La maturité de l’impression 3D se traduit aujourd’hui par un marché de plus en plus tendu avec une intensification de la concurrence. C’est particulièrement vrai pour le segment des imprimantes 3D de bureau FFF (dépôt de filament fondu), où l’arrivée des fabricants chinois a profondément rebattu les cartes en proposant des machines à très bas coût toujours plus performantes, défiant ainsi les leaders historiques du marché.
Si cette dynamique a ses effets bénéfiques en poussant les entreprises établies à innover davantage pour survivre, elle conduit aussi à des défaillances pour celles qui ne parviennent pas à s’adapter suffisamment rapidement aux nouveaux défis et évolutions du marché.
À une époque pas si lointaine, le fabricant polonais Zortrax comptaient parmi les références du secteur. Ses imprimantes 3D de bureau FFF, dont la fameuse M200, offraient une qualité et une fiabilité qui répondaient bien aux besoins des professionnels. De plus, leur écosystème intégré complet, combinant matériel, logiciels et matériaux propriétaires, et quelques filaments tiers, garantissait une expérience utilisateur optimisée.
La concurrence chinoise ainsi que le manque d’innovations, fut à une époque le point fort de l’entreprise, mettent aujourd’hui sérieusement en difficulté la marque polonaise. Ces derniers mois ont été particulièrement tumultueux pour l’entreprise. Sujette à plusieurs démissions dans son conseil d’administration, dont celle de son président, le fabricant tente de redresser sa situation.
« Zortrax est une entreprise avec un grand potentiel, une portée mondiale et ses propres installations de recherche et développement. »
Pour faire face à la chute drastique des ventes des ses imprimantes 3D vendues aujourd’hui à des prix historiquement bas, Zortrax a pris plusieurs mesures fortes. Outre la vente de son précieux logiciel Z Suite à la société italienne Roboze pour un montant de 170 000 euros, la marque polonaise a déclaré son intention de réduire ses effectifs, d’externaliser certains processus opérationnels, mais aussi de diminuer les coûts de location des bureaux. La société tenterait également à renégocier des accords et d’acquérir de nouveaux contrats.
Malheureusement, la tentative la plus récente de redressement de l’entreprise en novembre dernier, impliquant un accord visant à obtenir un investissement de 5 millions de zloty, aurait également échoué. Artur Błasik, un investisseur actif sur les marchés boursiers déclarait alors : « Zortrax est une entreprise avec un grand potentiel, une portée mondiale et ses propres installations de recherche et développement. À mon avis, il est sous-évalué par le marché des capitaux. Je pense qu’avec la nouvelle structure de financement, elle pourra bénéficier du développement dynamique de l’ensemble de l’industrie 3D. »
Inespéré, ce soutien financier a malheureusement pris un sérieux coup dans l’aile. Aux dernières nouvelles les deux parties seraient entrés en conflit, et les perspectives de résolution ne sont vraiment pas bonnes… Parallèlement, Zortrax a annoncé être en pourparlers avec ses créanciers, lesquels se sont engagés à conclure rapidement un accord. Nous en seront certainement plus dans les semaines à venir… Bien sûr, la situation de Zortrax n’est pas exceptionnelle. En témoigne la récente cessation d’activité de Sintratec, d’autres entreprises du secteur, sont et seront, également affectées par ces défis économiques. Il est inévitable qu’il y ait des perdants dans un marché de plus en plus concurrentiel, où les investissements dans la recherche et développement sont cruciaux pour survivre.