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Japon, Suisse, États-Unis… le spécialiste français de l’impression 3D béton XtreeE renforce sa présence à l’international

XtreeE, l’un de nos champions français de l’impression 3D béton et de la construction 3D, ajoute une nouvelle pierre à son ambition de diffuser sa technologie dans le monde conservateur du bâtiment. Après deux levées de fonds (1,1 million d’euros en 2017 puis 1 million en 2018), et l’entrée à son capital de deux poids lourds de la construction – Vinci Construction et Shibumi International – , la start-up parisienne vient d’annoncer le déploiement de trois nouvelles unités connectées d’impression 3D hors de ses frontières.

En ajoutant la Suisse, aux États-Unis et au Japon à son réseau mondial, la jeune entreprise se rapproche de son objectif de déployer plus de 50 unités d’impression 3D à l’échelle mondiale d’ici 2025. L’ajout de ces trois nouveaux sites porte aujourd’hui à 12 le nombre de systèmes d’impression 3D connectées de XtreeE. D’ici la fin de l’année, la jeune pousse espère en ouvrir 6 de plus.

Cofondée par Alban Mallet et 13 autres personnes, cette entreprise a rappelons-le commencé à s’exporter en 2019, plus exactement aux Émirats Arabes Unis où avait été déployée sa première unité d’impression 3D. Avec cette usine, entièrement certifiée CE, XtreeE expliquait positionner sa technologie dans un pays pionnier dans le secteur de l’impression béton. L’émir de Dubaï a pour ambition d’avoir 25% des constructions réalisées en impression 3D d’ici 2030.

Par la suite, la solution d’impression 3D d’XtreeE a suscité l’intérêt de grands industriels de la construction, dont Vinci, Holcim mais aussi le groupe Saint-Gobain. Des partenaires précieux qui lui ont permis d’éprouver sa technologie dans plus d’une quarantaine de réalisations, parmi lesquelles le projet de construction de murs de maisons Viliaprint mené avec Plurial Novilia, mais aussi de nombreux éléments architecturaux, tels que des colonnes, des panneaux de façade, d’infrastructures (réseaux d’eau et de chaleur, télécoms, etc.) et de mobilier intérieur et extérieur (bancs, fauteuils, bureaux, vases, etc.) – au sein de son usine pilote de Rungis.

« les émissions carbone fortement réduites, en utilisant la juste quantité de matériaux nécessaires et en allégeant globalement les éléments »

L'une des unités d'impression 3D d'XtreeE qui équipent les ateliers de Spie Batignolles

L’une des unités d’impression 3D d’XtreeE qui équipent les ateliers de Spie Batignolles (crédits photo : Spie Batignolles)

En 2021, une nouvelle étape avait été franchie par le groupe Spie batignolles. Fort de ses premiers tests concluants menés sur des coffrages de nœuds de poutres et de boîtes de réservation, l’entreprise a fini par se doter de sa propre cellule d’impression 3D, devenant ainsi le premier acteur de la construction à s’équiper de sa technologie d’impression 3D béton d’XtreeE en France. La machine opère dans un atelier de fabrication additive à Ollainville dans l’Essonne.

Après un an d’expérimentation et une vingtaine d’opérations, en 2022 Spie batignolles est passé à l’échelle de l’industrialisation avec une offre dédiée appelée « EmPrinte », et l’ouverture de deux autres ateliers en 2023. Le premier catalogue de Spie batignolles dédié à l’impression 3D propose la préfabrication de petits éléments constructifs standardisés à forte réplicabilité. On y trouve par exemple des boîtes de réservations, des éléments de coffrage perdus, mais également des pièces complexes comme des voussoirs de passerelles ; et même des noeuds de poutres.

« Outre de tangibles gains de productivité et l’amélioration des conditions de travail des salariés (réduction de la pénibilité des tâches relatives à la réalisation in situ). Les ressources en matière se voient préservées et les émissions carbone fortement réduites, en utilisant la juste quantité de matériaux nécessaires et en allégeant globalement les éléments. Commente XtreeE. « Une réduction du bilan carbone d’environ 25 % a été calculée concernant des ouvrages de franchissement tels qu’une passerelle. »

L’autre annonce d’XtreeE qui nous intéresse particulièrement porte sur le lancement d’une plateforme de services. Désormais opérationnelle, cette offre baptisée « Printing-as-a-Service » vise à accompagner l’utilisateur dans sa compréhension et la mise en oeuvre de sa technologie.

Cela signifie qu’en vous équipant d’un système d’impression 3D d’XtreeE, vous accédez à bien plus que simplement des capacités machine. La start-up parisienne propose tout un écosystème de services qui font la pertinence de sa solution (voir vidéo ci-dessous). Pour tirer au mieux parti de sa technologie, l’entreprise fournit toutes les ressources et outils d’aide nécessaires à la conception architecturale et la production de pièces par impression 3D  :

– Un catalogue de produits certifiés

– Des outils d’aide à la conception et à la production

– Des outils d’analyse des données d’impression

– Des guides de formation en conception paramétrique et en exploitation de systèmes d’impression 3D robotisés

 « Elle permet à ceux qui dessinent ou qui fabriquent de développer leur projet selon un système constructif optimisé et durable »

« Elle permet à ceux qui dessinent ou qui fabriquent de développer leur projet selon un système constructif optimisé et durable, tout en bénéficiant d’un accompagnement dynamique (formation à la modélisation paramétrique ou à l’exploitation de systèmes d’impression 3D robotisés, par exemple) de la part de l’équipe d’XtreeE. » Explique la start-up parisienne. » « Elle connecte enfin les maîtres d’ouvrage à la communauté des concepteurs – architectes, designers et ingénieurs (AEC) – et aux fabricants et constructeurs basés aux quatre coins du monde. »

XtreeE tient également à rappeler son autre mission qu’est celle de réduire l’impact environnemental de la construction. Soulignant l’importance de la fabrication additive dans cet objectif, la start-up tricolore indique qu’une réduction du bilan carbone d’environ 25 % a été calculée concernant des ouvrages de franchissement telle qu’une passerelle imprimée en 3D. S’ajoute à celle-ci une diminution drastique de la consommation de matériau que permet l’impression 3D par sa capacité à n’utiliser que la juste quantité de matière nécessaire. Dans ce secteur qu’est celui de la construction, qui à lui seul génère tout de même 8 % des émissions mondiales de CO2, elle permet de réduire jusqu’à 70 % de la consommation de ciment.

Du côté des matériaux enfin, l’un des axes clefs de l’engagement durable porté par XtreeE, la start-up tient à préciser que si elle utilise aujourd’hui principalement des bétons ultra-hautes performances, elle a aussi développé l’usage d’autres matériaux imprimables comme le plâtre, la terre crue et les géopolymères, et plus étonnant encore, du cuir recyclé.

« L’ambition commune de l’équipe est avant tout environnementale. L’impression 3D, et plus largement l’automatisation de la préfabrication, rendent possibles des constructions plus respectueuses de l’environnement, grâce à une utilisation optimisée de matériaux sourcés localement, diminuent les risques d’accidents sur chantier et réduisent la pénibilité du travail », conclut Romain Duballet, co-fondateur et directeur d’XtreeE.

Alexandre Moussion