Les initiatives se multiplient autour de la bioimpression 3D de tissus de peau. Alors que le français Poietis a récemment annoncé les premiers essais cliniques de sa peau bioimprimée en 3D, on apprend que des chercheurs de l’Université de Toronto et du Centre Sunnybrooke Health Sciences ont mis au point une bio-imprimante 3D portable capable d’imprimer des feuilles de peau pour soigner les brûlures et autres blessures graves. L’appareil en question se présente sous la forme d’un pistolet à colle qui intègre un rouleau pour étaler le biomatériau.
Issus de travaux menés il y a deux ans par le professeur Axel Guenther et son confrère Richard Cheng, cette machine de « poche » serait une réponse aux bioimprimantes 3D actuelles. Jugées encombrantes, lentes et coûteuses, ces dernières seraient difficilement compatibles avec une utilisation quotidienne dans un hôpital. C’est dans l’idée de résoudre cette problématique que les deux chercheurs ont développé un équipement capable de produire rapidement des tissus in situ. L’opération prendrait moins de 2 minutes.
Grâce à sa tête d’impression microfluidique à usage unique et son rouleau, cette bioimprimante peut déposer des feuilles contenant des cellules directement sur une plaie. Les chercheurs évoque la présence de deux moteurs qui permettraient de contrôler individuellement le débit des seringues remplies de bioencre, et d’un réticulant pour la gélification. Une tête d’impression flexible permet en outre d’assurer une impression homogène sur des surfaces non planes.
« Nos résultats ont montré que les plaies traitées guérissaient aussi extrêmement bien avec une réduction de l’inflammation et des cicatrices »
La bio-encre utilisée pour les chercheurs renferment deux constituants essentiels de la peau : du collagène – la protéine structurale du derme – et la fibrine, une protéine filamenteuse qui joue un rôle très important dans la cicatrisation des plaies. La bio-imprimante portable pourrait de surcroît offrir une alternative intéressante aux greffes autologues, qui dans le cas de brûlures très graves ne permettent pas au médecin de prélever suffisamment de peau en bon état sur le patient.
Les derniers tests menés sur des porcs auraient montré des résultats très prometteurs en terme de cicatrisation et de réduction des inflammations. En attendant de pouvoir un jour équiper les chirurgiens dans les salles d’opération, la bio-imprimante devra passer par des essais cliniques. Les premiers pourraient avoir lieu d’ici 5 ans. « Auparavant, nous avions prouvé que nous pouvions déposer des cellules sur une brûlure, mais il n’y avait aucune preuve qu’il y avait des avantages pour la cicatrisation des plaies – maintenant nous l’avons démontré », a déclaré le professeur Axel Guenther. « Nos résultats ont montré que les plaies traitées guérissaient aussi extrêmement bien avec une réduction de l’inflammation, des cicatrices et des contractions par rapport aux plaies non traitées ou à celles traitées avec un échafaudage au collagène ».