Pour l’impression 3D médicale, 2022 semble marquer un tournant majeur de son développement. Un mois seulement après que l’américain 3DBio Therapeutics ait réalisé avec succès la première greffe d’une oreille bioimprimée sur une femme de 20 ans, la start-up française Lattice Medical a annoncé aujourd’hui les premier essais cliniques de sa prothèse mammaire imprimée en 3D. Une étape importante que la pépite des Hauts de France s’apprête à franchir avec l’inclusion d’une première patiente éligible avec son implant 3D.
Dans une interview donnée à PRIMANTE3D il y a près de 4 ans, son fondateur Julien Payen nous dévoilait les secrets d’une méthode révolutionnaire pour la reconstruction mammaire et la chirurgie esthétique. Une bioprothèse dénommée Matisse, visant à offrir une alternative aux techniques traditionnelles (prothèses en silicone, reconstructions par lambeau, ou lipoffiling) plus ou moins invasives et/ou impliquant des techniques chirurgicales longues. L’idée de Lattice Medical pour venir en aide (notamment) aux 22 000 patientes qui chaque année en France doivent subir une mastectomie à la suite d’un cancer du sein, a été de développer une bioprothèse imprimée dans un matériau résorbable.
Grâce à l’impression 3D et sa grande liberté géométrique, Lattice Medical a pu développer une prothèse qui puisse parfaitement s’adapter à la morphologie du site à reconstruire. Soit un dispositif en deux parties, avec un support tridimensionnel s’inspirant des propriétés 3D de la dentelle de Calais, et un dôme imprimé en 3D qui sert de guide à la croissance cellulaire. En s’appuyant sur un scanner ou une IRM de la patiente, la bioprothèse MATTISSE s’adapte parfaitement à la morphologie de la patiente. Une fois le dispositif implanté, un lambeau de graisse pédiculé et vascularisé est placé dedans. La croissance du tissu adipeux peut alors s’opérer jusqu’à remplir complètement la chambre tissulaire. Le caractère révolutionnaire de cette approche par apport à l’existant, est qu’une seule opération suffit et qu’elle permet une reconstruction naturelle en régénérant des tissus adipeux des patientes.
« Nous espérons apporter une alternative aux implants silicones et techniques actuelles pratiquées dans la reconstruction mammaire »
C’est donc après trois ans de travail acharné, que Lattice Medical va effectuer sa première reconstruction mammaire chez une patiente atteinte du cancer du sein. « C’est une première mondiale pour ce type de technologie, Made in France, totalement résorbable, imprimée en 3D, permettant une reconstruction mammaire naturelle, avec une chirurgie simple et unique. » Se réjouit Julien Payen, le co-fondateur de Lattice Medical. « Nous espérons apporter une alternative aux implants silicones et techniques actuelles pratiquées dans la reconstruction mammaire. Cette confirmation d’entrée en phase clinique vient valider le travail entrepri depuis 3 ans par la société qui a validé tous les pré-requis nécessaires et publié ces résultats dans trois revues scientidiques confirmant à la fois la performance du dispositif ainsi que son innocuité. »
Si la solution de Lattice Medical est aussi applicable à la chirurgie esthétique par augmentation mammaire, et pourrait donc potentiellement toucher les 60 000 femmes qui font une augmentation chaque année en France, sa première application concerne la reconstruction mammaire après cancer. Alors qu’1 femme sur 8 est aujourd’hui atteinte d’un cancer du sein, dans 40 % des cas la prise en charge est chirurgicale avec une mastectomie complète ou partielle. Seules 20 % d’entre-elles bénéficieront d’une reconstruction car les techniques actuelles présentent de nombreux inconvénients, et qu’elle sont coûteuses pour le système de soin ce qui limite le nombre de reconstruction chez la patiente.
En France, un autre start-up tirant elle aussi parti de l’impression 3D, se mobilise pour aider à la reconstruction mammaire. Il s’agit de Healshape, une biotech lyonnaise qui a inventé une bioprothèse mammaire réalisée à partir d’un hydrogel résorbable. Reposant sur la même idée de régénérer de manière naturelle le tissu du sein à partir des propres cellules de la patiente, une fois implantée celle-ci offre elle aussi l’avantage de pouvoir se résorber d’elle même et complètement. Ici en moins d’un an. Ce 4 juillet, la start-up française est parvenue à lever 6 millions d’euros qui lui permettront de soutenir son développement, en continuant notamment ses essais précliniques.