C’est une bien triste nouvelle pour l’écosystème français de la fabrication additive. Son représentant le plus célèbre, Sculpteo, vient de passer sous pavillon allemand. Fondé il y a maintenant 10 ans par Clément Moreau et Eric Careel, le leader européen du service d’impression 3D en ligne, vient d’être racheté par le géant de la chimie BASF.
Parce qu’il entend faire de l’impression 3D un relais fort de croissance, la branche « New business » du groupe de Ludwigshafen, avec en son sein la société BASF 3D Printing Solutions, a décidé de s’offrir une vitrine pour ses matériaux d’impression 3D. Objectif de l’opération, offrir à ses clients et partenaires un nouveau canal pour commercialiser leurs services et augmenter leur clientèle.
« pouvoir arriver aujourd’hui à de nouvelles applications grâce à des nouvelles matières »
Détenir un acteur clef du secteur, c’est aussi pour BASF la possibilité d’aller plus loin dans la compatibilité des renouvelables et des matériaux. « En outre, nos clients bénéficieront d’une gamme étendue de services », explique Dr. Dietmar Bender, directeur général de BASF 3D Printing Solutions. Avec Sculpteo, nous poursuivons notre objectif de faire de la fabrication additive une technologie approuvée de production industrielle de masse ». Le géant allemand précise que l’équipe dirigeante de Sculpteo qui soutient pleinement son acquisition, restera en place. L’entreprise française pourra faire appel à d’autres fournisseurs que ceux de sa maison mère, aussi bien pour les pièces polymères que métalliques.
Avec ce rachat, c’est aussi la possibilité pour Sculpteo d’offrir à ses clients un service de qualité en accédant à une gamme plus étendue de matériel d’impression 3D. « Grâce à toute la R&D en chimie de BASF on va pouvoir accéder à de la matière avec laquelle on ne pouvait pas fabriquer avant. Et c’est vraiment ça qui intéresse la société, c’est pouvoir arriver aujourd’hui à de nouvelles applications grâce à des nouvelles matières. » À déclaré le PDG de l’entreprise Clément Moreau dans une interview à BFM Business.
30 000 clients et 20 % de croissance pour Sculpteo
Cette annonce intervient alors que son concurrent français Arkema, l’autre géant mondial de la chimie, a lui aussi accéléré ses investissements dans l’impression 3D. Jeudi dernier, son PDG Thierry Le Hénaff, inaugurait à Serquigny dans l’Eure son troisième centre d’excellence mondial dans ce domaine. Le site permettra le développement de nouvelles poudres polymères utilisés dans l’impression 3D par « fusion sur lit de poudre », ainsi que l’évangélisation de cette technologie auprès des PME de la région.
En 2018, ce sont pas moins de 30 000 clients qui ont fait appel aux services d’impression 3D de Sculpteo. L’entreprise qui compte aujourd’hui 60 salariés et enregistre 20 % de croissance par an, dispose de sites de production en France, à Villejuif (Val-de-Marne) et Arreau (Hautes-Pyrénées), mais aussi aux Etats-Unis, où elle disait en 2017 réaliser près de 40% de ses ventes. Grâce à sa large gamme de technologies d’impression 3D, allant de la stéréolithographie au frittage laser, l’entreprise imprime plus de 1000 pièces par jour, pour le secteur du luxe, de l’aéronautique, de l’électronique, ou encore du médical, notamment pour des prothèses ou des modèles chirurgicaux.
Signé pour un montant non communiqué, l’accord entre Sculpteo et BASF devrait être effectif d’ici la fin de l’année, soit une fois les autorisations reçues, a précisé BASF dans un communiqué. En 2013 c’est le spécialiste français de l’impression 3D métallique Phenix Systems, une société riomoise crée 13 ans plus tôt par Patrick Teulet et François Raymondet, qui tombait entre les mains du fabricant américain 3D Systems.
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