Le niveau de personnalisation offert par l’impression 3D lui confère un avenir plus que prometteur, pour ne pas dire tout tracé dans la médecine personnalisée. Sa liberté de forme lui permet d’exceller plus qu’aucune autre méthode fabrication dans l’adaptation thérapeutique du patient. Il n’y a qu’à regarder les nombreuses avancées médicales dont on peut déjà créditer cette technologie. Les modèles anatomiques, prothèses et autres implants imprimés en 3D, ne sont qu’un avant goût de son impact dans l’amélioration des traitements médicaux.
L’une des perspectives probablement les plus passionnantes, avec la bioimpression de tissus et d’organes, est la promesse de médicaments 3D sur-mesure parfaitement calibrés au patient. Plusieurs grands noms pharmaceutiques se sont déjà lancés sur le créneau en développant des comprimés imprimés en 3D. Le premier du genre est le Spritam, un médicament destiné au traitement des crises d’épilepsie, validé en 2015 par la FDA. L’impression 3D a permis de fabriquer un comprimé plus poreux qui se dissout donc plus rapidement, et dont le principe actif peut se diffuser presque de façon instantanée (moins de 10 secondes).
Les possibilités de formulation matériau en impression 3D, ainsi que la diversité de ses procédés, permet de pousser plus encore plus loin le niveau de personnalisation en intégrant directement les traitements dans des dispositifs médicaux. C’est ainsi que le français ICeram a développé des implants osseux chargés en antibiotique. Plus récemment ce sont des chercheurs de l’Université d’Australie du Sud qui ont mis au point des stents oesophagiens imprimés en 3D. Des dispositifs qui pourraient révolutionner l’administration de médicaments de chimiothérapie aux patients atteints d’un cancer de l’oesophage. Considéré encore aujourd’hui comme le plus répandu au monde, ce cancer provoque plus 400 000 décès chaque année.
« Les procédés d’impression 3D sont sur le point de changer la façon dont nous délivrons les médicaments »
La solution mise au point par l’équipe de chercheurs vise dans un premier temps à traiter la dysphagie qui empêche les patients d’avaler certains aliments ou liquides. Par sa présence, l’endoprothèse sur-mesure permet en effet de maintenir ouvert ce passage afin de faciliter l’alimentation des patients. La deuxième fonction du stent est la délivrance ciblée et contrôlée de la chimiothérapie sur la tumeur. Les protagonistes expliquent que le dispositif a été conçu pour délivrer 110 jours de médicaments anticancéreux directement sur la zone atteinte.
Ce stent oesophagien serait le premier du genre dans le monde à contenir des principes actifs. On apprend que la prouesse aurait été accomplie avec une imprimante 3D de type FFF (Ultimaker), et d’un filament chargé en 5-fluorouracile (5-FU), l’un des traitements les plus utilisés en chimiothérapie. « Les procédés d’impression 3D qui combinent médicaments et dispositifs médicaux sont sur le point de changer la façon dont nous délivrons les médicaments. » conclut le professeur Sanjay Garg, chercheur principal et directeur du groupe d’innovation et de développement pharmaceutique de l’UniSA. « Nous explorons actuellement le potentiel de l’impression 3D pour concevoir des systèmes d’administration de médicaments précis et individualisés. Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour tester plus avant les nouveaux stents imprimés en 3D chargés de médicaments, nous espérons que cette nouvelle technologie donnera des résultats positifs pour les personnes atteintes d’un cancer de l’œsophage. »
Il y a un an, un stent bronchique imprimé en 3D développé par la Cleveland Clinic avait reçu l’autorisation de la FDA (Food and Drug Administration), pour sa commercialisation. Il s’agissait en revanche d’un dispositif sans traitement et imprimé de manière indirecte. L’impression 3D servait à fabriquer des moules dans lesquels était injecté un silicone de qualité médicale.