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Un tire-lait imprimé en 3D pour protéger les nourrissons du VIH

Embout pour tire-lait imprimé avec le filament Copper3D PLACTIVE

Copper3D est une start-up chilienne d’un genre très particulier qui utilise les propriétés antibactériennes et antivirales du cuivre pour créer des filaments d’impression 3D médicaux. Son premier matériau, un PLA développé avec la NASA, permet de détruire 99,99% des bactéries Staphylococcus aureus et des Escherichia coli (E. coli) à son contact. Avec un tel matériau, l’agence spatiale s’éviterait ainsi des ravitaillements longs et coûteux, en imprimant des outils médicaux à la demande pour ses astronautes.

La dernière prouesse de Copper3D concerne un virus tristement célèbre : le VIH. Pendant plus d’un an, la start-up a développé un embout imprimé en 3D pour tire-lait visant à prévenir la transmission mère-enfant de la maladie du SIDA. Dans sa demande de brevet déposée en mars 2019, la jeune pousse fait mention d’un dispositif imprimé avec son filament Copper3D PLACTIVETM appelé « Système d’inactivation virale de lait maternel pour prévenir la transmission mère-enfant du VIH », qui empêcherait la propagation de ce virus par l’allaitement maternel, l’une des principales voies d’infection.

En effet selon un rapport de l’OMS, le VIH touchait encore 430 000 enfants en 2017, pour environ 130 000 décès. La quasi-totalité des enfants malades du sida dans le monde, soit 90 % d’entre-eux, habitent l’Afrique. Parce qu’ils n’ont pas la chance d’avoir accès aux services qui sont mis à la disposition des autres enfants dans le reste du monde, la moitié d’entre- eux naissent avec le sida et meure à leur cinquième anniversaire. La transmission par l’allaitement est responsable de 5 à 20 % des transmissions du VIH par la voie maternelle. Grâce au tire-lait développé par Copper3D, les femmes non traitées et ne pouvant avoir accès à l’eau potable et/ou au lait en poudre, pourraient ainsi nourrir leur enfant sans risque de les contaminer, que ce soit par le lait maternel ou de petits saignements provoqués par la tété. De plus, pour les femmes qui ont accès à des traitements, c’est un autre problème qui se pose. Sida Info Service nous apprends en effet que « l’allaitement est généralement déconseillé, même pour les femmes traitées avec une charge virale indétectable. Non pas par risque de transmission mais car les traitements antirétroviraux passent dans le lait maternel. »

Le Dr Claudio Soto, directeur médical de Copper3D, a déclaré : « La compréhension du problème mondial qui se cache derrière les statistiques sur le VIH et l’analyse du rôle que nos matériaux antimicrobiens pourraient jouer pour contenir la transmission du virus du VIH nous ont fait penser que nous pourrions développer une sorte de dispositif qui agirait comme une interface entre la mère et l’enfant pour empêcher la propagation de ce virus par l’allaitement, qui est l’une des principales voies d’infection ».

Une surface de contact multipliée par 10 permettrait d’obtenir un taux d’inactivation proche de 100 %

femme africaine allaitant un bébé

Selon une étude commandée par Copper 3D au laboratoire de virologie de l’hôpital clinique de l’Université du Chili, les résultats préliminaires ont montré une réduction de la réplication virale allant jusqu’à 58,6 % par simple exposition des échantillons aux boîtes imprimées en 3D contenant des nanoparticules de cuivre. Seulement quinze secondes d’exposition aurait suffi pour obtenir un tel taux.

Copper 3D estime qu’en augmentant la surface de contact d’un facteur 10X, il serait possible de se rapprocher des 100 % de taux d’inactivation. Le temps d’exposition descendrait alors en dessous des 5 secondes. Pour arriver à un tel résultat, la start-up explique s’être inspirée des aspérités du tractus gastro-intestinal pour les reproduire sur les parois internes de son embout. « À notre connaissance, il s’agit du premier essai visant à étudier l’inactivation du virus VIH en utilisant ce nouveau type de polymères avec la nanotechnologie antimicrobienne du cuivre dans des objets imprimés en 3D ». a commenté M. Martínez directeur innovation chez Copper 3D.

Forte de ces premiers résultats la start-up est passée à la deuxième phase de son développement. Ses équipes mènent actuellement des travaux sur un matériau antimicrobien flexible à base de TPU (Mdflex) qui permettra de tester de nouvelles itérations avec des surfaces de contact élargies encore plus efficaces. Cette deuxième et dernière phase de l’étude se terminera au deuxième trimestre 2020.

embout tire-lait

Alexandre Moussion