016, avec le lancement en fanfare de la NEVA (puis Magis, puis SIGMA) nous sommes très fiers d’avoir les seules imprimantes 3D au monde à n’avoir aucun réglage. Nous avons bon nombre d’histoires de clients qui nous racontent comment leurs enfants de 4 ou 5 ans utilisent déjà de manière autonome l’imprimante !
C’était absolument logique pour nous d’amener notre savoir faire et notre expertise sur une SIGMA PRO. La SIGMA PRO 500Z est donc une imprimante 3D industrielle extrêmement simple à utiliser ! Et dans l’industrie, en général, les robots de type delta sont des robots fiables, rapides, qui ont un encombrement faible, et travaillent en silence. C’est important dans un bureau d’études par exemple !
Dis-nous en plus sur les spécifications de cette dernière-née. Ce qui la distingue de sa prédécesseure « grand public » SIGMA et ses atouts par rapport à ses concurrentes.
La SIGMA PRO 500Z est une imprimante 3D connectée, fiable et ultra simple à utiliser.
Elle accepte 3 types de tête d’impression :
– Normale
– Haute température
– Bi-Couleur
Elle est compatible avec beaucoup de types de filament et dispose comme la PRO430 d’un plateau chauffant.
Concernant la partie logicielle, quelles ont été les améliorations apportées ?

Vue sur l’extrudeuse de la SIGMA PRO 500Z en partie imprimée en 3D (crédits photo : DAGOMA)
Nous continuons d’utiliser CURA – donc la SIGMA PRO 500Z bénéficie de la toute dernière version de CURA bien évidement. Elle est connectée, vous pourrez donc la lancer à distance, préparer la file d’impression, etc…
Pour faire écho à mon dernier article sur les pièces imprimées dans les imprimantes 3D, quelle est la part de composants imprimés dans celle-ci ? Cite-nous quelques pièces.
Je ne connais pas le pourcentage exact, mais je pense que l’on doit se situer autour de 35% soit un peu plus d’un tiers de l’imprimante. Nous imprimons la base et le top en PA + fibres de carbone, les
chariots également, toutes nos têtes d’impression, une partie des feeders (extrudeurs)… Bref, l’impression 3D est une technologie pertinente et nous le démontrons à nouveau ici !
« Alors que la PRO430 s’adresse à un public connaisseur et maîtrisant, la SIGMA PRO 500Z est une machine clef en main »

La Sigma Pro 500Z vue de profil
Que peux-tu nous dire sur vos ambitions et votre cible clientèle avec la SIGMA PRO ?
Je pense que la SIGMA PRO 500Z est une machine idéale pour démarrer l’impression 3D en entreprise : simple à utiliser, elle permet de réaliser très simplement des prototypes et les premières séries de pièces pour la production. Nos SIGMA sont des machines endurantes avec une maintenance très limitée, minimale. Alors que la PRO430 s’adresse à un public connaisseur et maîtrisant, la SIGMA PRO 500Z est une machine clef en main.
Pour finir, peux-tu nous en dire plus sur les disponibilités et prix de cette machine ? Sera t-elle également proposée à la location ?
La SIGMA PRO500Z est déjà en production chez nous. Evidemment, comme toutes les imprimantes de chez DAGOMA, elle est produite à Roubaix, dans nos locaux. Côté prix, nous sommes à 2500 euros HT, avec 10% de réduction pendant le mois de lancement !
Et en effet, nous avons des offres de location en courte durée (3 mois et plus) et en longue durée (2 à 3 ans) à partir de 83 euros HT/mois. L’essayer c’est l’adopter et si vous souhaitez en savoir plus n’hésitez pas à nous contacter pour échanger !
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