Prenant le contre-pied de certaines problématiques sécuritaires, parfois bien réelles, parfois fantasmées, l’impression 3D aide aussi à mieux nous protéger. UrbanAlps, une société suisse spécialisée dans les serrures et les clés, utilise la fabrication additive pour créer un système de clés en métal quasi impossibles à dupliquer.
Implantée à Zürich, sa start-up Stealth Key a récemment clôturé un tour de table de 2,5 millions de francs suisses (environ 2,1 millions €) pour accélérer son développement. La levée de fond obtenue auprès d’un groupe de sept industriels suisses, allemands, finlandais et norvégiens et du célèbre footballeur suisse Stephan Lichtsteiner, a permis à l’entreprise de passer à la production en série.
« Il y a beaucoup plus que ce que l’on voit dans les yeux, à part une clé mécanique », a déclaré le Dr Alejandro Ojeda, cofondateur et PDG de l’entreprise. « Nous sommes très heureux que des industriels réputés partagent et soutiennent notre vision. Transformer une industrie centenaire de trous dans des feuilles de métal en impression 3D des métaux, avec toutes ses implications. Avec une équipe de 4 à 10 membres issus des industries de la sécurité et du laser, 2018 a été une année mémorable pour UrbanAlps AG, qui a même remporté « l’Oscar de la sécurité » au Security Essen 2018. »
Une clé dissimulant son code de sécurité mécanique à l’intérieur
Fondée en 2013 par Alejandro Ojeda et Félix Reinert, deux entrepreneurs issus d’une formation scientifique et sensibilisés aux technologies 3D, la start-up Stealth Key (« clé infiltrée ») a développé la première clé imprimée 3D en métal au monde. Grâce à la liberté géométrique de l’impression 3D, l’entreprise a pu mettre au point une clé ultra sécurisée dissimulant son code de sécurité mécanique à l’intérieur. Masqués sous des rebords étroits, les codes ne peuvent ainsi ni être photographiés ou numérisés.
La technologie Stealth Technology mise au point par un laboratoire d’ingénierie de pointe basé à Zurich, repose sur l’utilisation d’un système de fabrication additive par fusion laser. Elle permet la fabrication de clefs, mais aussi des cylindres de serrure et de cadenas. Stealth Key vend ses solutions dans le monde entier pour des clients commerciaux, gouvernementaux, et divers sites sensibles, pétroliers, gaziers, et militaires.
« Construire une start-up est très difficile. » Ajoute Alejandro Ojeda. « C’est une mission très complexe, où l’adéquation du produit, le timing, le savoir-faire et la chance sont fondamentaux et même avec tous, les chances de survie sont étroites. Nous avons assisté à la fermeture de nombreuses start-ups suisses de matériel fantastique de notre génération, alors que nous étions tous poussés dans la Vallée de la Mort pour passer à la production en série. Néanmoins, il existe un groupe d’entrepreneurs et de start-ups suisses qui, malgré les difficultés, ont pour mission à vie d’introduire l’innovation dans les atomes du monde, quels que soient leurs besoins. »