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Reconstruction mammaire : une première mondiale pour le français Lattice Medical et sa prothèse imprimée en 3D

Implantation de la prothèse Matisse par l’équipe du Pr Nemsadze à l’Institute of Clinical Oncology

Implantation de la prothèse Matisse par l’équipe du Pr Nemsadze à l’Institute of Clinical Oncology (crédits photo : Lattice Medical)

2022 est décidément une année à marquer d’une pierre blanche pour l’impression 3D médicale. Ce qui pouvait sembler hypothétique ou hors de portée il y a encore quelques années, est en train de se produire sous nous yeux. La promesse d’une médecine générative et personnalisée grâce cette technologie du sur-mesure, se concrétise de plus en plus pour les patients. Après que l’américain 3DBio Therapeutics ait réalisé avec succès la première greffe d’une oreille bioimprimée sur une femme de 20 ans, une autre première mondiale, cette fois-ci à l’accent français, a eu lieu.

Deux mois après le lancement de ses essais cliniques, la pépite Lilloise Lattice Medical, a officialisé hier la première implantation de sa prothèse mammaire imprimée en 3D chez une patiente. Première d’une longue série, l’opération a eu lieu le 12 juillet à l’Institute of Clinical Oncology, à Tbilissi, capitale de la Géorgie. Une prouesse pleine de promesses réalisée par le Pr Gia Nemsadze et toute son équipe, et en présence des co-fondateurs de Lattice Medical, Pr. Pierre Guerreschi, Pr. Philippe Marchetti, (tous deux PUPH au CHU de Lille) et Mr Julien Payen.

La première patiente à bénéficier de cette prothèse imprimée et biorésorbable, est une femme de 62 ans atteinte d’un cancer du sein. L’intervention chirurgicale d’une durée d’une heure et demie, contre trois à 12 heures pour une reconstruction classique par lambeau, a permis la réalisation de la mastectomie, immédiatement suivie de la reconstruction mammaire. Deux mois après l’opération, Lattice Medical fait état d’une cicatrisation complète et d’une patiente en très bonne santé.

Si vous ne la connaissez pas encore, Lattice Medical est une start-up française qui a tiré parti de la grande liberté de forme de l’impression 3D pour mettre au point une prothèse mammaire pouvant s’adapter parfaitement à la morphologie de la patiente. Pour cela, l’entreprise a développé un dispositif composé de deux parties : un support tridimensionnel s’inspirant des propriétés 3D de la dentelle de Calais, et un dôme imprimé en 3D servant de guide à la croissance cellulaire.

« Les critères esthétiques du sein reconstruit, la qualité de vie et la satisfaction des patientes seront évalués »

- Principe de fonctionnement de MATTISSE (Régénération du tissu adipeux puis résorption de l'implant)

Principe de fonctionnement de MATTISSE (Régénération du tissu adipeux puis résorption de l’implant)

Un scanner ou une IRM réalisé sur la patiente, permet l’impression d’une prothèse sur-mesure parfaitement conforme à sa morphologie. Une fois le dispositif implanté, un lambeau de graisse pédiculé et vascularisé est placé à l’intérieur. La croissance du tissu adipeux peut alors s’opérer jusqu’à remplir complètement la chambre tissulaire.

Imprimé à partir d’un polymère dérivé de l’acide polylactique, cet implant 3D est entièrement dégradable. Sous l’effet des différentes réactions biologiques produites par l’organisme, le dispositif finit par complètement disparaître au bout de 18 mois.

« De manière synchrone, le biomatériau constituant la TEC (chambre d’ingénierie tissulaire) est entièrement résorbable. Les patientes seront suivies régulièrement pendant 12 ou 24 mois. » Précise Lattice Medical. « La croissance du lambeau et la résorption de la TEC seront mesurées par IRM. Les critères esthétiques du sein reconstruit, la qualité de vie et la satisfaction des patientes seront évalués. »

La raison pour laquelle cette solution développée par Lattice Medical est particulièrement novatrice par apport à l’existant, c’est qu’une seule opération (à fortiori très rapide) suffit, et qu’elle permet une reconstruction naturelle du sein des patientes. Les techniques de reconstruction plus classiques telles que la reconstruction par lambeau, sont des opérations connues pour être particulièrement lourdes, mais aussi très coûteuses pour le système de santé. Une avancée pleine de promesses donc, et un motif d’espoir pour les 22 000 françaises qui doivent subir chaque année une mastectomie à la suite d’un cancer du sein.

Comprenant une période de recrutement de 8 mois, l’étude clinique va s’étaler sur trois ans. Ses protagonistes prévoient d’inclure 50 patients, en Géorgie, en France et en Espagne dans 8 centres. Elle sera coordonnée par le Pr Pierre Guerreschi exerçant dans le service de chirurgie plastique du CHU de Lille.

Alexandre Moussion